Comment associer les critères de conservation d’un musée et la remise en état de jeu d’un violon de plus de trois siècles ? Lever de voile sur le processus de restauration du "Davidoff".
Comme la plupart des violons de cette époque, le "Davidoff" a vu nombre de ses pièces changées et modifiées au cours du temps pour l’adapter à l’évolution du répertoire et des techniques de jeu. L’instrument tel qu’il nous parvient aujourd’hui est doté d’un montage vieux d’une cinquantaine d’années tout au plus 1. Le manche ancien est au moins le troisième qui ait été monté sur l’instrument depuis sa création en 1708.
La caisse de résonance (le « coffre ») et le chevillier (la « tête ») de l’instrument sont quant à eux originaux et préservés. Ils témoignent encore, malgré le passage du temps, de l’excellence du savoir-faire de l’atelier d’Antonio Stradivari.
Il ne s’agit donc pas de restaurer l’instrument pour le ramener à un hypothétique état d’origine ni même ancien, mais d’adapter son montage et son jeu à notre époque, et d’optimiser son fonctionnement musical. Suivant la déontologie actuelle des musées, les éléments originaux sont intégralement conservés, et les différents états de l’instrument documentés.
Certaines fragilités structurelles de l’instrument devaient être traitées : des zones décollées ont été nettoyées et recollées. D’anciennes fractures de la table d’harmonie demandaient à être stabilisées. Le renforcement de la tête originale, par la pose de copeaux de bois enroulés en spirale et collés à l’intérieur des trous des chevilles, s’est également avéré nécessaire. Certaines anciennes retouches non originales ont été allégées sur la table d’harmonie, et la surface de l’instrument a été nettoyée, afin d’améliorer la lisibilité du vernis original. Ce travail extrêmement minutieux a souvent été réalisé sous loupe binoculaire, une sorte de microscope de travail.
1Le « montage » est l’ensemble de pièces, la plupart amovibles, qui permettent la mise en position (le « montage ») des cordes. Il influe entre autres sur l’équilibre sonore (par exemple entre les cordes graves et aiguës) et l’ergonomie de l’instrument (longueur vibrante, distances des cordes à la touche, etc.). Chevalet, chevilles, bouton, cordier et cordes, mais aussi touche, sillets et âme constituent le montage.