Benjamin Britten est à la fois un compositeur de son siècle, le XXe, et un artiste profondément romantique, attaché à une musique de sentiments, d’élans et d’émotions. Son langage est resté enraciné dans la tonalité, mais son écriture sophistiquée lui a permis d’en élargir considérablement le spectre, capable ainsi de renouveler les sonorités, de surprendre sans déboussoler.
Les deux œuvres qu’a choisies le chef d’orchestre David Zinman témoignent bien de ces aspects : la Sinfonia da Requiem est dédiée au père du compositeur disparu quelques années plus tôt. Elle possède l’émotion assourdissante d’un Mahler, horrifiée devant la mort, avant d’exprimer un sentiment plus apaisé. De la même époque datent les interludes extraits du deuxième opéra du compositeur, Peter Grimes. Quatre tableaux naturalistes en apparence, mais le calme d’un clair de lune ou l’orage sont bien sûr le reflet des âmes. Beethoven n’est pas loin. Le choix du chef d’orchestre de placer son concerto pour violon en seconde partie de programme plutôt qu’en première est une invitation à écouter Beethoven avec des oreilles aiguisées par l’imagination novatrice de Britten, pour déceler, là aussi, profondeur, âpreté et recherche d’une expression renouvelée.