La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.
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Les extraits de la Neuvième Symphonie sont interprétés par le London Symphony Orchestra et le Monteverdi Choir sous la direction de Sir John Eliot Gardiner. Concert enregistré à la Salle Pleyel le 31 janvier 2010.
Retrouvez le concert sur Philharmonie à la demande.
Pendant longtemps, Beethoven est hanté par l’idée de composer une symphonie avec chœur.
Quand il se lance dans l’écriture de la Neuvième, dans les années 1820, cela fait déjà 30 ans qu’il réfléchit à une œuvre d’une telle envergure.
Dans sa jeunesse, Beethoven se passionne pour Goethe et Schiller. Dès 1792, il envisage d’adapter en musique le poème de ce dernier, An die Freude, autrement dit « À la joie ». Il pense d’abord en faire un lied, mais le texte est trop long.
À l’époque, le compositeur a 22 ans et n’a pas encore livré d’œuvres majeures.
Un peu plus tard, en 1807, Beethoven hésite à clore sa Symphonie « Pastorale » par un chœur religieux, mais il y renonce.
Il franchit le cap en 1808, et introduit pour la première fois des chœurs dans l’une de ses pièces orchestrales, la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre. Dans cette œuvre, considérée comme une préfiguration de la Neuvième, on devine le futur thème de l’Ode à la joie ; un thème qui va hanter Beethoven jusqu’à la composition de sa symphonie.
Les premières esquisses de la Neuvième Symphonie datent des années 1817-1818. Ce n’est finalement qu’en 1822 que Beethoven se lance véritablement dans l’écriture de l’œuvre.
La composition est d’ailleurs quasi contemporaine de celle de la Missa solemnis. Une fois cette dernière achevée, Beethoven est en mesure de se consacrer à sa symphonie.
Toutes ses idées, mûries pendant des années, peuvent enfin s’assembler. Le poème de Schiller, le thème de l’Hymne à la joie, l’idée d’une symphonie avec chœur… tout est là.
Un peu déçu de l’accueil réservé par le public viennois à ses dernières œuvres, Beethoven envisage de créer sa Missa solemnis et sa Symphonie n° 9 à Berlin.
Beaucoup de ses admirateurs le pressent alors de n’en rien faire. Beethoven se ravise et, le jour de la création, le 7 mai 1824, l’œuvre triomphe à Vienne.
On raconte une belle histoire à propos de cette création : alors que le finale vient de se terminer, Beethoven, sourd, croit qu’il reste encore quelques mesures et tourne toujours le dos au public, sans s’apercevoir de l’ovation qu’on lui réserve. C’est la chanteuse Caroline Unger qui le retourne et lui révèle une foule des plus enthousiastes !
La Neuvième Symphonie de Beethoven est une œuvre assez exceptionnelle : elle est la plus longue de son auteur, et ce dernier réalise un tour de force en introduisant des voix dans le finale.
L'œuvre se découpe en quatre mouvements, que Beethoven développe à l’extrême.
Le premier mouvement, un Allegro sombre et puissant, instaure d’emblée un climat dramatique.
Suit un Molto vivace, un scherzo en deux parties, l’une vive et énergique, l’autre aux allures paisibles et pastorales. Habituellement dans une symphonie, le scherzo figure en troisième position. Il est ici en deuxième et se caractérise par sa longueur.
Vient ensuite un Adagio, un mouvement lent, véritable moment d’apaisement avant le célèbre finale, remarquable par sa durée, environ vingt-cinq minutes de musique, ce qui correspond quasiment à l’intégralité de la Huitième Symphonie !
Ce quatrième mouvement se subdivise lui-même en quatre sections : une exposition instrumentale (qui s’ouvre par une violente fanfare, que Wagner appelait la « fanfare de l’effroi »), une exposition vocale avec une reprise variée du thème de l’Ode à la joie, un adagio sur le thème de la fraternité, et une vertigineuse coda. Beethoven retient trente-six vers sur la centaine du poème de Schiller.
Par sa forme monumentale, totale, ce dernier mouvement peut rappeler le finale de Fidelio, l’unique opéra de Beethoven, où le chœur chante les louanges de l’amour et de la fraternité.
La Neuvième Symphonie sera la dernière de son auteur, qui vivra encore trois années après sa création.