Héritier de David Zinman, le nouveau directeur musical de l’Orchestre national d’Île-de-France dévoile tout au long de la saison l’élégance de sa technique de direction.
« Je n’ai pas choisi la direction d’orchestre, c’est la direction d’orchestre qui m’a choisi ! C’est une histoire d’amour. » Cette déclaration enflammée, on la doit à Case Scaglione, le nouveau directeur musical de l'Orchestre national d’Île-de-France. Le jeune chef d’orchestre américain a pris ses fonctions à l’ONDIF en septembre 2019. À l’annonce de sa nomination, celui qui a dirigé l’orchestre pour la première fois en mars 2016 s’était déclaré « très honoré ». « Un directeur musical ne pourrait pas espérer travailler avec un groupe de personnes plus dévouées », ajoutait-il. Egalement chef d’orchestre principal du Württembergisches Kammerorchester Heilbronn, il avait été auparavant chef associé du New York Philharmonic et directeur musical du Debut Orchestra de la Young Musicians Foundation, à Los Angeles.
Tout commence à l’âge de 8 ans. Il accompagne alors ses parents à l’opéra. Sa vision du chef d’orchestre dans la fosse, sa façon de faire naître la musique par de simples gestes, presque de manière magique, constitue un choc et décidera de sa vocation. Bientôt, le répertoire le passionne et, à peine adolescent, il commence un travail sur les symphonies de Mahler et les poèmes symphoniques de Richard Strauss. Il se reconnaît comme maîtres David Zinman, Alan Gilbert et Jaap van Zweden. Du premier il a appris les aspects techniques de la direction d’orchestre, du deuxième la manière, notamment, de gérer son temps pendant le travail et les répétitions. Du dernier enfin la façon de modeler le son d’un orchestre. Parmi ses compositeurs de prédilection, il cite volontiers Mahler, Sibelius, Bach, Ligeti et de nombreux créateurs de notre temps, comme John Adams. La presse loue son rapport facile avec les musiciens (San Diego Tribune), sa souplesse et son empathie à leur égard (Süddeutsche Zeitung).
Case Scaglione est une manière de citoyen du monde : « Je suis un Texan dont les racines familiales sont italiennes. Mes parrains sont mexicains et j’ai grandi entre les langues espagnoles et anglaises. Ensuite je me suis intégré dans la culture allemande et j’ai appris la langue au cours de mes quatre dernières années de vie passées là-bas. Et ma femme, Toni, que je connais depuis 21 ans, est britannique ! Cela signifie qu’au Texas, à New York, au Mexique, en Angleterre, en Allemagne, et maintenant en France, je peux dire que je me sens chez moi. » (entretien avec Jean-Luc Caradec pour La Terrasse). Ses hobbies ? Il aime explorer les villes à pied et s’intéresse à la politique, à la philosophie : « il n’est pas rare pour moi d’écouter les informations en fond sonore tout en lisant un obscur essai de Ludwig Wittgenstein sur la nature de la connaissance. C’est étrange, je sais ! »
D’ici la fin de la saison 2019/20, on pourra entendre Case Scaglione à la Philharmonie de Paris dans Wagner (22 octobre), Ives et Beethoven (16 janvier), Sibelius (30 janvier), un programme franco-américain (24 mars) et enfin dans Ligeti et Mahler (22 mai). L’occasion d’admirer sa technique de direction d’une grande économie de moyens, mais aussi toute de clarté et d’élégance.