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Exposition Musicanimale : entretien avec Marie-Pauline Martin & Jean-Hubert Martin

Publié le 03 octobre 2022 — par Tristan Duval-Cos

— Entretien avec Marie-Pauline Martin & Jean-Hubert Martin

Exposition Musicanimale – Entretien avec Marie-Pauline Martin & Jean-Hubert Martin

Marie-Pauline Martin, Co-commissaire de l’exposition : Le point de départ, c’était de travailler sur les sons du vivant. Donc travailler avec des bioacousticiens, des spécialistes de l’éthologie, du comportement sonore des animaux. Mais nous sommes à la Philharmonie, pas dans un musée d’histoire naturelle, donc d’emblée, l’enjeu discuté avec ces scientifiques, a été : les sons du vivant nous intéressent dès lors qu’ils ont fait émerger des imaginaires, qu’ils ont fait naître des œuvres, des œuvres musicales, mais aussi des œuvres visuelles.

Jean-Hubert Martin, Co-commissaire de l’exposition : Les deux phénomènes, l’art et la science, sont complètement complémentaires. Et ici, ils sont noyés en quelque sorte dans l’ensemble. C’est complètement fluide. Il n’y a pas d’étiquette qui vous dit : « Voilà un événement scientifique ou une œuvre artistique. » Et tout ça parce que les deux domaines partent de l’observation. C’est à la suite d’une observation attentive de l’existant, du réel, que les uns et les autres arrivent à élaborer des interprétations et des œuvres ou des constatations qui aboutissent à des phénomènes scientifiques.

Marie-Pauline Martin : On montre des œuvres du XVIIe et du XVIIIe, cette période très cartésienne où l’homme ne s’intéresse au vivant que pour y projeter des ambitions. On insiste beaucoup sur le XXe siècle, pour cette raison particulière que l’artiste - et l’homme - devient une espèce comme les autres.

Jean-Hubert Martin : Des études récentes ont montré combien les animaux sont beaucoup plus proches de nous que ce qu’on pensait. Pendant des siècles, on a fait une grande séparation entre la spécificité de l’homme par rapport aux animaux, qui n’étaient qu’instinct, alors qu’on sait maintenant qu’ils ont des capacités de création, et qu’ils ont aussi des comportements sociaux pas tellement loin des nôtres.

Marie-Pauline Martin : Il y a beaucoup de répertoires musicaux - musique classique, musiques actuelles, musiques traditionnelles - qu’on va découvrir au casque. Mais l’immersion dans un espace naturel, et donc transformer l’espace d’exposition en lieu vivant, était un peu une des gageures de ce projet. Et pour nous, à la Philharmonie, c’était aussi une manière d’introduire dans la programmation une nouvelle forme de musique : la bioacoustique. À côté des grands répertoires symphoniques joués sur scène ou des grands noms des musiques actuelles, petit à petit, depuis 3 ou 4 ans, avec le travail fait sur Pierre Henry ou sur l’imaginaire des oiseaux, effectivement, la bioacoustique, - les sons du vivant appréhendés dans une visée artistique - prend sa place dans la programmation. Le donner à entendre de manière immersive dans l’exposition, a été une manière de réaliser ce pari de découvertes.

Jean-Hubert Martin : La caractéristique de cette exposition est de plonger le visiteur dans toutes sortes de sons, sans que ça devienne quelque chose de chaotique.

Marie-Pauline Martin : L’Abécédaire, c’est le lieu d’inscription des premiers savoirs. En termes d’intelligibilité du discours, c’était utile. Et ensuite, l’Abécédaire a servi aussi une envie d’aborder le plus sérieusement possible cette thématique qui est explorée sur une géographie immense, et sur une temporalité très large, de l’Antiquité à nos jours. C’est un espace-temps extrêmement large, qui explore l’ensemble de la faune, qu’elle soit sous-marine, terrestre ou aérienne. Dans cet océan des possibles, on n’a pas souhaité être trop généraliste par l’approche de problématiques qui créeraient des amalgames sans doute entre des espèces, des créativités artistiques. Et en arrière-plan, il y avait aussi cet imaginaire du cabinet de curiosités, entre exploration des espèces, ambitions proprement humaines, intérêt strictement scientifique. Et ça s’est très vite imposé comme le parcours adapté à notre projet que de suivre l’Abécédaire.

Entretien : Tristan Duval-Cos
Réalisation et montage : Imaginé productions
© Cité de la musique – Philharmonie de Paris

L’exposition Musicanimale tend l’oreille vers le vivant : vocalises d’oiseaux, stridulations d’insectes, chants mélodiques de baleines, hurlements chorals de loups…

Tout en montrant l’influence extraordinaire des voix animales dans l’histoire de l’art et de la musique, le parcours de l'dxposition questionne le devenir de la biodiversité et la disparition d’un patrimoine sonore en danger. Ouvert par un grand Concert d’oiseaux, le parcours dessine un abécédaire réjouissant pour les petits et les grands. Entre imagier vagabond et cabinet de curiosité, chaque lettre fait référence au règne animal (Coq, Insectes, Loup…) ou à des objets emblématiques (Appeaux, Coucous, Sonnailles…). Chefs-d'œuvre de l’histoire de l’art côtoient installations immersives et commandes à de grands artistes, comme Bernie Krause et Tomás Saraceno. Enfin, plusieurs immersions plongent le visiteur dans des écosystèmes saisissants, des fonds marins habités par le chant des baleines à bosse aux nuits bruissantes du Kenya.


Musicanimale. Le grand bestiaire sonore, Marie-Pauline Martin & Jean-Hubert Martin (dir.), Gallimard | Musée de la musique-Philharmonie de Paris, Paris, 2022

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Tristan Duval-Cos

Responsable des colloques & conférences à la Philharmonie de Paris

  • Entretien mené par Tristan Duval-Cos
  • Réalisation et montage : Imaginé productions
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris