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Les Clés du classique #43 - La Symphonie n° 9 « Du Nouveau Monde » de Dvořák

Publié le 12 février 2024 — par Charlotte Landru-Chandès

S’il est l’auteur de concertos, opéras ou encore mélodies, Antonín Dvořák est surtout connu pour ses neuf symphonies. À travers elles, il brosse le portrait de sa chère Bohême natale, en particulier dans la dernière symphonie, dite « Du Nouveau Monde », la plus célèbre des neuf.

En septembre 1892, Dvořák débarque à New York avec sa famille et prend la tête du Conservatoire national américain. C’est là, aux États-Unis, qu’il va composer ses œuvres les plus connues : son Quatuor à cordes n°12 «Américain», son Concerto pour violoncelle, et donc, sa Symphonie «Du Nouveau Monde».

La dernière symphonie de Dvořák, la Huitième, remonte à 1889-90. C’est une œuvre composée dans l’intimité et le calme de la campagne de Vysoká, en Bohême. C’est dans un cadre très différent que commence l’écriture de la Neuvième Symphonie, en janvier 1893. Elle est la première œuvre que Dvořák compose sur le sol américain.

Inévitablement, elle s’inspire de ses nouvelles expériences. Dès les premiers temps de son séjour, Dvořák s’intéresse aux musiques afro-américaines et amérindiennes, qu’il découvre dans les rues de New York et lors de ses voyages à travers le territoire américain. 

Cependant, Dvořák affirme ne pas avoir emprunté des mélodies indiennes ou américaines. Il explique: «J’ai tout simplement écrit des thèmes à moi, leur donnant la particularité de la musique des Noirs et des Peaux-Rouges et, me servant de ces thèmes comme sujets, je les ai développés au moyen de toutes les ressources du rythme, de l’harmonie, du contrepoint et des couleurs de l’orchestre moderne.»

Le temps passe, et Dvořák commence à regretter sa Bohême natale. La nature, les forêts, les fêtes de village, ses proches… Dans l’agitation new-yorkaise, tout cela lui paraît bien loin! Ces élans nostalgiques se retrouvent dans la composition de sa Neuvième Symphonie. À propos de sa symphonie, Dvořák déclare: «C’est une musique tchèque où parle le pays natal, mais sans mon expérience américaine, je n’aurais jamais pu la créer.»

L’œuvre se découpe en quatre mouvements, reliés par un réseau de correspondances. Les thèmes utilisés passent d’un mouvement à l’autre, si bien que les matériaux des trois premiers mouvements se retrouvent dans le finale. L’œuvre débute par un Allegro héroïque et affirmé, précédé d’une mystérieuse introduction. 

Le Largo, le mouvement lent, rendu célèbre par son solo de cor anglais, est quant à lui une page paisible et poétique. Une nouvelle fois, le compositeur laisse cours à ses talents de mélodiste. Il reprend une scène du Chant de Hiawatha, un poème épique d’inspiration indienne de Henry Longfellow. Dvořák s’inspire ici de la scène des funérailles dans la forêt.

Le troisième mouvement, un scherzo, semble également s’inspirer du poème de Longfellow et dépeint une fête indienne. Pourtant, c’est bien la musique de l’Europe centrale qu’on entend dans son trio… Puissant, majestueux, le finale reprend les échos héroïques du premier mouvement, et termine l’œuvre en apothéose.

La Symphonie «Du Nouveau Monde» est créée le 16 décembre 1893, au Carnegie Hall de New York. Le public est en liesse, c’est un triomphe. Chaque mouvement s’accompagne d’ailleurs d’un tonnerre d’applaudissements. Dvořák rapporte à son éditeur Simrock qu’il devait répondre en saluant de sa loge «comme s’il était un roi!». Dvořák rentrera à Prague en avril 1895, après trois années passées comme directeur du Conservatoire de New York.

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

  • Un podcast de Charlotte Landru-Chandès
  • Réalisé par Taïssia Froidure
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris