Un podcast pour les 3-6 ans.
Conte-moi la musique : des histoires fabuleuses, drôles et poétiques, imaginées à partir des instruments du Musée de la musique.
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Il était une fois, une musicienne qui travaillait pour le roi. Le roi avait besoin de musique pour s’endormir.
Alors chaque soir, quand le roi était couché, cette musicienne lui jouait du clavecin.
Une fois le roi assoupi, la musicienne quittait la chambre royale sur la pointe des pieds. Elle sortait du Palais pour rentrer chez elle, tard, très tard. Quand elle arrivait dans sa maison, tout était silencieux. La femme se rendait dans la chambre de son enfant, qui dormait depuis longtemps. Elle l’écoutait respirer un moment, puis elle refermait tout doucement la porte de la chambre et partait se coucher à son tour.
La nuit passait.
Un nouveau jour se levait. À la fin de l’après-midi la femme et son enfant se retrouvaient seule-à-seul dans le salon de la maison. C’était leur moment partagé à tous les deux.
La maman s’installait sur son tabouret, face au clavecin de famille. L’enfant se tenait debout juste à côté
Dès que la maman touchait une note, une vibration sortait du clavecin et venait se poser sur la table du salon. C’est alors que la table se mettait à danser sur ses 4 pieds. Puis, la maman jouait 4 autres notes, 4 vibrations différentes sortaient du clavecin, et venaient se poser sur les 4 chaises du salon. Les chaises se mettaient à danser avec la table.
À ce moment, l’enfant rejoignait la table et les chaises pour danser avec elles.
Oui. Oui. Quel plaisir ressentait l’enfant !
Voyant cela, la maman jouait d’autres notes. La pendule, les rideaux, le miroir, le vase… tous les objets du salon se mettaient à virevolter avec l’enfant. Même la cage à oiseaux s’ouvrait. Les oiseaux, libérés dans le salon, chantaient et dansaient comme des singes. Oui. Oui.
Au bout d’une heure de folie heureuse, la maman rassemblait tous les sons et les remettait délicatement dans le clavecin de famille.
Voilà. C’était le signal du Au-revoir-bisous-à-demain-encore-c’-était-trop-bien.
Et la maman partait au travail au Palais du roi.
Seulement, un jour, l’enfant s’est retrouvé tout seul dans le salon. La maman était absente. La pendule indiquait une minute de retard sur l’horaire prévu. Une autre minute passa encore. C’était très long, toute une minute, pour l’enfant. Il devint triste. Une autre minute passa. La tristesse de l’enfant vira en colère. Il cru que sa maman l’avait oublié. La colère monta, enfla. Une autre minute encore. L’enfant devint furieux. Il s’approcha du clavecin de famille et tapa lourdement sur le clavier.
Kring Krrrang Krong.
Des sons crochus sortirent du clavecin. C’était le chaos dans le salon. La table sauta bruyamment, les chaises crissèrent sur le sol, la pendule tambourina contre les murs.
L’enfant senti soudain une main sur son épaule. Il sursauta, se retourna. La maman le regardait avec étonnement :
- Que se passe t’il ?
- Euh, répondit l'enfant qui avoua avoir pensé qu'elle l'avait oublié.
- Ah bon ! Moi qui étais montée au grenier pour chercher quelque chose pour toi.
- C'est quoi ?
- Elle déposa dans les bras de l’enfant un paquet lourd, couvert de poussière.
- Tu peux ouvrir.
Il découvrit un clavier décoré.
- C’est le clavicorde sur lequel j’ai appris à jouer. Regarde le dessin de la bataille navale peint sur le couvercle, il t’aidera à traverser toute colère, comme on traverse la mer.
- Je peux y jouer ?
- Pas avant d’avoir rangé tout le salon. Assieds-toi à côté de moi et jouons en tapant légèrement sur le clavier !
La maman sourit à son enfant, ravie.
Et moi je peux dire que cet enfant-là a bien grandi. Il est devenu, tu sais quoi ? Claveciniste !