Pour écouter la musique d’une oreille nouvelle, ce collège animé par des spécialistes propose un regard singulier sur une œuvre programmée dans l’un des concerts de la semaine.

« J’ai seul la clé de cette parade sauvage. »
Isolant cette ultime phrase du poème Parade devenu motif structurant du cycle des Illuminations op. 18, le jeune compositeur britannique Benjamin Britten, âgé de vingt-cinq ans, relève avec brio le défi de mettre en musique la prose si musicale d’Arthur Rimbaud. Nous en donne-t-il la clé pour autant ? La trouverons-nous dans la poésie rimbaldienne, dans la vie sulfureuse du poète dont Britten partage les préférences homosexuelles, ou dans le contexte américain dans lequel Britten achève l’œuvre en 1939, alors qu’il a choisi l’exil avec son compagnon, le ténor Peter Pears ?
Hommes ou femmes, les interprètes portent différents éclairages sur ces Illuminations, dont certains, allant jusqu’à la mise en scène, ne manqueront pas de surprendre.

Lucie KAYAS est professeur de culture musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Spécialiste de la musique française du XXe siècle, elle a notamment travaillé sur Roussel, Jolivet, Messiaen et Poulenc. Elle a publié chez Fayard une biographie d’André Jolivet (2005) ainsi que la traduction française de la biographie de Messiaen de Peter Hill et Nigel Simeone (2008). Récemment, elle a édité avec Hervé Lacombe le collectif Du langage au style, singularités de Francis Poulenc (SFM, 2016) et prépare la publication du Catalogue raisonné de l’œuvre de Jolivet.