On ne peut résumer en quelques lignes le lien entre cultures locales et metal, tant en matière d’inspiration que de signification anthropologique. Pour autant, le terme «folklorisme metal» permet de montrer que le metal n’est pas décorrélé de la société, de ce qui se joue in situ, du passé vécu, perçu, ou réapproprié. Certains groupes se sont approprié des enjeux politiques dans un contexte social donné, intégrant notamment des éléments de cultures marginalisées par la mondialisation. À ce titre, Sepultura s’est montré particulièrement revendicatif dès le début des années 1990, tant dans sa musique que dans ses paroles, n’hésitant pas à introduire dans ses rythmiques des percussions traditionnelles brésiliennes.
Aujourd’hui, le rapport du metal aux cultures traditionnelles se décline sous trois aspects, qui peuvent se combiner : les instruments, voix comprises (Eluveitie, Bloodywood, Heilung), l’imaginaire convoqué dans les textes, souvent une réappropriation plus ou moins fidèle d’un passé commun (Heilung, Wardruna, Alien Weaponry), ou le rapport au corps, qui s’exprime par les costumes, les ornements ou les modifications corporelles (Wardruna, Heilung, Batushka). Notons également que certains groupes prennent appui sur les générations précédentes des artistes metal de leurs pays respectifs afin de construire leur identité.
Passion, résistance, émancipation, valorisation, véritable engagement (ou parfois création de groupes par des labels identitaires, avec les dérives qu’ils comportent) sont autant d’enjeux qui traversent ce recours au folklore et qui permettent d’interroger sa pérennité dans les décennies à venir.