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Cartes postales d’Orient – épisode 3, Tunis

A Tunis, Jules et son père découvrent un air traditionnel arabe, la Lungha Nahawand.

— Cartes Postales d'Orient - Épisode 3 - Tunis

Titre : Cartes postales d’Orient

Tunis, le 2 avril 1903. Maman, tu ne devineras jamais d'où je t'écris. Avec papa, nous sommes dans un café de la vieille ville de Tunis, où cinq musiciens donnent un concert épatant. Mais en dehors du violon, je ne connais aucun des autres instruments.

Il y a un Riq, un tambourin arabe, un Oud, une sorte de grosse guitare avec un manche court, une Derbouka, qui est un petit tambour, et un Qanûn qui ressemble à une petite harpe qu'on joue sur ses genoux.

Nous nous sommes retrouvés ici après une drôle d'histoire. Arrivé ce matin en ville, papa devait signer avec des militaires un contrat pour leur vendre des montgolfières. Comme je toussais beaucoup, un capitaine a suggéré que j’aille voir un... toubib. Tu sais ce que c'est un toubib ? C'est comme ça qu'on dit docteur en arabe. Ici, les gens mélangent beaucoup le français et l'arabe. J'ai appris plein de mots nouveaux comme ça, pour dire en chien, par exemple, ils disent en clebs. Pour le café, ils disent caoua. Et quand ils sont en colère, ils disent qu'ils ont le seum. Tu te rends compte ? C'est un peu comme les musiques dont parle papa. Nos compositeurs ont mélangé des mélodies arabes à leurs compositions. Eh bien, ici, on mélange des mots arabes à la langue française.

Après la signature du contrat, on nous a envoyé chez un très bon docteur qui soigne autant les Français que les Tunisiens. Dans la salle d'attente d'ailleurs, il y avait un paysan avec un mouton. Le docteur avait réussi à soigner la petite fille du paysan. Eh bien, pour le remercier, le monsieur est descendu de sa montagne pour lui offrir un mouton. Un vrai mouton vivant ! Je me demande si le docteur va le manger ou le garder pour en récupérer la laine.

Le médecin était très gentil. Il m'a donné un sirop à base de fleur d'oranger. Puis il a entendu que papa sifflotait, alors il lui a demandé s'il aimait la musique. Papa a dit oui. Le docteur nous a donc invités à le retrouver après sa journée de travail. En ce moment, nous a-t-il dit, un extraordinaire musicien se produit dans un café de la vieille ville. Il vient d'Istanbul et joue du Qanûn, ce très bel instrument qu'on entend peu ici, en Tunisie. Nous l'avons donc suivi à la nuit tombante, dans les ruelles étroites de la médina.

En marchant, nous sommes tombés sur un groupe d'enfants qui criaient. Ils jouaient avec un oiseau magnifique que je n'avais jamais vu : un paon. Ici, il y a beaucoup de paons. On en a même vu un en mosaïque, au-dessus de la porte d'un riche marchand.

Nous sommes ensuite arrivés au café où les gens ont été très gentils avec nous. On s'est assis par terre sur des coussins et on nous a servi de la viande de mouton. Mais je n'ai pas très faim... J'ai l'impression que c'est le même mouton qu’on a offert ce matin au docteur. En revanche, je bois du thé chaud en mangeant de délicieux gâteaux au miel. Et je sens déjà que je vais mieux.

Maman, j'aimerais tellement que tu sois avec nous. Je vais essayer de me souvenir d'une mélodie pour te la chanter à mon retour. Je t'embrasse fort, ton petit Jules qui t’aime très fort.

Notre histoire se déroule en 1903, un siècle après le sacre de Napoléon 22 ans après l'instauration d'un protectorat français en Tunisie et onze ans avant la Première Guerre mondiale. La Tunisie restera sous domination française jusqu'en 1956, date de son indépendance.

Dans cet épisode, nos personnages découvrent un air de musique traditionnelle arabe. La Lungha Nahawand. C'est un air de fête, vraisemblablement originaire de Turquie, qui aurait ensuite voyagé tout autour de la Méditerranée.

Avec son père, vendeur de Montgolfières, Jules part en voyage en Orient. De Paris à Bombay, en passant par Alger, Tunis et le désert du Sahara, il écrit à sa mère restée en France des cartes postales dans lesquelles il raconte ses aventures.

Dans ce troisième épisode, Jules et son père sont à Tunis. Jules est malade et doit aller consulter le médecin, une occasion pour lui de découvrir des mots arabes : le toubib, le caoua, un clebs… Des mots utilisés aujourd’hui familièrement ! Le médecin invite Jules et son père dans un café de la vieille ville pour écouter un formidable musicien qui joue d’un instrument rare en Tunisie : le Qanûn. Après un festin de spécialités tunisiennes, ils se régalent de pâtisseries au miel en buvant du thé et en écoutant cet air traditionnel arabe enjoué et festif, la Lungha Nahawand.

Ecoute dans cet épisode cet air traditionnel interprété par les musiciens de l’Orchestre Divertimento, dirigé par Zahia Ziouani.

Zahia Ziouani nous parle de la Lungha Nahawand que l’on peut ensuite regarder et écouter en entier, à l’occasion d’un concert à la Philharmonie de Paris en juin 2022 par l’Orchestre Divertimento.

— Zahia Ziouani - Entretien à propos de Tunis - carte postale d'Orient

La Lungha Nahawand, c'est une pièce à caractère instrumental traditionnel de Turquie, c'est une forme qui est apparue au XIXᵉ siècle et qui est plutôt d'une nature assez vive. Alors, comme parfois dans les musiques traditionnelles, on a aussi des moments d'improvisation. Et pour pouvoir retrouver les sonorités que l'on retrouve dans l'Orient et particulièrement en Turquie, on a décidé d'inviter aussi des instrumentistes qui jouent des instruments traditionnels à rejoindre l'orchestre symphonique Divertimento. Et donc, on va retrouver un violoniste, un oud, qui est un luth oriental Le oud on va le retrouver sous des formes assez différentes parfois en Syrie, en Afrique du Nord, en Égypte... Il y a deux instruments de percussions traditionnelles le riq, un tambourin traditionnel, la derbouka, qui est un instrument aussi que l'on connaît beaucoup dans les musiques du monde arabe. Et le Qanûn, qui est un instrument traditionnel également qu'on retrouve beaucoup en Irak, en Syrie... et qui est un instrument, en fait, qui est une harpe sur table, tout simplement, Et donc chaque note est constituée de trois cordes et en fonction, un peu comme pour le piano, on va soit jouer avec une corde ou les trois en fonction de la tonalité qu'on veut donner, de la couleur, de l'expressivité, de la musique. Et puis avec des petites chevilles que l'instrumentiste va bouger pour pouvoir aussi changer la sonorité de la corde, comme ce que fait la grande harpe de concert avec les pieds où on va changer la tension de la corde, ce qui va permettre de pouvoir rajouter un demi ton ou enlever un demi ton. Le principe des dièses et des bémols. C'est un instrument qui est assez complexe à jouer. Et c'est un instrument qui est très, très beau, qui se complète bien avec les autres instruments traditionnels et les sons de l'orchestre. Et donc c'est l'exemple, justement, des musiques traditionnelles que nous aimons bien orchestrer pour pouvoir les présenter sous leur forme la plus authentique et montrer aussi les musiques qui ont inspiré les grands compositeurs de l’orchestre.

Une coproduction BayaM, Philharmonie des enfants et Oléo films en partenariat avec l’Orchestre Divertimento.

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