Sorti en 1978, le film Just A Gigolo fut un échec cuisant alors que tout semblait lui promettre un destin triomphal, comparable à celui de Cabaret de Bob Fosse.
Synopsis : de retour à Berlin à la fin de la Première Guerre mondiale, un jeune officier prussien se voit bientôt contraint par le contexte socio-économique de devenir gigolo auprès de femmes aussi esseulées que fortunées. Derrière la caméra, David Hemmings. Immortelle figure pop depuis son interprétation du photographe Thomas dans Blow Up d’Antonioni, l’acteur anglais s’est converti à la réalisation au début des années 1970 et signe ici son troisième long métrage. Devant la caméra : une autre immortelle figure pop, David Bowie, dans le rôle du protagoniste principal. Autour de lui, une belle brochette de vedettes, de Kim Novak à Curd Jürgens, en passant par Maria Schell, David Hemmings lui-même, Sydne Rome et, last but certainly not least, Marlene Dietrich – dans ce qui constitue son tout dernier rôle.
La présence de la Dietrich, véritable légende vivante (elle est alors âgée de près de 80 ans), constitue le principal argument promotionnel du film. Selon une rumeur persistante, il a fallu un cachet de 250 000 dollars pour la convaincre de sortir de sa retraite deux jours durant, temps nécessaire au tournage des scènes de son personnage, la baronne von Semering. Admirateur de l’actrice/chanteuse, David Bowie brûlait d’impatience à l’idée de la rencontrer : hélas pour lui, la rencontre n’eut lieu que sur l’écran, par la grâce trompeuse du montage, les scènes de Marlene ayant été tournées à Paris, loin du plateau principal, situé à Berlin.
Une désillusion équivalente attend le spectateur qui, alléché par un générique d’exception, finit par découvrir le film – dont existent plusieurs versions, de durées variables – et peine à le regarder jusqu’au bout, tellement l’ensemble, lesté par le poids de la superproduction internationale, manque de relief et de rythme (ici, les années folles s’apparentent plutôt à des années molles…). Flottant à l’écran avec une indifférence confinant à la transparence, Bowie sort indemne de ce ratage somptuaire, dont un seul moment mérite de rester dans les annales : celui où Marlene, à la fois spectrale et souveraine, interprète la chanson-titre du film avec une frissonnante justesse – apanage de l’éternelle jeunesse.