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Le metal, une histoire de genres #8 – Folklorisme et metal : le recours aux cultures ancestrales

Publié le 11 juillet 2024 — par Corentin Charbonnier

— Heilung - © Corentin Charbonnier

À travers l’utilisation d’instruments traditionnels, les pratiques corporelles ou la réappropriation d’un imaginaire ancestral, certains courants du metal accordent une place centrale à un folklore sans cesse réinventé.
— Bloodywood – Aaj

On ne peut résumer en quelques lignes le lien entre cultures locales et metal, tant en matière d’inspiration que de signification anthropologique. Pour autant, le terme «folklorisme metal» permet de montrer que le metal n’est pas décorrélé de la société, de ce qui se joue in situ, du passé vécu, perçu, ou réapproprié. Certains groupes se sont approprié des enjeux politiques dans un contexte social donné, intégrant notamment des éléments de cultures marginalisées par la mondialisation. À ce titre, Sepultura s’est montré particulièrement revendicatif dès le début des années 1990, tant dans sa musique que dans ses paroles, n’hésitant pas à introduire dans ses rythmiques des percussions traditionnelles brésiliennes.

— Arka’n Asrafokor – Tears of the Dead

Aujourd’hui, le rapport du metal aux cultures traditionnelles se décline sous trois aspects, qui peuvent se combiner : les instruments, voix comprises (Eluveitie, Bloodywood, Heilung), l’imaginaire convoqué dans les textes, souvent une réappropriation plus ou moins fidèle d’un passé commun (Heilung, Wardruna, Alien Weaponry), ou le rapport au corps, qui s’exprime par les costumes, les ornements ou les modifications corporelles (Wardruna, Heilung, Batushka). Notons également que certains groupes prennent appui sur les générations précédentes des artistes metal de leurs pays respectifs afin de construire leur identité. 

— Heilung – Anoana

Passion, résistance, émancipation, valorisation, véritable engagement (ou parfois création de groupes par des labels identitaires, avec les dérives qu’ils comportent) sont autant d’enjeux qui traversent ce recours au folklore et qui permettent d’interroger sa pérennité dans les décennies à venir.

— Sólstafir – Ótta
Corentin Charbonnier

Docteur en anthropologie et photographe, Corentin Charbonnier est l’auteur d’une thèse intitulée Le Hellfest - Un pèlerinage pour metalheads. Il est co-commissaire de l’exposition Metal organisée à la Philharmonie de Paris en 2024.