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Let’s Dance !

Publié le 14 avril 2015 — par Jérôme Soligny

— Let's Dance! (1983) - © DR

Avec Let’s Dance, en 1983, David Bowie passe du statut d’idole pour initiés à celui de star planétaire. Retour sur ces folles années 1980.

Du milieu des années 1960 à la fin des années 1970, David Bowie a développé son art et ses personnalités musicales (Major Tom, Ziggy Stardust, Aladdin Sane, Halloween Jack, le Thin White Duke) de manière spectaculaire mais sans pour autant vendre des disques à la tonne. Paradoxe : le fruit de son triptyque européen (c’est ainsi qu’il convient d’appeler la supposée trilogie berlinoise Low / « Heroes » / Lodger dont seul le deuxième album a été enregistré dans la ville allemande), qui a traumatisé les suiveurs les mieux inspirés, a d’abord été considéré comme un échec commercial.

Après un début de décennie discret — le contrecoup de l’assassinat de John Lennon, qui a incité certaines vedettes du rock à la jouer low profile — Bowie revient par la petite porte au tout début des 80’s en chantant un duo avec Queen (« Under Pressure ») puis en enregistrant cinq titres avec Tony Visconti pour Baal, un téléfilm d’après l’œuvre de Brecht. Mais c’est en 1983 qu’il frappe le plus fort et publie Let’s Dance, l’album ouvertement commercial de sa carrière.

— David Bowie - Never Let Me Down (Official Video)

Produit par Nile Rodgers et avec le trublion Stevie Ray Vaughan à la guitare outremer, le disque, dont la pochette le montre en boxeur, est un réservoir de tubes en puissance (parmi lesquels « China Girl », une relecture dorée sur tranche de la chanson d’Iggy Pop) qui va propulser le musicien anglais, alors résident suisse, sur les scènes du Serious Moonlight Tour. D’idole pour initiés, Bowie devient star planétaire. En 1985, il confirme ce succès colossal en foulant les planches du Live Aid à Wembley, mais Tonight et Never Let Me Down, ses deux autres albums de la décennie, séduiront beaucoup moins le grand public. En réalité, dans les années 80, il faut gratter le sable pour trouver des perles bowiennes : « This Is Not America », sa contribution à la BO de The Falcon And The Snowman, ou « Absolute Beginners », le thème principal du film de Julian Temple.

Parce qu’il est avant tout le musicien des turbulences, Bowie trouvera même le moyen, durant la seconde moitié de la décennie, d’opposer la démesure du Glass Spider Tour (sa tournée la plus proche d’une comédie musicale à ce jour) à l’anonymat, certes relatif, d’un groupe de gaillards rockers : Tin Machine. Car c’est bien dans la confrontation avec lui-même, dans l’opposition de styles appréhendés comme autant de couleurs sur sa palette de peintre funambule, que l’artiste Bowie a toujours trouvé la motivation pour aller de l’avant.