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Songs of America #2 - Kennedy vs Nixon

Publié le 08 décembre 2020 — par Max Noubel

— Frank Sinatra et John F. Kennedy à Las Vegas pendant la campagne présidentielle de février 1960. - © Everett Collection / Bridgeman Images

Sous le mandat de John F. Kennedy, la musique joue un rôle majeur dans la communication présidentielle. Ses successeurs accentuent cette tendance, ainsi Richard Nixon, mélomane et pianiste.

— « High Hopes » : Frank Sinatra soutient en chanson la candidature de John F. Kennedy à l’élection présidentielle de 1960

Les Kennedy et la popular music

John F. Kennedy était loin d’être un mélomane. Sa culture musicale était très limitée et son oreille si peu exercée que, lors des concerts de musique classique, sa secrétaire lui indiquait discrètement le moment où il fallait applaudir. Il aimait cependant écouter « Hail to the chief » (Salut au chef) l’hymne présidentiel que jouait traditionnellement le United States Marine Band. Son amitié avec Dean Martin, Sammy Davis, Jr. et surtout Frank Sinatra le portait davantage vers la musique populaire. Une de ses chansons préférées était « Blue Skies » chantée par le célèbre roi des crooners.

— « Blue Skies » par Frank Sinatra

Sinatra avait soutenu sa candidature lors de l’élection de 1960 en réenregistrant « High Hopes » avec de nouvelles paroles adaptées à la circonstance. Kennedy aimait aussi le jazz. En 1962, il fut le premier président à inviter à la Maison Blanche un ensemble de jazz (le Paul Winter Sextet). Jackie Kennedy avait rapporté, dans un entretien réalisé après l’assassinat de son mari, que le couple aimait écouter le soir la fin de la comédie musicale Camelot et que désormais « il n'y aura [it] jamais d'autre Camelot ». Cette déclaration au sujet d’un simple extrait de comédie musicale contribua à nourrir le « mythe Kennedy » en faisant de la Maison Blanche un « Camelot des temps modernes » avec à sa tête un président des États-Unis irremplaçable qui avait l’envergure du légendaire roi Arthur.

— Discours de John F. Kennedy lors d’un concert en plein air à la Maison Blanche (6 août 1962)

C’est surtout grâce à l’action de Jackie Kennedy que la Maison Blanche devint un haut lieu musical. Elle souhaitait que la musique soit présente dans toutes les cérémonies et réceptions et que la résidence présidentielle accueille les plus grands artistes et les plus prestigieuses formations de l’époque. Pablo Casals, Igor Stravinski, Leonard Bernstein, le Metropolitan Opera Studio, le Jerome Robbins Ballet, le New York City Center Light Opera Company, entre autres, comptèrent parmi les hôtes de marque.

Nixon le mélomane

— Richard Nixon accompagne au piano l’animateur Jack Benny en 1959

À la différence de John Kennedy, Richard Nixon était un passionné de musique classique et aimait jouer au piano ses propres compositions. Il appréciait particulièrement Tchaïkovski, mais avait aussi un faible pour les musiques plus accessibles comme les comédies musicales (Carousel, Oklahoma! et Le Roi et Moi) ou les musiques de film (Autant en emporte le vent, La Mélodie du bonheur). Il avait déclaré que sa musique préférée était celle composée par Richard Rodgers pour la très populaire série télévisée Victory at Sea (Victoire en mer) sur les batailles navales de la Seconde Guerre mondiale.

— La chanteuse Pearl Bailey convainc le président Richard Nixon de l’accompagner au piano, lors d’une cérémonie à la Maison Blanche (9 mars 1974)

Nixon avait une belle collection de disques et de cassettes. Il avait fait installer dans les appartements privés de la Maison Blanche une chaîne HI-FI haut de gamme et aimait montrer à ses invités toutes les possibilités audio « comme un enfant avec un nouveau jouet ». Il n’appréciait guère le jazz, mais fut le premier président à accorder la plus haute distinction civile du pays à un jazzman. Elle fut décernée à Duke Ellington, le 29 avril 1969, lors d’une cérémonie donnée pour son soixante-dixième anniversaire.

— Une soirée à la Maison Blanche avec Duke Ellington (29 avril 1969)
Max Noubel

Max Noubel est maître de conférences en musicologie à l’Université Bourgogne Franche-Comté et chercheur au Centre de Recherches sur les Arts et le Langage (CRAL). Ses travaux portent sur les musiques des XXe et XXIe siècles et, plus particulièrement, sur celles des États-Unis.