Les écrits de Weill (Éditions de la Philharmonie) révèlent la grande proximité du compositeur avec ses interprètes. De Lotte Lenya à Catherine Sauvage, de Sarah Vaughan à David Bowie, de Max Raabe à Barbara Hannigan, ceux-ci célèbrent ici à leur manière son œuvre protéiforme.
Bertolt Brecht – « Mackie-Messer »
Song iconique du duo Brecht/Weill, extrait de L’Opéra de quat’sous, l’inusable complainte de « Mackie-Messer » (« Mack The Knife » en anglais) s’élève ici à travers la voix de Brecht qui, grinçante et roucoulante, en restitue au mieux toute la sombre beauté. Un enregistrement historique.
Lotte Lenya – « Surabaya Johnny »
Interprète fétiche de Kurt Weill, dont elle fut la muse et la compagne, la grande Lotte Lenya confère à « Surabaya Johnny », poignante ballade mélancolique, une extrême densité dramatique.
Gisela May – Les Sept Péchés capitaux
Figure majeure du Berliner Ensemble, l’actrice et chanteuse Gisela May grave sur disque en 1966 Les Sept Péchés capitaux, le ballet chanté de Brecht et Weill. Y figure notamment cette superbe et glaçante « Luxure ».
Lys Gauty – « Je ne t'aime pas »
Chanteuse française un peu oubliée aujourd’hui, Lys Gauty compte parmi les premières interprètes de Kurt Weill. En 1934, il compose pour elle deux chansons (sur des poèmes de Maurice Magre), dont « Je ne t'aime pas », inexorable agonie d’un cœur blessé.
Kurt Weill – « Speak Low »
Kurt Weill susurre ici lui-même « Speak Low », ballade douce-amère célébrant l’amour à voix basse, l’une de ses chansons les plus populaires, dont existent de très nombreuses versions.
David Bowie – « Alabama Song »
Enregistrée par David Bowie à la fin des années 1970, au sortir de sa période berlinoise, avec Tony Visconti à la production, cette reprise tout feu tout glam d’« Alabama Song » semble jaillir du plus extravagant des cabarets.
Sarah Vaughan – « September Song »
Composée en 1938 par Kurt Weill pour la comédie musicale Knickerbocker Holiday, « September Song » est devenue un véritable standard. Se lovant dans une mélancolie alanguie, Sarah Vaughan la transforme en un morceau de pur velours.
Catherine Sauvage - « Bilbao Song »
En 1961, Catherine Sauvage livre une version pétillante à souhait de « Bilbao Song », chanson extraite de Happy End, avec de savoureuses paroles françaises signées Boris Vian.
Betty Carter – « Lonely House »
Avec Street Scene, créé à Broadway en 1947, Kurt Weill oscille entre opéra européen et comédie musicale américaine en intégrant aussi jazz et et blues, comme sur « Lonely House », lamento dépouillé que Betty Carter s’approprie en beauté 50 ans plus tard.
London Sinfonietta – « Here I’ll stay »
Sur l’album Weill on Broadway, paru en 1996, le prestigieux London Sinfonietta interprète un florilège de morceaux composés par Kurt Weill pour la scène américaine, dont « Here I’ll stay » (Love Life) auquel le baryton Thomas Hampson donne une intense résonance.
Max Raabe & Palast Orchester – « Blues pot-pourri »
Ensemble berlinois contemporain perpétuant le répertoire des années 1920/30, le Palast Orchester – dirigé par le chanteur Max Raabe – rend un flamboyant hommage à Kurt Weill avec l’album Charming Weill, sorti en 2001. On y trouve notamment Blues pot-pourri, savoureux concentré de L’Opéra de quat’sous.
Barbara Hannigan & Alexandre Tharaud – « Youkali »
Chanson construite sur un rythme de tango, « Youkali » est la version vocale d’un intermède de Marie Galante, pièce avec musique composée par Kurt Weill durant son exil parisien. Accompagnée par Alexandre Tharaud au piano, Barbara Hannigan la transporte vers les cimes du lyrisme.
Nouveauté des Éditions :
Kurt Weill, De Berlin à Broadway. Écrits, 1924-1950, édition établie par Pascal Huynh, textes traduits du danois, de l’allemand et de l’anglais par Philippe Bouquet, Pascal Huynh, Diane Meur et Philippe Mortimer, avec la collaboration de René Lambert, Éditions de la Philharmonie, coll. « Écrits de compositeurs », 2021.