C’est avec Delphine Biron, violoncelliste à l'Orchestre de Paris, que le Pôle Ressources poursuit sa série ProPhil. Destinées à un public de lycéens, d’étudiants, ou de simples curieux, ces courtes vidéos décrivent le contexte et les contours de différents métiers de la musique, à partir de témoignages de professionnels de la Philharmonie de Paris. Chaque portrait, filmé « en situation », illustre et complète de façon vivante et accessible la lecture d’une des fiches métiers éditées par le service Métiers et vie professionnelle. Ces vidéos prolongent les nombreuses rencontres professionnelles en ligne.
Prophil #6 - Le métier de violoncelliste d’orchestre
Publié le 30 avril 2024
Je m'appelle Delphine Biron et je suis violoncelliste à l'Orchestre de Paris.
Mes missions sont assez variées. Le métier principal, c'est de jouer et de faire des concerts,
principalement à la Philharmonie de Paris.
Ensuite, il nous arrive de faire ces programmes lors de tournées et aussi de faire des enregistrements. Nous avons aussi la chance d'avoir une saison de musique de chambre.
Enfin, nous avons aussi une mission au sein de l'action culturelle, ça peut être devant des publics empêchés, dans les maisons de retraite, dans les hôpitaux.
Nous faisons aussi des créations de contes musicaux, des concerts jeunes dans les écoles.
Lorsque nous sommes musiciennes, il n'y a pas de journée type.
Il y a la journée de répétition, qui est la journée essentielle dans le métier de musicien d'orchestre. Nous avons quelques heures de répétition
tous ensemble avec le chef d'orchestre et ça nous permet de préparer ensemble le programme pour le concert.
Nous avons une deuxième journée type, nous avons la générale, c'est le dernier moment où nous pouvons répéter le programme comme si c'était le concert. Ensuite, nous avons le concert le soir.
Nous avons une journée de travail personnel, qui nous permet de préparer la suite des séries les semaines suivantes, de se recentrer sur son instrument et aussi participer aux autres missions de l'orchestre de Paris, comme les concerts hors les murs.
Originaire de Nantes, j'ai intégré le Conservatoire de Paris assez jeune en poursuivant mes études générales par correspondance.
Ensuite, à l'issue de ce cursus, j'ai obtenu mes prix de violoncelle, de musique de chambre et de quatuor à cordes. Très vite, j'ai ressenti le besoin de faire des académies de jeunes, donc d'orchestres.
J'ai eu la chance de faire l'Orchestre Européen, qui a été pour moi une formidable expérience qui m'a beaucoup imprégnée pour mon envie de faire ce métier.
Ensuite, pendant un an, j'ai été intermittente, ce qui m'a permis de travailler dans différentes formations parisiennes, d'acquérir un peu de métier.
J'ai eu la chance de préparer un concours à l'Orchestre de Paris et de rentrer.
La musique, c'est quand même un métier passion.
J'ai la chance, et je me le dis tous les jours, de pouvoir profiter et de pouvoir partager cette musique avec le public et avec mes collègues. Donc, ça demande une grande exigence, évidemment, parce que chaque jour, il faut se remettre au travail, chaque jour, il faut remettre ses principes en cause pour avancer et pour toujours aller plus loin dans la recherche de la vérité, quelque part, de l'interprétation.
Nous avons la chance d'avoir un répertoire extrêmement varié. Nous jouons autant du Haydn en répertoire classique que des grands romantiques comme Mahler, Buckner et de la musique contemporaine. Donc ça, ça nous permet aussi de naviguer de répertoire en répertoire et de s'adapter, d'adapter son son,
d'adapter ses modes de jeu.
Parfois, ça nous arrive d'être 120 sur scène, parfois, ça nous arrive d'être 60, on ne cherche pas le même son. Il n'y a pas deux jours qui se ressemblent quand on fait de la musique.
La première, pour moi, qui est essentielle, c'est d'être passionné par la musique parce que c'est un métier qui demande beaucoup d'investissement physique et mental pour pouvoir donner le meilleur de soi-même. Aussi d'être très à l'écoute, parce qu'on est toujours dans un collectif, il faut toujours essayer de créer un son, un objet sonore avec les autres, avoir cette faculté de souplesse pour s'adapter.
Je pense aussi aux interprétations de chefs d'orchestre qui peuvent être très différentes l'une de l'autre. Donc nous, notre métier, c'est d'être au service de cette interprétation, l'interprétation du texte d'une part, mais aussi l'interprétation des chefs d’autre part.
Mes premiers collègues proches sont bien sûr les musiciens, les musiciens de ma section, les violoncellistes. Nous avons des tuttistes, moi, je suis tuttiste.
Ensuite, nous avons des solistes, troisième soliste, deuxième soliste et le premier soliste
qui est mon chef de pupitre, c'est mon premier référent.
Au sein des cordes, il y a le violon super solo qui est notre référent cordes.
Dans cette pyramide, on arrive vers le chef d'orchestre.
En dehors de mes collègues musiciens, nous travaillons avec l'équipe de régie qui fait un travail formidable pour préparer le plateau, pour qu'on se sente le plus à l'aise possible sur scène.
Il y a évidemment le service bibliothèque pour nous préparer nos partitions, pour que tout soit bien calé au niveau des coups d'archet, au niveau de la lisibilité des partitions, des tournes, etc.
Ensuite, il y a le département aussi action culturelle. C'est avec eux que directement, nous voyons pour préparer des projets.
Hormis mon violoncelle, c'est le crayon. En 2006, il y a Mstislav Rostropovitch, grand violoncelliste et chef d'orchestre, qui est venu diriger une symphonie de Chostakovitch avec nous. Au début du premier service, il nous a distribué à tous un crayon.
Dans tout le travail qu'on a fait la semaine, on a noté ses indications, les tempos, tout ce qu'il attendait de nous pour l'interprétation de cette symphonie. Le symbole que j'y vois, c'est le lien qu'il a créé avec nous.
D'éveiller leur curiosité, d'aller aux concerts, d'écouter beaucoup de musique, d'aller écouter des générales ouvertes, de voir des orchestres travailler, de rencontrer des musiciens d'orchestre, de participer à des académies d'orchestre, de s'imprégner de cette culture d'orchestre qui est un peu différente du travail qu'on peut faire dans un conservatoire avec le répertoire classique.
Ensuite, c'est de beaucoup, beaucoup, beaucoup s'entraîner à jouer ses traits d'orchestre en entendant dans sa tête l'orchestre entier, pas seulement la performance de son instrument, de pouvoir jouer devant d'autres musiciens, avoir le plus de conseils possible. Tout est bénéfique et tout est bon à prendre pour, encore une fois, façonner sa manière de jouer vers ce travail très spécifique qu'est le métier d'orchestre.