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Les Clés du classique #37 - La Symphonie n° 41 « Jupiter » de Mozart

Publié le 12 octobre 2023 — par Charlotte Landru-Chandès

La Symphonie « Jupiter » de Mozart, l’une des plus abouties, est aussi sa dernière. Composée dans un contexte douloureux, elle n’en est pas moins une œuvre héroïque.

La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits de la Symphonie n°41 «Jupiter» de Mozart sont interprétés par l’Orchestre de Paris dirigé par Klaus Mäkelä. Concert enregistré à la Philharmonie de Paris le 10 février 2022.

Retrouvez l’intégralité de ce concert sur Philharmonie à la demande.


Vienne, juin 1788. Depuis six mois, une petite fille, Thérèse, a fait son entrée dans la famille Mozart. L’accouchement a été difficile pour la mère, Constance, et les dépenses en médecin et en apothicaire ont été coûteuses. La situation est délicate, d’autant plus qu’à force d’emprunts, Wolfgang croule sous les dettes.

Le 17 juin, la famille Mozart emménage dans un quartier excentré, où les loyers sont plus abordables. Cela fait déjà sept ans que Mozart s’est installé à Vienne, et sa réputation n’est plus à faire. Pourtant, les Viennois commencent peu à peu à se désintéresser de sa musique. Les malheurs s’accumulent et fin juin, la petite Thérèse décède. En cinq ans, c’est le troisième enfant que les Mozart perdent.

Malgré les sombres évènements, Mozart ne cesse de travailler. Il compose entre autres le Trio en mi majeur, la Sonate pour piano n°16 dite «Facile», et au début de l’été 1788, dans sa fièvre créatrice, il écrit coup sur coup trois symphonies, dont la Symphonie «Jupiter». Le 10 août, il en pose le point final. La Jupiter sera la dernière symphonie du compositeur.

41 symphonies, et c’est sans compter les œuvres de jeunesse… Car en réalité, Mozart aurait laissé 55 symphonies. Les 40e et 41e peuvent être mises en miroir. Si la première nous fait entendre des accents tragiques et désespérés, la Jupiter, au contraire, se veut lumineuse et triomphante. Son surnom, «Jupiter», n’est pas de Mozart et ne fait pas non plus écho aux dieux romains. C’est un titre posthume, qui aurait été trouvé par l'organisateur de concerts et violoniste Johann Peter Salomon.

Dans cette symphonie, en quatre mouvements, on retrouve le génie de Mozart et son attrait pour l’opéra. Quand il la compose, il vient de créer Les Noces de Figaro (1786) et Don Giovanni (1787). Le premier mouvement s’ouvre avec fierté et majesté. Riche en contrastes, il présente un caractère dramatique. Trois thèmes se succèdent, l’un brillant, l’autre chantant et le troisième de caractère populaire.

L’opéra n’est jamais loin dans l’œuvre de Mozart, le troisième thème reprend en fait «Un bacio di mano», l’air d’un opera buffa composé trois mois plus tôt pour Francesco Albertarelli, le créateur du rôle de Don Giovanni. Le deuxième mouvement, en fa majeur, tranche avec la vigueur du premier. De caractère intime, il suggère un doux rêve, parfois empreint de mélancolie.

La troisième partie, un menuet, est un mouvement de danse. De manière générale, le menuet est écrit à trois temps et se divise souvent en trois parties, un thème avec reprise, un trio central dans une tonalité différente, et un retour du thème, avec parfois une coda. Plein d'entrain, le menuet de la Jupiter semble déjà annoncer le finale. 

C’est surtout pour son finale que la Symphonie «Jupiter» est connue. Écrit sous la forme d’un fugato, c’est-à-dire dans le genre d’une fugue, il frappe par sa complexité et son caractère brillant. À lui seul, ce finale pourrait justifier le surnom attribué à la Symphonie «Jupiter». Cette dernière se démarque aussi par sa longueur, environ 40 minutes, ce qui est très long pour une symphonie au XVIIIe siècle!

On ignore exactement quand les trois ultimes symphonies de Mozart ont été créées. Quoiqu’il en soit, il est probable qu’elles n’aient pas été entendues par le compositeur, qui s’éteint trois ans après leur achèvement.

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
  • Réalisé par Taïssia Froidure
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris