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Songs of America #3 - Barack Obama, du swing et du groove

Publié le 16 décembre 2020 — par Max Noubel

— Robert De Niro, Bruce Springsteen et Barack Obama à la Maison Blanche le 6 décembre 2009 - © Everett Collection / © The White House / Bridgeman Images

Au cours de ses deux mandats présidentiels, Barack Obama a donné un nouvel élan aux événements musicaux organisés à la Maison Blanche en jouant sur la diversité des genres et des interprètes.

— Bruce Springsteen lors de la campagne électorale de Barack Obama (2012)

 Le président et son épouse Michelle ont accueilli des centaines d’invités prestigieux au cours de soirées mémorables à la Maison Blanche. Moins attaché au prestige de la musique classique, Barack Obama affiche une nette préférence pour les grandes figures de la pop, du rock, du R&B, du blues et même du hip-hop. Il est un authentique amateur de musique qui n’hésite pas aujourd’hui à publier sur Tweeter les playlists de son iPhone pour faire partager ses coups de cœur musicaux très éclectiques à ses followers. Il n’en est pas moins un fin stratège de la communication qui a su utiliser la musique pour façonner son image, celle d’un président qui swingue et qui groove en harmonie avec le peuple américain.

Une des particularités d’Obama a été de s’impliquer dans la programmation musicale de « In Performance at the White House », une série d’événements musicaux amorcée en 1978 et retransmise à travers le pays par le réseau de télévision public PBS. Dans la continuité de George W. Bush qui, en 2001, avait déclaré le mois de juin « mois de la musique noire », Obama a invité de nombreux artistes de couleur avec le souci de donner plus de visibilité à la diversité, tout en contribuant à la lutte contre les discriminations raciales. En 2014, il a organisé une grande soirée des Droits civiques à laquelle ont participé, entre autres, Yolanda Adams, Joan Baez, Natalie Cole, Bob Dylan, Jennifer Hudson, les Blind Boys of Alabama, le Howard University Choir et les Freedom Singers.

— Barack Obama présente la soirée sur le mouvement des Droits civiques à la Maison Blanche

 Autre événement marquant, la soirée consacrée à la comédie musicale Hamilton (2015), composée et écrite par Lin-Manuel Miranda, qui a pour sujet la vie du père fondateur des États-Unis d’Amérique Alexander Hamilton. Cette représentation a été précieuse pour Obama de par sa valeur fédératrice et éducative (il a même souhaité que tous les écoliers américains puissent la voir), mais aussi parce qu’elle s’inspire largement du hip-hop et du R&B et qu'elle a recours à des acteurs noirs pour représenter les pères fondateurs.

— Barack Obama accueille les artistes de la comédie musicale Hamilton à la Maison Blanche

Barack et Michelle Obama ont manifestement pris un réel plaisir à ces soirées musicales souvent très festives. S’il n’a pas les dons de saxophoniste de Bill Clinton, le président Obama n’a pas hésité à chanter avec les musiciens, comme lors de la soirée blues particulièrement joyeuse qui a réuni, en 2012, B. B. King, Buddy Guy, Mick Jagger et Jeff Beck.

— Barack Obama chante « Sweet Home Chicago » aux côtés de B. B. King, Buddy Guy, Mick Jagger et Jeff Beck

 Barack Obama a rendu un hommage national à Diana Ross, Bob Dylan et Bruce Springsteen en leur décernant la prestigieuse médaille présidentielle de la Liberté. Springsteen, qui avait soutenu Obama pendant la campagne électorale présidentielle et lui avait même composé pour l’occasion une « chanson de campagne », a eu le privilège de faire partie des artistes ayant donné un concert privé (financé personnellement par les Obama) à la Maison Blanche. Au cours de la soirée, le « Boss » a interprété 15 de ses chansons dont l’incontournable « Born in the U.S.A. », un tube que les hommes politiques américains, aussi bien démocrates que républicains, ont souvent récupéré pour leur propre compte.

— Bruce Springsteen reçoit la médaille de la Liberté
Max Noubel

Max Noubel est maître de conférences en musicologie à l’Université Bourgogne Franche-Comté et chercheur au Centre de Recherches sur les Arts et le Langage (CRAL). Ses travaux portent sur les musiques des XXe et XXIe siècles et, plus particulièrement, sur celles des États-Unis.