Trois siècles, c’est l’âge du violon « Provigny » du Musée de la musique, l’un des plus beaux joyaux façonnés par Antonio Stradivari actuellement préservés.
Antonio Stradivari, le plus célèbre des luthiers, signe son premier instrument de musique en 1666. Pendant plusieurs décennies, l’artisan se perfectionne en produisant des violons de tailles et de formes diverses. De son atelier situé à Crémone, en Italie du Nord, sortent plus de 1 000 instruments à cordes. Si sa « période d’or » s’étend de 1705 à 1720, les violons de l’année 1716 matérialisent son apogée. Le « Provigny » est l’un de ceux-ci.
Légué au Conservatoire National de musique en 1909, le violon « Provigny » (nommé ainsi en honneur de son dernier propriétaire : Madame Palmyre de Provigny) du Musée de la musique fait aujourd’hui partie des instruments de Stradivarius les mieux conservés. Déjà en 1908, l’éminent luthier-expert parisien Albert Caressa ne tarit pas d’éloges sur ce violon. Mandaté par le compositeur et directeur du Conservatoire National de Paris, Gabriel Fauré, pour expertiser les instruments légués par Madame Provigny, il rapporte :
Les récentes recherches du Musée de la musique permettent de faire remonter le parcours de ce violon jusqu'à l’année 1827. L’instrument est à cette époque propriété de Louis Edouard Besson, le père de Madame Palmyre de Provigny. Il fait alors appel au luthier Charles François Gand pour le remettre en état de jeu. Dans les années 1970, Pierre Amoyal joue le « Provigny » sur plusieurs enregistrements.
Partita N°3 en mi majeur BWV 1006 pour violon de Johann Sebastian Bach
Pierre Amoyal, violon
Extrait de l'album Les instruments précieux du musée du conservatoire, vol. 2. Erato, 1977.
Chercheurs et conservateurs du Musée étudient de manière approfondie ce violon tricentenaire afin d’étoffer les connaissances sur l'évolution des matériaux et savoir-faire de la facture instrumentale. L’examen sous lumière riche en ultraviolets montre qu’une grande partie de son vernis original est conservée. Des analyses chimiques ont révélé que ce vernis contient des pigments rouges presque transparents, conférant au « Provigny » son apparence visuelle si caractéristique. La radiographie X dévoile entre autres une petite « pièce d’âme », renforçant l’intérieur de la table d'harmonie à l’endroit du contact avec l’âme (aujourd’hui absente).
L’instrument est aujourd’hui exposé au sein de la collection permanente du Musée de la musique. Plusieurs ouvrages consultables à la Médiathèque détaillent ses caractéristiques et relatent son histoire.