Le Mahler Chamber Orchestra dirigé par Elim Cham, dans un programme contrasté où deux pièces maîtresses de Beethoven répondent à la palette orchestrale séduisante de Peter Eötvös.

En 1971, lors d'un vol au-dessus de l'Alaska, Peter Eötvös vécut une expérience unique : l'apparition soudaine d'une aurore boréale. Dans Aurora, il tenta de retranscrire le sentiment exaltant de faire corps avec le cosmos. Le Quatrième Concerto pour piano de Beethoven signe la réunion d'Elim Cham et de Maria João Pires, qui entretient avec les concertos de Beethoven un rapport sensible d’une grande poésie. Universellement célébrée, la Cinquième Symphonie semble tout à la fois l’autoportrait éternellement vibrant de Beethoven et le symbole même de la symphonie classico-romantique. Célébrissime, la Cinquième l’est essentiellement pour son motif initial de quatre notes, ses fameuses trois brèves suivies d’une longue. « Le destin frappe à la porte », aurait dit Beethoven; mais c’était la réponse désinvolte du maître à une question un peu naïve de son ami Schindler. Un motif du destin, vraiment ? Ne serait-ce pas plutôt un motif suprêmement emblématique de la volonté, et contre le destin ?