La série Les Clés du classique vous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.
Écouter ce podcast sur Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts ou Spotify.
Les extraits de la Symphonie « Militaire » sont interprétés par Les Musiciens du Louvre-Grenoble sous la direction de Marc Minkowski. Concert enregistré à la Cité de la musique le 1er octobre 2006.
Retrouvez le concert sur Philharmonie à la demande.
Ces voyages à Londres prennent une place importante dans la deuxième partie de la vie de Haydn. Auparavant, il n’avait quasiment jamais quitté l’Autriche ni la cour du prince Esterházy, dont il était maître de chapelle. C’est d’ailleurs à lui qu’il doit sa célébrité. C’est sous son service qu’il compose la plus grande partie de ses œuvres, opéras, symphonies et pièces de musique de chambre. En septembre 1790, le prince Esterházy meurt et Haydn retrouve sa liberté. Son premier voyage à Londres a lieu dès 1791. Dans la capitale britannique on attend sa venue avec impatience, depuis au moins 1783 !
À Londres, Haydn est une vraie star : l’université d’Oxford lui décerne le titre de docteur honoris causa, la presse ne cesse de l’honorer et il est même reçu par la famille royale ! Le compositeur est étonné de sa notoriété, il ne s’attendait pas à cela ! À cette époque, Londres n’est que musique : chaque soir de la semaine, un concert et un opéra sont programmés ! La vie de Haydn change du tout au tout : après des années de quasi-solitude, le voilà maintenant qui enchaîne les réceptions !
Haydn va faire plusieurs séjours à Londres et y composer douze symphonies. Les six dernières, de la n° 99 à la n° 104, datent de son second séjour, de février 1794 à août 1795. La Symphonie « Militaire » appartient à cette période. Parmi ses autres grandes symphonies londoniennes, on peut aussi citer : L’horloge, Roulement de timbales et Le miracle. Haydn entreprend la composition de la Symphonie « Militaire » à Vienne en 1793, période où il commence à donner des cours au jeune Ludwig van Beethoven. L’œuvre débute de manière originale, par une introduction calme et élégante, un procédé qui peut rappeler la Symphonie n° 94, surnommée « La Surprise », composée dans la même tonalité de sol majeur. S’ensuit le thème principal du premier mouvement, enthousiaste et affirmé.
C’est le deuxième mouvement, un Allegretto en ut majeur, qui donne à la symphonie son surnom de « militaire », un clin d’œil à ce que l’on appelle la percussion turque (triangle, cymbale, grosse caisse) qui intervient dans la section mineur du deuxième mouvement. Ce dernier retentit fortement dans l’esprit du public : nous sommes à Londres, en 1794, en pleine guerre contre la France révolutionnaire.
Après un menuet enjoué, on retrouve un caractère martial dans le finale, noté Presto. La percussion turque fait son retour dans une éclatante conclusion.
Le 31 mars 1794, jour de sa création, la symphonie fait fureur. Elle est acclamée par le public londonien. Elle est d’ailleurs, sans doute, le plus grand succès des deux séjours londoniens du compositeur. Dans le Morning Chronicle du 9 avril, on peut lire : « Encore ! Encore ! entendait-on de chaque siège. Les dames elles-mêmes ne pouvaient se retenir. »