Composée en 1709, créée au Carnaval de Venise, Agrippina doit en grande partie sa notoriété à son ton. Décrit comme une comédie satirique antihéroïque, le livret de Vincenzo Grimani est émaillé de multiples allusions à la vie politique italienne de l’époque, et notamment aux complots et rivalités diverses qui animent alors le Vatican. Loin des discours moralisateurs en vogue dans l’opéra séria, Agrippina est au contraire tissée d’ironie, de tromperies et d’intrigues de palais qui sont autant de frasques drolatiques. Nul doute que la direction enjouée et enlevée de René Jacobs — qui retrouve pour l’occasion l’Akademie für Alte Musik Berlin avec laquelle on a déjà pu l’entendre, à la Salle Pleyel, dans la Flûte enchantée de Mozart et, plus récemment, dans La Représentation de l'âme et du corps d’Emilio de' Cavalieri à la Cité de la Musique — saura donner à ce texte toute sa saveur, sans rien perdre de l’élan tout italien qui habite la partition…