Au terme des années 1980, David Bowie se réinvente de la façon la plus inattendue qui soit. Au cœur de ce processus, la création de Tin Machine.
Artiste des contrastes, spécialiste du grand écart, sans filet de préférence, il a décidé, après avoir arpenté les scènes démesurées du Glass Spider Tour, de disparaître dans un groupe de rock présenté comme brut de décoffrage. Le temps de publier deux albums studio (Tin Machine et Tin Machine II) et d’enregistrer un live également paru en film de concert (Oy Vey, Baby), le musicien anglais s’est littéralement ressourcé au contact de trois collègues américains.
Tenue par les frères Sales, un bassiste et un batteur employés par Iggy Pop en 1977 pour défendre ses albums The Idiot et Lust For Life (produits par Bowie), la rythmique de Tin Machine était à la fois fougueuse et propice aux écarts de manche du guitariste Reeves Gabrels. Dans Tin Machine, ce dernier s’est montré particulièrement à l’aise pour décocher riffs épais et bribes de solos tortueux, au bénéfice d’un son compact, idéal pour mettre en valeur des compositions très souvent bonnes, dont l’évocation de certaines continue de faire vibrer David Bowie (« Under The God », « Heaven’s In Here », « I Can’t Read »). L’intermède ne dura que le temps du passage de la décennie à la suivante, mais redonna à Bowie le goût de l’expérimentation qui allait, une nouvelle fois, caractériser ses années 1990.