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De la musique de jeu vidéo au concert

Publié le 15 mai 2017 — par Damien Mecheri

— Petite histoire de la musique de jeu vidéo live

Le week-end Play propose un voyage musical dans l’histoire des jeux vidéo, depuis Mario ou Pacman jusqu’à Final Fantasy. Où les B.O. vidéoludiques croisent l’univers symphonique.

Depuis ses balbutiements il y a de cela près de quatre décennies, la musique de jeu vidéo n’a cessé d’évoluer. Malgré les formes plurielles qui la caractérisent, elle reste encore souvent, dans l’imaginaire collectif, associée aux « bips », ces fameuses sonorités informatiques qui se sont développées dans les années 1980, quand le jeu vidéo a cessé de se cantonner aux bornes d’arcade et s’est progressivement invité dans les salons. Or, ces sons étaient avant tout dépendants de la technologie – les premiers bruitages et les premières musiques étaient générés directement par les puces sonores des plateformes de jeu.

Au fil des évolutions technologiques, les capacités de stockage se sont accrues et de nouvelles techniques de création sonore ont pu être utilisées : synthèse FM, échantillonnage d’instruments acoustiques, puis, enfin, la possibilité d’exploiter de véritables enregistrements.  Dans les années 1990 déjà, la qualité sonore s’était grandement améliorée et il était possible d’entendre des musiques de jeu vidéo enregistrées à l’aide d’un orchestre.

Surtout, le jeu vidéo a évolué en même temps que sa bande originale. En multipliant ses genres, ses terrains d’expression, ce médium s’est non seulement accordé une place de choix dans la culture populaire, mais il a aussi prouvé sa richesse et son potentiel artistique et ludique. Dans son sillage, la musique de jeu vidéo a dû se transformer, s’adapter et se renouveler.

L’élément le plus important à prendre en compte lorsque l’on parle de musique de jeu vidéo est qu’il ne s’agit pas d’un genre musical en soi. Absolument tous les genres ont leur place dans le jeu vidéo. Il est possible d’y entendre de l’electro, du jazz, du rock, du metal, de la musique symphonique, du trip-hop, ainsi de suite.  Ce qui fait la spécificité de la musique de jeu tient à la manière dont elle va être intégrée dans l’œuvre. Elle peut se faire discrète, imposante, ponctuelle. Elle peut aussi être interactive, se plier aux règles du système de jeu, évoluer de manière dynamique en temps réel et en fonction des agissements du joueur. En somme, à chaque jeu son approche musicale.

Cependant, au même titre que la musique de film, la musique de jeu vidéo connait une seconde vie en dehors de son support premier. Il n’est pas rare que des joueurs, conquis par une bande sonore, décident de l’écouter hors contexte pour ce qu’elle est avant tout : de la musique. Que cela soit par nostalgie, quand il s’agit de raviver les souvenirs de merveilleux instants de jeu, ou par pur plaisir de mélomane, le fait d’écouter de la musique de jeu vidéo est, en soi, une expérience sensorielle.

Il n’est donc pas étonnant qu’elle s’invite aujourd’hui dans les salles de concerts. Si le Japon a été largement en avance sur ce domaine, avec des représentations scéniques dès les années 80 et un marché florissant pour les bandes originales, l’Occident a suivi le mouvement à partir des années 2000, grâce aux initiatives du producteur Thomas Böcker, en Allemagne, ou encore du compositeur Tommy Tallarico aux États-Unis. Que ce soit à l’aide d’orchestres massifs accompagnés d’écrans géants diffusant des vidéos de jeu, ou de formations plus minimalistes voire de groupes de rock, la musique de jeu vidéo est de plus en plus représentée sur scène.

La Philharmonie de Paris a choisi de la célébrer à son tour, avec un week-end thématique baptisé PLAY, « jouer ». Une rencontre attendue qui vient rappeler que musique de répertoire et créations actuelles peuvent cohabiter dans un même espace. Durant ces trois jours, les souvenirs des joueurs présents dans la salle seront convoqués : Mario, Pac-Man, Tetris, ou encore l’immense saga Final Fantasy, des jeux emblématiques et variés dont la musique prendra vie. Cependant, au travers d’arrangements symphoniques riches et inspirés, qui s’adressent à tous les mélomanes et ne nécessitent aucune connaissance du monde du jeu vidéo, il ne sera pas seulement question de se tourner vers le passé, mais bien d’apprécier la musique de jeu vidéo pour ce qu’elle est : une culture vivante.

 

Damien Mecheri, Video Game Music, Histoire de la musique de jeu vidéo, Pix'n Love Éditions, 2014.

Couverture du livre Video Game Music, Histoire de la musique de jeu vidéo
— Couverture du livre Video Game Music, Histoire de la musique de jeu vidéo