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Exposition Musicanimale : l'Envoyé spécial de Gloria Friedmann

Publié le 25 octobre 2022 — par Philharmonie de Paris

— Entretien avec Gloria Friedmann

Exposition Musicanimale : L’Envoyé spécial de Gloria Friedmann

Je m’intéresse beaucoup à la nature dans mon travail. Plutôt que de prendre des éléments humains, je préfère prendre des éléments de la nature, surtout des animaux, qui sont déjà des représentants de quelque chose qui, je pense, est en danger, quelque part. Cette sculpture est extrêmement classique : il y a le socle et la figure. La seule chose étrange ici, c’est que les deux sortent du même biotope : la forêt. Même les journaux du quotidien que nous lisons ou que nous avons dans la main tous les jours et que nous jetons le soir, avec des nouvelles qui nous concernent. Dans cette sculpture, j’essaye de dire : nous consommons tellement. Est-ce qu’on ne met pas en danger cet animal, et d’autres animaux ? Parce que lui n’est qu’un représentant, c’est juste un « envoyé spécial » qui transmet un message, et rien d’autre. Avec l’humanité qui grandit, qui coupe les bois d’Amazonie et d’autres bois, etc. et ça diminue... Soyons conscients. C’est tout. Ce cerf, qui est naturalisé, avec une vraie peau, etc., c’était un vrai animal. Dans cette exposition, ce qui m’a beaucoup surprise, c’est la vidéo derrière, avec un cerf vivant qui brame, et on a le son, et c’est une sorte de superposition, de proximité, de voisinage, qui m’a assez émerveillée.

Entretien : Tristan Duval-Cos
Réalisation et montage : Imaginé productions
© Cité de la musique - Philharmonie de Paris

Animal-roi de la forêt, le cerf devient dans l'œuvre de Gloria Friedmann un Envoyé spécial de la nature qui, du haut de son socle, défie le visiteur.

La tête levée, l'encolure tendue et le museau ouvert font croire qu'on va entendre le brame du cerf de Gloria Friedmann. Il devient l'Envoyé spécial de la planète qui, juché sur un amas de journaux avec leurs nouvelles à court terme, si neuves qu'elles n'ont plus cours le lendemain, lance le cri d'alarme de la destruction à long terme de la vie sur Terre.

Le brame, à la tonalité si gutturale qu'il sème l'effroi chez les humains, est un appel aux biches et à la procréation pour la survie de la race, entendu dans ce contexte comme un cri de détresse face à l'extinction des espèces animales. Les journaux et leurs monceau de mots aux informations si éphémères sont d'énormes consommateurs de bois qui sert à faire le papier. Ils représentent l'arbre qui cache la forêt nécessaire à la survie des cervidés. Comme des appels à la procréation, des chromos de cerf bramant décoraient autrefois souvent les chambres à coucher en Allemagne.

Jean-Hubert Martin

 


Musicanimale. Le grand bestiaire sonore, Marie-Pauline Martin & Jean-Hubert Martin (dir.), Gallimard | Musée de la musique-Philharmonie de Paris, Paris, 2022

 

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