Message d’information

Fermeture

Le Musée est fermé pour travaux jusqu’au 12 novembre

En savoir plus

Philharmonie de Paris - Page d'accueil

Saison 3 - Épisode 4 - Les serpents de Dionysos

Publié le 16 septembre 2022 — par Albert Sandoz

Connaissez-vous cet épisode de la mythologie grecque ? Dionysos a donné à deux serpents le pouvoir de transformer des animaux en instruments de musique ! 

Un podcast pour les 3-8 ans.

Conte-moi la musique : des histoires fabuleuses, drôles et poétiques, imaginées à partir des instruments du Musée de la musique.

Écoutez ce podcast sur Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts ou Spotify.

 

Transcription :

LES SERPENTS DE DYONISOS

Conte écrit par Albert Sandoz

 

On nous cache tout, on nous dit rien, même quand il est question de mythologie grecque ! Tenez, aviez-vous eu vent de cette histoire ?

 

Tout en haut du Mont Olympe, Dionysos s’ennuyait ferme.

Le dieu de la fête était pourtant bien accompagné, il était dans un beau jardin fleuri, avec des arbres plein de fruits, il dégustait un raisin juteux et buvait de l’ambroisie, le nectar des dieux qui leur permet l’éternité. Mais il s’ennuyait, ça manquait de musique. Orphée était parti avec sa lyre et les argonautes à la recherche de la toison d’or et Pan était parti on ne sait où encore pour séduire les masses avec sa flûte…  Peut-être dans la ville de Hamelin lui avait on dit.

De toute façon, la lyre, la flûte… Dionysos les avait trop entendues. Il avait envie d’écouter de nouveaux sons. C’est alors qu’il a vu passer deux grands serpents noirs, il les a attrapés, un dans chaque main : « Hey les serpents, j’ai envie de vous donner un pouvoir à tous les deux. A partir de maintenant, il vous suffira de mordre un animal pour le transformer en instruments de musique, ça va être marrant, nan ? ».

Les deux serpents noirs sont partis du Mont Olympe tout contents en glissant comme dans un toboggan.

« T’as vu frère, on a un de ces pouvoirs. »

« Ouais grave, c’est du lourd cousin… »

Au flanc de la montagne, une petite grotte, à l’intérieur : un petit dragon, le dernier de son espèce. « Eh frère on va siffler et ça va le faire sortir t’as vu », ils ont sifflé, le dragon est sorti, les serpents lui ont sauté dessus et l’ont mordu. Le corps du dragon s’est allongé, ses écailles se sont lissées, sa gueule s’est paralysée grande ouverte. Et tout au bout de sa queue statufiée est apparu une petite ouverture : une embouchure. C’est ainsi que le dernier dragon s’est transformé en instrument de musique : un cornet à bouquin !

Plus tard les deux serpents glissaient dans les hautes herbes. Près d’un arbre une zérafe. «T’as vu y’a une zérafe ! ».

« Oui une zérafe ! Une girafe zébrée ou un zèbre au long cou si tu préfères ».

Chaque serpent de Dyonisos a mordu une des pattes de la zérafe, son corps a vibré de bas en haut. Ses pattes se sont ratatinées, le corps s’est arrondi, le ventre s’est aplati et le cou est devenu manche avec des cordes. Elle s’est métamorphosé archiluth zébré.

Un peu plus loin : une plage. Sous le soleil brûlant ils ont aperçu une tortue de mer en train de pondre ses œufs. Tout doucement, les deux serpents ont glissé dans le sable. Et voilà que sous la morsure la tortue s’est transmuté en guitare.

Ils ont continué et ils ont transformé comme ça un tatou en charango, un corbeau en clarinette, un paon en vièle taus. Ils ont même rencontré un drôle d’animal : un chienard, mélange étrange entre un canard et un chien. Ils l’ont changé en cor anglais.

 

Du haut de l’Olympe, Apollon, dieu des arts et de la musique, était émerveillé par toutes ces nouvelles formes et tous ces nouveaux sons ! Mais quand sa sœur Artémis, déesse de la nature sauvage, a eu vent de ces métamorphoses, elle est rentrée dans une colère noire ! Certains de ses protégés comme le dragon, les zérafes ou le chienard avaient déjà disparu et d’autres animaux, comme le tatou ou la tortue de mer étaient en voie de disparition à cause des deux serpents de Dionysos ! Tout ça sous les applaudissements stupides de son propre frère Apollon ! Dionysos, lui, s’amusait follement : « ah ben voilà…Enfin... il va y avoir de l’ambiance... »

S’en est suivit une dispute à tout rompre, ça a tellement chauffé sur l’Olympe que le thermomètre est monté de plusieurs degrés. Zeus, a lâché des éclairs et la tempête s’est abattue sur le monde.

Pour résoudre cette dispute qui était en train de déchirer tout l’Olympe. On a appelé Thémis la déesse de la justice. Celle-ci est venue avec sa balance pour peser les arguments d’Artémis et d’Apollon. Trouver un équilibre entre les deux. Une solution viable pour les deux parties, comme on dit aujourd’hui. Artémis voulait préserver la biodiversité et Apollon ne pensait qu’à enrichir la musique en diversifiant les instruments. Entre nature et culture le choix est dur.

Thémis s’est retirée à Myticas, tout en haut du haut de l’Olympe pour réfléchir à son jugement au calme. Quand elle est revenue parmi les autres dieux elle a donné sa conclusion :

« Sans aucun doute les serpents de Dionysos ont enrichi la musique, bien collectif de l’humanité entière, mais dans le même temps, ils ont fait disparaître des animaux et mis à mal la biodiversité, richesse naturelle essentielle. Nous ne pouvons les laisser continuer ainsi. Toutefois, pour rendre hommage à leur œuvre : ils seront transformés en instruments de musique imitant leur souffle et leurs sifflements. Nous appellerons ces instruments : les serpents ! »

Extraits musicaux :
- Guem; Le Serpent, 1987, Le Chant du Monde – 674 845
- Plain-chant, Ave Maris Stella Volny Hostiou, serpent modèle Baudouin Musée de la musique 2007
Albert Sandoz