Sous le mandat de John F. Kennedy, la musique joue un rôle majeur dans la communication présidentielle. Ses successeurs accentuent cette tendance, ainsi Richard Nixon, mélomane et pianiste.
Les Kennedy et la popular music
John F. Kennedy était loin d’être un mélomane. Sa culture musicale était très limitée et son oreille si peu exercée que, lors des concerts de musique classique, sa secrétaire lui indiquait discrètement le moment où il fallait applaudir. Il aimait cependant écouter « Hail to the chief » (Salut au chef) l’hymne présidentiel que jouait traditionnellement le United States Marine Band. Son amitié avec Dean Martin, Sammy Davis, Jr. et surtout Frank Sinatra le portait davantage vers la musique populaire. Une de ses chansons préférées était « Blue Skies » chantée par le célèbre roi des crooners.
Sinatra avait soutenu sa candidature lors de l’élection de 1960 en réenregistrant « High Hopes » avec de nouvelles paroles adaptées à la circonstance. Kennedy aimait aussi le jazz. En 1962, il fut le premier président à inviter à la Maison Blanche un ensemble de jazz (le Paul Winter Sextet). Jackie Kennedy avait rapporté, dans un entretien réalisé après l’assassinat de son mari, que le couple aimait écouter le soir la fin de la comédie musicale Camelot et que désormais « il n'y aura [it] jamais d'autre Camelot ». Cette déclaration au sujet d’un simple extrait de comédie musicale contribua à nourrir le « mythe Kennedy » en faisant de la Maison Blanche un « Camelot des temps modernes » avec à sa tête un président des États-Unis irremplaçable qui avait l’envergure du légendaire roi Arthur.
C’est surtout grâce à l’action de Jackie Kennedy que la Maison Blanche devint un haut lieu musical. Elle souhaitait que la musique soit présente dans toutes les cérémonies et réceptions et que la résidence présidentielle accueille les plus grands artistes et les plus prestigieuses formations de l’époque. Pablo Casals, Igor Stravinski, Leonard Bernstein, le Metropolitan Opera Studio, le Jerome Robbins Ballet, le New York City Center Light Opera Company, entre autres, comptèrent parmi les hôtes de marque.
Nixon le mélomane
À la différence de John Kennedy, Richard Nixon était un passionné de musique classique et aimait jouer au piano ses propres compositions. Il appréciait particulièrement Tchaïkovski, mais avait aussi un faible pour les musiques plus accessibles comme les comédies musicales (Carousel, Oklahoma! et Le Roi et Moi) ou les musiques de film (Autant en emporte le vent, La Mélodie du bonheur). Il avait déclaré que sa musique préférée était celle composée par Richard Rodgers pour la très populaire série télévisée Victory at Sea (Victoire en mer) sur les batailles navales de la Seconde Guerre mondiale.
Nixon avait une belle collection de disques et de cassettes. Il avait fait installer dans les appartements privés de la Maison Blanche une chaîne HI-FI haut de gamme et aimait montrer à ses invités toutes les possibilités audio « comme un enfant avec un nouveau jouet ». Il n’appréciait guère le jazz, mais fut le premier président à accorder la plus haute distinction civile du pays à un jazzman. Elle fut décernée à Duke Ellington, le 29 avril 1969, lors d’une cérémonie donnée pour son soixante-dixième anniversaire.