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La petite histoire de la Philharmonie des enfants

Publié le 18 novembre 2021 — par Le Magazine

— La petite histoire de la Philharmonie des enfants | un documentaire de Josselin Carré

Le sens d'une Philharmonie des enfants est à chercher dans le mot "enfant". C'est important pour l'avenir de la musique puisque ce sont les futurs spectateurs. C'est important également pour l'avenir de la société, puisque les enfants sont les citoyens de demain, et la musique peut jouer un rôle important dans le développement de ses connaissances et dans sa manière de se connecter avec la société. 
Ce lieu est conçu en complémentarité avec ce que la Philharmonie offre par ailleurs, c'est-à-dire que là, on n'est pas pris en charge par un musicien pédagogue, par un adulte qui a une autorité. Ils sont en totale liberté. Ils vont faire leur propre expérience en autonomie, sans aucun prérequis de connaissance ou de pratique musicale. Ce que nous recherchons à travers la Philharmonie des enfants, c'est une forme qui touche plus au sensible, à la poésie, à l'imaginaire des enfants, à leur créativité, qui met plus les enfants comme acteurs, participants d'une démarche artistique, presque. C'est un peu ça que vise la Philharmonie des enfants, cette dimension liée au merveilleux.   
Il y a une dimension fondamentale dans notre lieu, qui est celle du jeu. Le jeu, c'est quelque chose de très, très sérieux pour apprendre. Il y a quelque chose qui nous a guidés, qui est cette classification dans les sociétés des différentes formes de jeux de Roger Caillois. "Aléa", le jeu du hasard, "ilinx", le jeu du vertige, "agôn", le jeu du combat et "mimésis", le jeu de l'imitation à faire comme quelqu'un d'autre. Donc, évidemment, il y a plein de jeux dans la Philharmonie des enfants sur les 32 installations. Beaucoup sont des combinatoires de ces différentes formes de jeu. Et puis ce sont aussi des poètes qui ont été convoqués, des ethnologues, des chercheurs, des philosophes. On peut citer énormément de sources comme ça qui, intuitivement, viennent guider et orienter les débats et les discussions qui sont très opérationnelles, techniques et précises. Concomitamment à cette réflexion, il y a eu un travail de terrain qui a été fait avec une étude sur 2 000 familles en France, pour regarder ce que les enfants faisaient en dehors de l'école, la place de l'activité culturelle dans ce hors temps scolaire, et la place de la musique. Cette étude quantitative a été complétée d'entretiens dans une quinzaine de familles, au domicile des parents, en présence des enfants, pour essayer de mieux apprécier leur sensibilité, leurs aspirations et ce qu'ils attendaient d'un lieu comme celui qu'on était en train de concevoir. Hé, toi ! Je te joue un truc et tu me dis à quoi tu penses. Ouais, ouais, si tu veux. Ça ne veut rien dire ! Encore une musique qui ne veut rien dire. Un an et demi après le début du projet, on a eu la possibilité de maturer différentes idées sur les installations, sur les manipulables. Sur la trentaine d'installations, il y en a un tiers quasiment, qu'on a pu tester à l'occasion d'une phase de prototype qui s'appelle "La petite fabrique" et qui a permis de ressortir une dizaine d'idées vraiment convaincantes qu'on allait faire maturer évidemment dans la suite du projet, mais où on avait le scénario d'usage et le mode de fonctionnement qui était arrêté. C'était trop bien ! Dans un certain nombre de cas, disons un tiers de cas, on avait vraiment l'idée de l'objet de l'interaction. Mais il y avait la problématique du design : comment on y parvient, comment faire en sorte que cet objet soit robuste, intuitif, et maintenable. Ces défis considérables ont été relevés par le groupement scénographique de Constance Guisset. On est face à une grande table sur laquelle on travaille très souvent pour tout mettre ensemble et pouvoir comprendre un projet dans son intégralité. Et ici, on a rassemblé tous les éléments qui étaient liés à la Philharmonie, à la façon dont on a abordé le projet, mais aussi à la façon dont il se présente aujourd'hui. Le projet de la Philharmonie des enfants s'inscrit dans un lieu avec évidemment un lieu qui existe, un lieu qui est vide, qui n'a pas été pensé à cet effet et qu'on doit aménager pour y intégrer un programme fait par la Philharmonie. Ce programme, évidemment, tourne autour du son, de la musique, du rapport de l'enfant à tout ça. Mais il est aussi autour d'un parcours. Et notre métier, c'est de penser ce parcours et d'arriver à l'organiser, de la façon la plus logique, fluide et intelligente possible. Ça aurait pu être un parcours complètement linéaire où l'enfant, le parent, suit une suite de jeux qu'on lui présente un à un, avec le risque d'avoir des zones d'embouteillage, où les enfants s'agglutinent et où on attend avant d'avancer. Là, les enfants peuvent aller jouer, revenir, jouer, revenir, faire une pause, revenir. Tout ça de façon extrêmement fluide. On a essayé de faire en sorte que l'espace ne soit pas juste un espace d'exposition des installations à venir, mais aussi un espace qui aurait une espèce de présence totale. La première intention, c'est celle-ci. Qu'est-ce qui se passe quand je rentre ? On a fait cette maquette pour comprendre ce qu'allait ressentir un enfant. On n'est pas à l'échelle, mais c'est cette accumulation que l'enfant va ressentir et qui va un peu l'envelopper avant de rentrer. T'as vu, il y a des stalactites ! Et puis après, il arrive dans une grande cloche qui est l'inverse de ce qu'il a vécu avant. Là, ce qu'on voulait faire ressentir, c'était l'idée d'une acoustique extrêmement feutrée, comme si tous les bruits étaient absorbés, une grande concentration au démarrage. Et puis, tout à coup, expliquer la résonance. Oh, une discothèque ! Ce qui est assez amusant, c'est qu'au début, on s'était dit : on va faire que des espaces très doux, des murs arrondis, etc. Et comme on a dû faire appel à un acousticien, la première chose qu'il nous a dite, alors que nous avions déjà imaginé le projet, c'est : "Surtout ne faites pas de murs courbes, c'est ce qu'il y a de moins acoustique." Après, on tire des fils au fur et à mesure de la conception. On réfléchit aux matériaux, à comment on amortit le son, au revêtement de sol. Et à partir de là, on définit les couleurs. On n'est pas dans des couleurs primaires qu'on trouve à la maternelle, ou les grands classiques autour de la piscine à boules, on est plutôt dans des couleurs avec une forme de subtilité tout en étant fortes. Je vous invite dans l'espace turquoise. Moi je dis "vert", mais plein de gens disent "turquoise". Là, on est dans un autre espace où on donne des petites indications d'un autre imaginaire puisqu'ici, on va avoir un studio électro, des machines un peu étonnantes qui n'appartiennent à aucune époque. Donc c'est peut-être futuriste, on ne sait pas exactement. Du coup, on a travaillé sur des lignes un peu à la "Tron". On a des choses assez directes, assez droites. À chaque fois, on essaie de dessiner sur des prototypes faits par la Philharmonie. On essaie de dessiner des formes qui nous permettent d'arriver à la fin à de véritables dessins finaux en 3D. Tout ça, ça passe d'une intention, de beaucoup de réunions avec des artistes qui ont pensé, des chercheurs de la Philharmonie, des facteurs d'orgue, etc. Et nous, à partir de là, on essaie de mettre en forme l'objet qui va sonner. Un autre endroit qui a demandé pas mal de travail, c'est l'opéra, où là, on va avoir un grand plateau et les enfants vont pouvoir choisir un paysage avec des personnages, et les faire jouer. Donc là, évidemment, de la même façon, jusqu'au bout du détail, on a des jeux qui sont dessinés, et on essaie de trouver la ligne un peu claire entre l'abstraction et la figuration pour arriver à parler de ces opéras sans pour autant être complètement dans l'illustration parfaite. On n'est pas à l'opéra. On est dans l'idée de l'opéra. Ça, il est peint en noir mat. Et ça, je vais vous mettre... Comme c'est du plexi et du PVC noir, c'est un peu brillant. Je vais vous remettre un vernis mat dessus. OK, super. Comme ça, on n'aura pas de réflexions. Voilà. Dans ce défi de l'objet, le manipeur est convoqué. Il peut y avoir des acousticiens, des luthiers, des électroniciens ou des développeurs. Il peut y avoir des game designers, des spécialistes de l'électromécanique pour la fabrication du cœur technique. Donc un panel considérable de métiers et de savoir-faire qui sont convoqués, au-delà des savoir-faire des artistes et de la scénographie ou de l'architecture. Je voulais voir avec vous en termes de poids et de prise en main. On est bons sur ce que vous avez dessiné et ce qu'on est en train de réaliser. Tu peux y aller sur quelque chose de dur pour vérifier, parce que... Ça peut tomber, si c'est pas balancé par terre, ça peut taper, si c'est pas tapé trop fort par un papa, mais il faut quand même y aller, quoi. Je vais vous emmener dans l'espace bleu, un espace assez amusant qui tourne autour de cette très grande installation sur laquelle on a beaucoup travaillé, qui est une installation faite à partir d'un dessin de Brecht Evens, cet illustrateur qui dessine des choses absolument fabuleuses. Et là, il a dessiné une mappemonde qu'on est venue poser sur un gros objet presque rond. Et là, on a fait aussi des échelles 1 pour voir ce qu'un enfant voyait à son échelle, à sa taille, et comment se déployait le monde sur un gros rond comme celui-ci. La mappemonde musicale, c'est... 5 mètres 40 sur 1 mètre 46, faite en 10 feuilles séparées, parce que... qui a la place de mettre tout un truc comme ça dans un salon, avec... des centaines de petits bonshommes, des centaines ou milliers de petits arbres, et sûrement, des milliers et des milliers de petites vagues. Trois mois de travail, grâce au confinement. Sinon, avec la vie normale qui continue autour, ça aurait pris six mois. Des centaines ou des milliers d'images, de documentation, pas mal de pots de peinture, pas mal de pinceaux défoncés. J'ai commencé par tester un peu en faisant une partie de la mer. Feuille 1, c'est un peu la plus freestyle avec 20 versions des petites vagues, avec des poissons et des bateaux musicaux qui ne sont pas encore liés à une culture spécifique, parce que là, on est juste dans la mer. Le premier continent auquel je me suis attaqué, si c'est le mot juste, c'est l'Amérique du Nord. Malgré sa réputation internationale, ce continent a l'air très... très mignon et gentil sur cette mappemonde. Un pays de marshmallows et de bonbons, en tout cas par ici. Ici, c'est une figure du peuple hopi. Ces masques viennent de chez eux. Là, on a du gospel. Il y a un petit Bob Dylan qui traîne par là. J'ai dessiné peu de personnes existantes, de musiciens spécifiques. Mais certaines choses ont un tel impact culturel, qu'il semblait d'à-propos de faire un Elvis ou un Bob Dylan. En petit, du hip-hop, par ici. Les Beatles, là. La Belgique, qui me tient à cœur, est représentée par un petit saxophone, parce que... on ne le sait pas tous, mais le saxophone a été inventé en Belgique par Adolphe Sax. Je me suis permis, par rivalité de voisins, de mettre le bonhomme qui représente la Hollande plus petit que le Belge. C'est un petit métronome. Eux, ils ont inventé ça. Pendant trois mois, j'ai fait un rapide cours culturel international, tellement rapide que j'ai oublié les noms et les informations ! Et cette mappemonde est devenue aussi mystérieuse pour moi que pour vous. L'important, c'est de bien choper le milieu, pile poil, paf ! Moi, j'y suis. Voilà, c'est la coupe la plus importante. Voilà, tac. Après, le reste, dans le blanc, c'est... On le finit sur place. Ah oui, d'accord. Et du coup, il y aura des petites diodes, des petites LED qui vont dépasser. Et dès qu'on appuie sur un bouton du train, la diode s'allume et du coup, on peut écouter une expression vocale du pays, plus la voix qui va expliquer. Donc ta voix et celle des autres ados qui vont enregistrer. Éthiopie, chant de fête. Tout comme la nourriture abondante de la fête... ... toutes ces phrases s'entremêlent et se superposent, de sorte qu'on n'entende jamais de pause dans ces chants. Attention : "de sorte qu'on n'ENTEND jamais." Tu peux reprendre à : "toutes ces phrases". Toutes ces phrases s'entremêlent et se superposent, de sorte qu'on n'entend jamais de pause... On va faire ce qui est entre crochets. Mais je ne savais pas, du coup, quand placer les rythmes. C'est-à-dire ? "Le tout est rythmé par..." Donc je dis un mot et je frappe des mains ? Non, tu ne fais pas la musique. Toi, tu commentes. Tu lis ce qui est écrit. "Le tout est rythmé par..." Tu le lis. C'est juste qu'on se demande si on va le mettre ou pas. Donc ça, on le met entre crochets. Mais toi, tu le lis. On va l'entendre dans la musique. Vêtus de jaune et rouge foncé, les moines tibétains se rassemblent régulièrement pour chanter les textes de leur religion, le bouddhisme. Qu'est-ce que c'est doux ! Ils récitent les textes avec cette voix très grave, puis en changent pour celle qu'ils appellent : "la voix rugissante du dieu de la mort". C'est cool, elle a tout compris. Le temps est comme suspendu et le chant devient presque immobile en se colorant peu à peu... Très bien. Excellent. C'est possible de faire une pause moins longue avant "le bouddhisme" ? "Pour chanter les textes de leur religion, le bouddhisme." Tu vois ? Je pinaille ! C'était déjà nickel. - On veut la perfection. - Rien de moins ! Le petit peuple de la Philharmonie était une idée de Mathilde, d'inventer de petites figures qui peupleraient cet espace, qui seraient comme des esprits surprenants, des habitants de cet espace, de ce grand pays magique, musical. J'ai tout de suite vu à quoi ça devait ressembler : des personnages avec très peu de règles, des trucs de pure invention, en lien avec le monde musical où tout peut exister à la fois. C'est pas les Schtroumpfs, quoi. C'est pas tous des bonshommes bleus avec un instrument, ils sont tous complètement différents, selon l'inspiration donnée par un instrument ou même une partie d'instrument. Parfois ils respirent juste quelque chose de musical sans être basés sur un instrument ou un animal spécifique. Qu'est-ce que tu fais ? Je joue du Mozart. Du Mozart ? Ouais, du Mozart, monsieur ! Mais on dirait pas du Mozart. Pourtant, c'est bien du Mozart. Non, c'est pas du Mozart. Excuse-moi, je m'y connais un tout petit peu, tu permets, et ça, c'est pas du Mozart. Excuse-moi de m'y connaître un peu. - Si, c'est du Mozart. - C'est super normalement, Mozart ! Mais là, ce que tu joues, c'est pas super. C'est parce que je trouvais que c'était un peu un capharnaüm. Alors j'ai rangé toutes les notes qui vont ensemble, ensemble. J'ai mis les "la" avec les "la", j'ai mis les "sol" avec les "sol", j'ai mis les "si" avec les "si". Je vois l'idée. - Tu vois l'idée ? - Je vois l'idée. Et alors, ça donne ça. C'est le début. Ben tu vois, avec ta manie de tout ranger, c'est moins bien. Qui suis-je ? On me demande qui je suis. Hé ! Vous pouvez arrêter avec votre musique super dansante ? C'est pas un peu fini à la fin ? J'ai tous mes bras qui bougent ! Toutes mes jambes qui remuent ! Non, mais... Arrêtez ! C'est fa-ti-gant ! Les gamins se promènent, et puis d'un coup, ils entendent un bruit, ils sont dans une espèce de forêt, qui pourrait être la Philharmonie des enfants, métaphoriquement. Et comme quand tu te promènes dans la forêt, tu dis : "Ah, là, il y a un sous-bois, un petit chemin, "j'ai envie d'aller voir, d'écouter." Puis ils entendent une petite voix, ils tendent l'oreille, ou pas, ils vont voir plus près, ou pas. Et là, ils entendent des petits bonshommes qui discutent entre eux, qu'on surprend dans leur propre monde. Si je te joue un si... Je pense à une plante verte. Un ré. Un ananas ! Un ré bémol. Je pense à un marteau. Moi, je pense à un tournevis. J'essaie de faire des petites leçons de choses sur la musique, des trucs qu'on peut avoir envie de dire, des fun facts ou des... Mais sans que ce soit... Ça n'a absolument rien de didactique. - Quel vent ! - On tient à peine par terre. Qu'est-ce qu'on va devenir ? On va s'envoler ? Non, on va s'abriter. Là-bas ! Il y a un abri. C'est un trompe-l'œil. C'est un dessin sur la montagne. Encore du vent ! De la neige ! De la grêle. Qu'est-ce qui tombe ! - Aïe ! - Là-bas ! Tu entends ? Il y a du soleil, il y a un trou de soleil dans le vent, il y a un trou de soleil parmi les nuages, un trou de soleil dans... Là-bas, tu entends ? Il y a du soleil, il y a un trou de soleil dans le vent, il y a un trou de soleil parmi les nuages. Un trou de soleil dans les intempéries. Eh non, c'est un trompe-oreilles. Oh... Il faut que tu changes. D'accord. Ouais. Au premier degré, tu as une blague, au deuxième degré... t'as peut-être une question sur la musique, ou sur le son, ou sur... Ils en font ce qu'ils veulent. Tu essaies de montrer des pistes. Là, pendant que je parle, il y a un corbeau ou autre qui crie... On ouvre les oreilles, on entend ce qu'est le son, ce qu'est la musique. Là, il y a les voitures, la rumeur du périph', il y a des oiseaux, il y a plein de choses. Et d'entendre tout ça, c'est... Je sais pas du tout où part ma phrase, là. C'est comme si on voyait un spectacle miniature en direct. C'est le principe du théâtre optique, c'est un mini-théâtre, un peu magique. C'est un dispositif relativement simple, avec un téléviseur caché en contrebas, que le public ne voit pas, un miroir semi-transparent qui va permettre de créer une réflexion de l'image des personnages dans un décor qui lui, est un décor en volume, un vrai petit décor type maison de poupée. Celui-ci s'intitule "Les bruiteurs bruités". Trois personnages qui sont en train de bruiter un film et de composer la bande sonore du film en direct comme une sorte de ciné concert. Et la subtilité, c'est qu'en fait, eux-mêmes sont en réalité bruités. Donc c'est pour ça que ce sont "des bruiteurs bruités". On voit quelques dessins pour présenter le projet. Et quelques autres dessins qui étaient des projets qui pouvaient éventuellement être réalisés ou pas. Là, c'est un projet qu'on a failli faire... On a un personnage qui est monté sur un instrument qu'on appelle un thérémine, qui danse en faisant de la musique. Et puis un autre qui, de manière plus artisanale, crée des images en rythme, sur le rythme de la musique, avec un aimant qu'il approche d'un vieux téléviseur cathodique, puisque les vieux téléviseurs réagissaient, changeaient de couleur ou se perturbaient quand on approchait un aimant, et ça a été utilisé par certains artistes comme Nam June Paik pour essayer de faire des recherches en matière d'art vidéo. Voilà. Et ça, c'est un autre projet pour la Philharmonie de Paris, où je... C'est un type qui chante très fort dans un vrai micro. Il pousse des cris et ça... ça fait sauter des graines sur un haut-parleur, et un autre saute sur le haut-parleur en même temps que les graines. Ça aussi, c'est des choses qui... Pour un fonctionnement quotidien, sur plusieurs années, ça peut se dégrader beaucoup plus facilement que ceux qu'on a finalement choisis de réaliser. Là, c'est les premiers essais qu'on a faits au niveau du montage. Comme les personnages doivent se synchroniser l'un sur l'autre, j'ai un écran sur le côté qui me permet de voir le personnage que j'ai déjà filmé, pour pouvoir jouer le suivant. Ces pièces sont plutôt destinées à un public d'enfants. Pour autant, j'ai pas eu besoin beaucoup d'adapter mon travail en fonction de ce public-là, puisque de toute façon, je fais beaucoup de choses qui sont assez enfantines. Beaucoup de choses qui jouent sur une apparente naïveté, un côté magique, ce qui fait que les enfants s'y retrouvent très facilement. Après, en général, derrière, il y a... C'est pas forcément le cas, là, mais souvent derrière, il y a quelque chose de plus grave, parce que mes influences, c'est pas les livres d'enfants, c'est plus Schopenhauer et la vision d'un monde absurde où on passe son temps à osciller entre le désir, le manque, l'ennui... Mais voilà, la forme que je donne est très légère et peut convenir aussi bien à des enfants qu'à des adultes. Dans la Philharmonie des enfants, on allait créer un lieu qui n'était pas un musée, mais qui était quand même un espace muséographique, un espace permanent, qui avait vocation à accueillir des œuvres, potentiellement. Et ça, on y a mis un soin jaloux, en convoquant des artistes qui seraient pas spécialistes du créneau de l'enfance, justement, qui ont une intelligence du corps et une sensibilité synesthésiques, qui proposent des choses qui viennent frapper les sens sans détour. Nous avons travaillé sur la thématique de la nature, de la terre, du vent et du feu, et de l'eau. Bouge les bras ! Sur ces quatre thèmes-là, on a inventé spontanément des mouvements, on a construit une sorte de chorégraphie, un peu comme une sorte de body-clap ou body-musical. Comment ça fait de faire de la musique avec notre corps ? Des insectes partout ! Tu les retires. Tu les enlèves. Bravo ! Bravo ! Ce n'est pas un instrument intimidant. Les enfants se jettent dessus et essayent des choses. Le pianographe ressemble à un synthétiseur. On l'a construit nous-mêmes. Il permet de jouer de la musique tout en créant des animations. Avec une boîte lumineuse, avec une ampoule... - Et il y en a beaucoup. - Là, c'est un petit échantillon. - Ah oui ! - On a en fait beaucoup. Nous avons créé trois nouveaux registres visuels et sonores. Le premier registre est un orgue que nous avons enregistré note par note et transposé dans le pianographe. Pour le second registre, nous avons enregistré 61 notes de verre frotté. Pour le 3e registre, nous avons contacté les Cris de Paris. On leur a demandé de faire différentes syllabes, des notes courtes, des notes longues. On a recréé un genre d'orchestre synthétique. Même si l'enfant n'est pas musicien, qu'il ne joue pas des accords justes, il aura une satisfaction de voir des visuels qui se mélangent bien et ça va peut-être même le pousser à changer ses notes et à tâtonner. On a un sujet qui observe à 360 degrés, ce qui est exactement l'inverse d'une captation de concert qui est un sujet vers lequel les caméras sont tournées. C'est un lieu où il n'y a pas une position unique pour vivre, ressentir et regarder. On le voit différemment si on est là, ou là, et d'ailleurs, on ne peut pas le regarder en entier, parce qu'on n'a pas des yeux derrière la tête. Dans cet espace, on a 61 enceintes réparties derrière les écrans, de haut en bas, au plafond également. On en a même 8 au sol. Pour le chœur d'enfants, on a mis la voix 1 sur ces deux murs, la voix 2 sur ce mur-là et la voix 3 sur ce mur-là. C'est une partition à trois voix. Ça va spatialiser la polyphonie et on va sentir vraiment la présence des chanteurs, comme si on était véritablement entourés d'eux. Ils sont grandeur nature, même un peu plus grands que nature. Ce qui m'est apparu comme un terrain de jeu hyper fécond, audiovisuellement parlant, c'était que d'un coup, des musiques ou des environnements musicaux complexes et jugés comme doctes ou inaccessibles ou qui nécessitaient une initiation, ce genre de choses-là, d'un coup, parce que possiblement accompagnés à l'image, pouvaient devenir hyper accessibles. Quand on vient à la Philharmonie des enfants, dans ce lieu, "Plein les oreilles !", et qu'on voit l'émerveillement sur les visages avec le film qui se reflète dans les pupilles, sur les joues, sur des mains, et qu'en plus, les enfants font des mouvements qui peuvent être eux-mêmes esthétiques parce qu'ils sont invités à bouger, une forme de chorégraphie peut-être un peu inconsciente... Il y a quelque chose qui se passe d'encore plus beau, parce qu'il y a une création dans la création. * * * Ça, c'est imbriqué. On peut le placer. Ça c'est la bleu clair. Ça c'est la bleu foncé. Non, ça, c'est la bleu foncé. Et ça, c'est l'entrée et c'est à l'extérieur. Et ici, c'est "Par ici la musique". Il faut qu'on se mette d'accord sur un truc qui fonctionne dans l'espace. On a tout un tas de matériaux qui constituent la famille de matières avec lesquelles on va travailler et la gamme de couleurs qu'on a développée avec Constance, en accord avec son projet scénographique. Constance a défini une gamme de couleurs pour chacun des îlots, et on est venues, nous, trouver des matériaux. Là, en l'occurrence, des plexiglas qui venaient s'harmoniser avec les couleurs des îlots pour poser notre signalétique et notre identité graphique. À côté de ça, on a tout un travail en sérigraphie, qu'on a la chance de pouvoir faire avec Œil de Lynx, dont c'est un peu la spécialité et qui vient apposer en sérigraphie les textes sur les linos et les murs. Je vais vous présenter les écrans de sérigraphie. Ça commence par... Ça, ce sont les fichiers qu'on a reçus des graphistes. On a imprimé des typons en noir sur transparent. Voilà, on le pose sur une vitre. On va mettre l'écran en contact, et on va insoler avec une lampe ultraviolet qui va durcir toutes les parties de la gélatine qu'on a posées sur l'écran là où le film est transparent. Là où les lettres sont noires, l'émulsion est protégée et elle va partir dès qu'on va développer à l'eau après l'insolation. Et on obtiendra notre pochoir sur l'écran de tissu. Et après séchage, on n'aura plus qu'à imprimer en posant l'encre. La sérigraphie, c'est comme une seconde peau dans une exposition et je trouve qu'il y a une légèreté qui est amenée par cette technique. Une beauté de rendu aussi, une qualité d'encre, une capacité à aller trouver la couleur qu'on a envie d'avoir, puisqu'on peut faire des mélanges. J'étais là : "Bleu.  Non, blanc. En fait, noir." - Et les textes ? - Ils seront bleus. Non, orange. Regarde. C'est posé au sol. Tu as les tests de couleur. Notre enjeu, en graphisme et en signalétique d'exposition, c'est de faciliter la compréhension, l'accès aux informations. C'est un travail qui se fait étape par étape, mais toujours avec une vision globale : on est obligés de penser au musée dans sa globalité, dans son identité globale. Il faut que je commence à mettre de la protection en mousse. On va parler de l'extérieur, de l'intérieur, du mobilier, de la signalétique, des vitres... Il y a eu une montée de la pression jusqu'à l'ouverture de la Philharmonie des enfants, à l'automne 2021. On savait qu'on ouvrait un lieu pas complètement finalisé, compte tenu des problématiques qu'on a pu rencontrer, qui sont liées aussi à la difficulté d'approvisionner, de recourir aux équipes avec des ouvriers qui étaient parfois à l'arrêt, etc. Ça a été chaotique, ce chantier, sur l'organisation même. Mais effectivement, une fois que le lieu était là et quasiment fini, voir les enfants s'en saisir, jouer ici, ça a été une confirmation qu'on avait bien travaillé, qu'on avait fait ce qu'on avait pu pour que ce soit le mieux possible. Il y a une autre inconnue : qu'est-ce qui va se passer quand on va ouvrir ? On aura pensé beaucoup de choses, mais on aura certainement pas tout pensé parce que la vie va prendre le dessus dans l'espace. Et donc je pense qu'on n'est pas au bout de nos surprises. Est-ce que vous êtes prêts à entrer et à découvrir ? Il y a un truc que j'ai entendu ici, dans la zone d'entrée. C'est une petite fille qui dit à son grand-père : "Tu crois que ça existe une Philharmonie pour les parents ?" Et le grand-père de dire : "J'imagine." Et la petite fille lui dit : "Tu devrais y aller, c'est vraiment trop bien." Le projet de la Philharmonie, nous l'avons lancé en 2017, peu de temps après l'ouverture de la Philharmonie au public. Nous l'avons conçu comme un projet fédérateur pour toutes les équipes de l'établissement, fédérateur aussi de toutes les compétences puisqu'il a associé les compétences de notre direction du bâtiment. Il a fallu viabiliser un espace, concevoir une scénographie, réaliser des travaux très importants dans un plateau complètement nu à l'origine. Et puis fédérer aussi toutes les équipes éducatives, qu'elles soient au musée, dans le département éducation, qui ont travaillé et réfléchi à ce concept nouveau qu'est la Philharmonie des enfants. C'est un projet qui a permis de valoriser toutes les compétences qui existaient à l'intérieur de la maison. Et je pense que ça a contribué à la fois au succès et à la motivation de tous ceux qui ont travaillé à ce projet. La Philharmonie de Paris a sept ans. Elle s'est construite et érigée au fil de ces sept ans, avec une Philharmonie des enfants qui est son dernier bébé, son dernier chantier, son dernier ouvrage, qui est une réussite, tant sur le public que sur la satisfaction de ce public, sur son ouverture et sur son essaimage. C'est créer une génération Philharmonie, par l'éducation collective, l'éducation musicale bien sûr, et par des méthodes intuitives. La Philharmonie des enfants a créé un modèle unique, une ingénierie, une inventivité qui lui est propre et qui doit irriguer tous les territoires, à présent. Et donc elle doit se dupliquer le plus possible en France et au-delà de ses frontières. Est-ce que tout le monde est prêt ? Sous-titrage : OPENCAPTION Paris  
 

De sa conception à son ouverture, découvrez comment a été créée la Philharmonie des enfants.

Complémentaire de l’offre déjà proposée aux enfants à la Philharmonie de Paris, la Philharmonie des enfants est un projet sans équivalent dans le monde. Cet espace 100% accessible permet aux plus jeunes d’aborder la musique sous une forme qui touche au sensible, à l’imaginaire, à leur créativité ; il fait d’eux les acteurs d’une démarche artistique.

Ludique et poétique, jalonné d’installations, le parcours invite les visiteurs à circuler et à expérimenter librement. Il s’articule en cinq univers thématiques, dédiés au phénomène sonore (« La Forêt des sons »), aux instruments de musique (« Les machines sonores »), à l’expérience collective du jeu et de la direction d’orchestre (« En scène »), au corps comme instrument et à l’expression vocale (« Des voix par milliers »), et à la composition musicale (« Par ici la musique »).

Episode 1 - Un nouveau lieu à la Philharmonie de Paris

— La petite histoire de la Philharmonie des enfants #1 © J.Carré

Episode 2 - La scénographie conçue par Constance Guisset

— La petite histoire de la Philharmonie des enfants #2 © J.Carré

Episode 3 - Les théâtres optiques de Pierrick Sorin

— La petite histoire de la Philharmonie des enfants #3

Episode 4 - L'univers de Brecht Evens et le petit peuple de la Philharmonie des enfants

— La petite histoire de la Philharmonie des enfants #4

Episode 5 - Le graphisme d’Agnès Dahan

— La petite histoire de la Philharmonie des enfants #5