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L’élégance expressive de Lisa Batiashvili est tout entière requise dans l’une des perles du répertoire mozartien, qui précède l’odyssée orchestrale, sertie de tourments, de luttes et d’extase qu’est la Symphonie n° 5 de Mahler.
Composé en 1775, le Concerto pour violon n° 5 n’est pas seulement le plus connu : il est au nombre de ces œuvres où la grâce mozartienne, immédiatement reconnaissable, atteint ses sommets. Virtuose, certes, mais sans nulle ostentation, il fonde l’art du dialogue entre orchestre et soliste sur sa richesse mélodique : c’est elle qui rayonne dans la cantilène rêveuse de l’Adagio ombrée de drame par le violon, ou dans le Finale où Mozart, à la manière de Haydn, s’abandonne à l’énergie des rythmes hongrois.
Autre expérience viennoise, plus inquiète, la Symphonie n° 5 de Mahler est une ample fresque poétique dont les cinq mouvements, organiquement liés, convoquent l’énergie de la danse, la mélancolie funèbre, la fièvre de la masse orchestrale comme la rigueur de la fugue. L’inquiétude s’y soulage parfois du voile d’ironie propre au compositeur, où s’abandonne à une élégie sans limites : « l’Adagietto » pour cordes évoque immanquablement les images de Visconti dans son film Mort à Venise, inspiré de la nouvelle de Thomas Mann. L’effondrement d’un système de valeurs esthétique et bourgeois devant la toute-puissance du désir est aussi une poignante méditation sur les pouvoirs de la musique.
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Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie
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