Dans l'exposition Musicanimale, l'œuvre performative d'Erik Nussbicker Le Cerf s'est muée en Cerf-Volant. Les os de l'animal, transformés en instruments de musique, sont exposés en suspension dans les airs, reliés les uns aux autres par des cordons colorés.
Le Cerf est une œuvre qui donne à entendre un large éventail sonore issu de ses structures osseuses et devenu un instrumentarium universel inspiré des premières lutheries de l’âge de pierre. De ces artéfacts résonnent jusqu’à nos oreilles les débuts de l’humanité. La crécelle produite à partir du maxillaire inférieur d’un équidé est encore en usage dans la culture andine et péruvienne. Des flûtes en os «canon» métacarpien remontent parfois à quarante mille ans. Au Tibet, au Japon, certaines trompes en os animaux ou humains font partie intégrante de cérémonies depuis l’aube de l’humanité. Minérale par essence, la matière osseuse a la capacité de conserver jusqu’à nos jours les fragments d’une intention audible inscrite dans le calcium pour l’éternité.
Du Cerf au Cerf-Volant.
À l’occasion de l'exposition Musicanimale, le titre original de l’œuvre performative Le Cerf fait place au Cerf-Volant. Sous cette forme, les instruments se trouvent en suspension, reliés les uns aux autres, à la fois mobiles et interdépendants. Un faisceau de cordons multicolores se substitue à la moelle épinière et coulisse par le canal médullaire de l’atlas, vertèbre support du crâne. Le faisceau se ramifie en vingt-huit terminaisons enluminées jusqu’aux restes des structures osseuses instrumentales.
Erik Nussbicker
Musicanimale. Le grand bestiaire sonore, Marie-Pauline Martin & Jean-Hubert Martin (dir.), Gallimard | Musée de la musique-Philharmonie de Paris, Paris, 2022