Marc Korovitch et Ingrid Roose succèdent à Lionel Sow à la tête du Chœur de l’Orchestre de Paris. Le début d’une nouvelle aventure, et d’une étroite collaboration avec Klaus Mäkelä.
Un duo, un binôme, un collectif: peu importe le nom, c’est en tout cas un bel et jeune équipage qui prend la barre du Chœur de l’Orchestre de Paris depuis le 1er janvier, succédant à Lionel Sow. Si l’un (Marc Korovitch) devient chef principal et l’autre (Ingrid Roose) cheffe déléguée, pas question de hiérarchie ou de prééminence lorsqu’on interroge l’un et l’autre. Et si l’un est français et l’autre estonienne, c’est bien le vent de la mer Baltique qui souffle sur la porte de Pantin!
Ingrid Roose (31 ans) en connaît les courants depuis l’enfance: née sur l’île de Saaremaa, à peu près à équidistance de Tallinn, Helsinki, Riga et Stockholm, elle apprend, comme beaucoup de jeunes Estoniens, à chanter en même temps qu’à parler. Dans ce pays qui ne fait qu’un avec la musique, elle déroule un cursus brillant, d’abord à Tallinn, puis à Stockholm, à la fois comme cheffe de chœur et cheffe d’orchestre. Déjà sur tous les fronts, elle dirige de nombreux chœurs d’enfants aussi bien que le chœur mixte HUIK!, crée l’ensemble vocal féminin Kammerhääled et prend la baguette avec l’Orchestre symphonique national d’Estonie. «Les chefs de nos pays partagent une certaine vision du son, de la construction harmonique, qu’ils doivent sans doute à l’influence des professeurs russes, omniprésents pour les générations précédant la mienne. Mais pour moi, le “son balte” est quelque chose d’insaisissable, il vient d’une nécessité profonde de chanter qui nous aide à perpétuer une longue et vivante mémoire.»
Sa rencontre avec le Chœur de l’Orchestre de Paris? «J’ai eu la chance incroyable de pouvoir le diriger en finale du Concours international des jeunes chefs de chœur, en 2019. La richesse des timbres, la force de leur son: ils m’ont énormément donné!» Lui ont-ils un peu porté chance aussi? Le premier prix qu’elle remporte lors de ce concours ne passe pas inaperçu.
Marc Korovitch (34 ans) ne tarit pas non plus d’éloges au sujet du Chœur. «J’ai de merveilleux souvenirs comme spectateur: un Stabat Mater de Rossini, inoubliable et puis cet incroyable War Requiem de Britten», se remémore-t-il, ne cachant pas son impatience de mener à son tour cette phalange de 180 amateurs. «J’admire leur passion, leur joie toujours intacte de chanter. Je connais aussi la cohésion qui soude ce chœur, la grande famille qu’il est devenu: toutes qualités qui me sont chères car c’est bien ainsi que je conçois la pratique chorale.»
Étudiant à l’École normale de musique et au CRR de Paris, puis à la Haute école de musique de Genève, Marc Korovitch s’impose très rapidement comme un préparateur de chœur recherché (à Radio France, Stuttgart ou pour accentus), un meneur de jeunes pousses passionné (au Jeune Chœur du CRR de Paris ou à la Maîtrise de Saint-Christophe de Javel où il met ses pas dans ceux d’un certain Lionel Sow). En 2019, le voilà lui aussi emporté par l’air de la Baltique: il prend la tête des 32 chanteurs d’exception du Chœur de la radio suédoise. Une consécration à un si jeune âge. Et l’occasion de travailler avec le Finlandais Klaus Mäkelä, alors chef principal invité de l’Orchestre symphonique de cette même radio suédoise.