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Saison 3 - Épisode 6 - Moitié d'aigle

Publié le 16 septembre 2022 — par Sylvie Mombo

Le sommet de la montagne est si haut qu'il se perd dans les nuages. C'est le territoire des aigles. Au pied de la montagne vit une famille qui va vivre une drôle d'aventure.

Un podcast pour les 3-8 ans.

Conte-moi la musique : des histoires fabuleuses, drôles et poétiques, imaginées à partir des instruments du Musée de la musique.

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transcription :

MOITIE D’AIGLE

Conte écrit par Sylvie Mombo

Il était un pays lointain dans lequel se trouvait une montagne si haute qu’il était impossible de voir son sommet. Y monter ? Jamais personne n’avait osé. C’était le territoire des oiseaux…  Les aigles surtout.

L’on voyait souvent un couple d’aigles à tête blanche.
Agile, élégant, rapide.
Les deux rapaces scrutaient les flancs de la montagne, repéraient un rongeur ou un serpent, fonçaient sur lui, et hop ! Ils l’emportaient dans leurs serres aussi puissantes que des mâchoires. Puis ils disparaissaient dans les nuages, et il ne restait que l’écho lointain de leur chant… leur glapissement.

Au pied de la montagne, il y avait une maison. Dans cette maison il y avait une femme et un homme penchés au-dessus d’un petit lit de bois. La maman chantait, le père caressait la tête de l’enfant.

C’était le premier matin du printemps et le bébé n’avait pas beaucoup dormi. Il avait tellement gigoté que ses cheveux dorés en étaient tout hirsute.
À un moment, l’homme a dit qu’il partait chasser, la femme a hoché la tête puis elle a pris l’enfant dans ses bras pour le bercer, encore. Elle était tellement épuisée que c’est elle qui s’est endormie.
Le bébé s’est laissé glisser le long de ses jambes. Sur le sol, il a foncé à quatre pattes jusqu’à la porte. Une fois dehors, il a continué d’avancer, droit vers la montagne.
Il a grimpé quelques mètres et s’est bientôt retrouvé face à un gros serpent.
A ce moment-là, deux ombres majestueuses ont caché le soleil. Agiles, élégantes, rapides. C’était le couple d’aigles. La femelle a piqué droit vers le bébé et l’a soulevé si vite que le serpent en est resté saisit d’étonnement. Le second aigle, le mâle, en a profité pour s’emparer de lui. Ce serpent serait leur festin du soir !
Dans le ciel, des glapissements de contentement se mélangeaient aux rires du bébé. Car oui ! Le bébé a ri quand il s’est retrouvé haut dans les airs. Il a continué de rire lorsqu’il s’est vu déposé au chaud dans un nid, tout en haut de la montagne. Il a ri encore en découvrant un petit aiglon piailler dans le nid… Il a joué avec le bébé aigle et cela l’a fait rire aussi. Il a ri ri ri… Puis s’est endormi, au fond du nid.

Le lendemain matin, à son réveil, le bébé ne riait plus du tout. Le chant de sa maman, les caresses de son papa ! Cela lui manquait. Il avait faim aussi. Il faut dire que la chair crue du serpent ne lui disait rien. D’ailleurs il n’avait même pas encore de dents !
Alors, le couple d’aigles et leur aiglon ont su qu’il était temps de ramener ce petit d’homme à ses parents.

Dans la maison, la femme et l’homme avaient le cœur qui s’emballait. Ils avaient fouillé les villages, les cours d’eau et la forêt, les moindres chemins. En vain. Ils s’apprêtaient maintenant à gravir la montagne. La femme ouvrit la porte et son mari la suivit. La lumière de ce deuxième petit matin de printemps les éblouit. Puis subitement deux ombres majestueuses cachèrent le soleil. Agiles, élégantes, rapides. Dans le ciel planaient deux aigles glapissants, suivis d’un aiglon. Ils entendirent, à travers les glapissements, le rire de leur bébé… avant même de pouvoir le voir ! 





Puis les aigles se sont rapprochés à grands coups d’ailes gracieuses. Ils ont déposé l’enfant aux pieds de ses parents et se sont éloignés lentement.

La femme et l’homme ont serré leur bébé. Fort. Maintenant, leurs cœurs cognaient de soulagement et d’amour.

« Mon petit bébé ! Tu as bien failli devenir l’une des leurs. »



Et puis, le temps a passé. L’aiglon devenu aigle et le bébé devenu petite fille ont pris l’habitude de se retrouver sur la montagne, à l’endroit du serpent. Ils y ont passé des heures, plumes contre peau, glapissant et chantant… Grandissant, ensemble. Elle, tout le monde l’appelait « Moitié-d’aigle ». Et cela lui plaisait car c’était exactement celle qu’elle était devenue : une moitié d’aigle.

C’est en souvenir de cette amitié entre un aigle et une humaine, qu’au pied de la montagne, quand vient le printemps, les habitants dansent, chantent, jouent de la musique, et revêtent un étrange costume moitié-Homme, moitié-aigle.
 

Extraits musicaux :
- Modest Mussorgski (1839-1881), Zoryana Kushpler, Olena Kushpler,, Berceuse d'Eremouchka, 2009, Capriccio C5039
- Igor Stravinski (1882-1971), London Symphony Orchestra, Augures printaniers: Danses des Adolescentes, Le Sacre du printemps, Concert enregistré à la Cité de la musique 2015
- Béla Bartók (1881-1945), Laurent Korcia et Georges Pludermacher,, Danse Roumaine n°3, Andante, 2004 
 
Sylvie Mombo