À l’occasion du portrait musical inédit consacré à Michel Legrand, brève évocation du parcours du compositeur des Parapluies de Cherbourg.
Lors de la cérémonie d’ouverture de l’édition 2018 du Festival de Cannes, Juliette Armanet gratifia le public d’une version piano-voix des « Moulins de mon cœur », titre signé Michel Legrand, extrait de la bande originale du film L’Affaire Thomas Crown. Celle qui venait de recevoir la récompense pour l’album révélation de l’année aux Victoires de la Musique honorait ainsi le père du morceau qui lui valut, en 1969, l’Oscar de la meilleure chanson. Bel hommage que la nouvelle génération pop rendait au compositeur dont l’œuvre a brillamment traversé cinq décennies.
Mais était-ce vraiment une surprise ? Pas vraiment pour qui a suivi le travail de Michel Legrand et la colossale remise en perspective, entre compilations, expositions et rétrospectives, d’un artiste dont l’aura dépasse désormais largement le cadre de la musique au cinéma. Pour la première fois à Paris, le compositeur y parcourt son répertoire en déroulant les multiples bobines de son œuvre, avec sa mythique collaboration avec Jacques Demy comme point d’orgue de l’événement.
Après avoir réalisé des arrangements dès le début des années 50 pour le petit monde de la chanson française, c’est durant la décennie suivante que le septième art lui tend les bras et lui permet de s’accomplir en s’inscrivant à sa manière dans la Nouvelle Vague naissante. « J’ai fait du cinéma car je n’étais pas reconnu par le milieu musical », avouait-il en 2017 sur France Culture lors de l’émission Les grands entretiens. Ce virage gagnant l’amènera à graver près de 200 thèmes pour le grand et le petit écran. Les fastes années 60 lui permettent alors de signer des compositions pour Jean-Luc Godard et Agnès Varda, ainsi qu’avec le mari de cette dernière, Jacques Demy, grand aventurier de la comédie musicale. Pour lui, il signe les musiques de Lola et Peau d’Ane, et surtout, des Demoiselles de Rochefort et des Parapluies de Cherbourg, cette BO lui valant une nomination aux Oscars et l’appel de Hollywood.
Sa carrière internationale démarre alors, couronnée des succès de L’Affaire Thomas Crown puis d’Un Eté 42, qui lui vaudra à son tour l’Oscar de la meilleure musique de film en 1972.
De 1971 à 1975, Legrand décroche cinq Grammy Awards sur vingt-sept nominations avant de remporter son troisième Oscar en 1983 pour la bande originale de Yentl.
Ainsi richement auréolé, ce concert promet un générique constellé d’une pluie d’étoiles piochées dans sa quinzaine de classiques, parmi lesquels Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, Un Eté 42, Yentl, Gable et Lombard, The Picasso Summer, Destination Zebra station polaire, La Vie de château, Le Sauvage, Les Mariés de l’an II, Le Mans, Le Chasseur et L’Affaire Thomas Crown. Où des projections d’extraits de films accompagnent par l’image l’un des plus beaux mariages du XXe siècle, celui d’une inspiration musicale d’une modernité insolente à un certain âge d’or du cinéma.