Extraits
Extraits
Orchestre de Paris / Lahav Shani
Kirill Gerstein - Beethoven, Tchaïkovski
Enregistré le 14 décembre 2022
(Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie)
Programme
1.
Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur, op. 19
02:14
Extrait
Composition : commencée en 1788, remaniée jusqu’en 1801
Création : le 29 mars 1795, à Vienne, par le compositeur au piano
Dédicace : à Charles Nickl de Nickelsberg
Effectif : flûte, 2 hautbois, 2 bassons – 2 cors – cordes
Durée : environ 28 minutes
Création : le 29 mars 1795, à Vienne, par le compositeur au piano
Dédicace : à Charles Nickl de Nickelsberg
Effectif : flûte, 2 hautbois, 2 bassons – 2 cors – cordes
Durée : environ 28 minutes
Bien que l’histoire l’ait présenté comme le deuxième, ce concerto est en réalité le premier mis en chantier par Beethoven, d’abord entre 1787 et 1789, puis en 1795, date de la publi-cation. C’est donc un jalon important dans son parcours : il en assura lui-même la création au Burgtheater de Vienne (ce fut son premier concert public) s’imposant à la fois comme soliste et comme jeune compositeur reprenant le flambeau de Mozart. Et encore toute mozartienne, la partition l’est assurément, même si le sens des contrastes dramatiques y préfigure magnifiquement les œuvres de la maturité de « Ludwig van ».
Le premier mouvement, Allegro con brio, qui s’ouvre sur un accord triomphant, se construit sur l’opposition classique – ici particulièrement exacerbée – entre un thème rythmique et un thème mélodique. Soulignant ce contraste, le piano entraîne l’orchestre dans un développement modulant, avant de s’engager dans une cadence de soliste particulièrement redoutable, fondée sur une brillante exploitation de toutes les virtualités du premier thème: tardive (1809), elle diffère de celle que la création, qui fut probablement improvisée.
Le deuxième mouvement, Adagio, explore une veine plus contemplative: le soliste y commente avec un grand raffinement un thème principal lyrique, anticipant sur les thèmes à la fois poignants et éthérés dont Beethoven, dans sa musique de piano comme dans ses quatuors, allait se montrer prodigue. Le Finale témoigne de la joyeuse vivacité d’un compositeur juvénile. C’est le piano qui propose le thème du refrain enjoué, presque espiègle, d’un mouvement dont la légende veut qu’il ait été composé, en catastrophe, la nuit précédent la création ! Vraie ou faisse, l’anecdote convient à cette pièce où se côtoient des couplets dans le goût populaire, souvenir de ländler entendus dans la campagne autrichienne, et des incises plus dramatiques. Nuages très passagers toutefois : c’est bien l’alacrité et la virtuosité qui dominent un mouvement compact et dynamique, ouvrant, bien plus qu’il ne referme un livre, sur les richesses à venir.
2.
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Casse-noisette : Danse de la fée Dragée : rappel
01:09
Extrait
3.
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Symphonie n° 5 en mi mineur, op. 64
02:38
Extrait
Composition : en 1888.
Création : à Saint-Pétersbourg le 5 novembre 1888 sous la direction du compositeur.
Dédicace : à Theodor Avé-Lallemant, pédagogue, critique et musicographe
Effectif : 3 flûtes (la 3e aussi piccolo), 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba – timbales – cordes.
Durée : 50 minutes
Création : à Saint-Pétersbourg le 5 novembre 1888 sous la direction du compositeur.
Dédicace : à Theodor Avé-Lallemant, pédagogue, critique et musicographe
Effectif : 3 flûtes (la 3e aussi piccolo), 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba – timbales – cordes.
Durée : 50 minutes
Le 25 mars 1888, Tchaïkovski confie à son frère Modest son intention d’écrire une symphonie. Il peine à entamer la partition, se lance au mois de juin et l’achève en août. À l’automne, la création de la Symphonie n° 5 enthousiasme le public tandis que les critiques réagissent assez froidement. Le compositeur se met à douter. « N’ai-je vraiment plus rien à dire ? Est-ce vraiment le commencement de la fin ? S’il en était ainsi, ce serait terrible », s’effraie-t-il dans une lettre à sa mécène Nadejda von Meck. Il est quelque peu rasséréné lorsque l’œuvre est applaudie à Hambourg le 15 mars 1889.
Si les articles de presse l’atteignent si vivement, c’est notamment parce que sa musique transpose ses émotions les plus intimes. Des intentions programmatiques apparaissent sur les esquisses de la Cinquième Symphonie. Tchaïkovski écrit par exemple: « Introduction : soumission totale devant le destin ou, ce qui est pareil, devant la prédestination inéluctable de la providence. Allegro I. Murmures, doutes, plaintes (…). II. Ne vaut-il pas mieux se jeter à corps perdu dans la foi ? Le programme est excellent, pourvu que j’arrive à le réaliser. » L’œuvre est fondée sur un thème récurrent (présent dans tous les mouvements) qui pourrait bien incarner le fatum (destin) et la « soumission totale devant le destin ». De caractère funèbre et mélancolique quand les clarinettes l’exposent dans les premières mesures de la symphonie, il devient cuivré et triomphant au centre de l’Andante cantabile et plus menaçant à la fin de ce même mouvement. Les clarinettes et bassons le murmurent à la fin de la Valse. Puis il nourrit la totalité du Finale, où il se mue en un cantique solennel.
La lumière des dernières pages paraît triompher des sentiments qui ont parcouru les quatre mouvements : vivacité fiévreuse, plainte ou ton pastoral de l’Allegro con anima ; passion fervente de l’Andante cantabile ; élégance transparente de la Valse. Mais Tchaïkovski n’ayant jamais adhéré totalement à quelque précepte religieux, on peut aussi interpréter la conclusion comme une victoire du destin implacable.
À l’instar de la célèbre « Pathétique », la Symphonie n° 5 de Tchaïkovski confie à l’orchestre le livre secret d’une âme à la fois angoissée et idéaliste. En regard, c’est toute la verve du jeune Beethoven qui déferle sous les doigts de Kirill Gerstein.
C’est encore sous l’emprise de son ouverture d’Hamlet que Tchaïkovski composa en 1888 sa Symphonie n° 5, à la fois poème du destin et album intime de tourments intérieurs. Unifiés par un thème cyclique, les quatre mouvements semblent chercher la sérénité à travers l’ombre, jusqu’à ce qu’éclate, en un Finale grandiose, la possibilité d’une consolation par la foi.
Encore classique et mozartien de facture, le Concerto pour piano n° 2 de Beethoven déploie toute sa verve au fil de trois mouvements : dialectique classique de l’Allegro, avec sa spectaculaire cadence de soliste, lyrisme plus contemplatif du Largo – qui renferme l’une des plus sublimes inspirations mélodiques de la première période de Beethoven –, verve joyeuse et juvénile du Finale, dont la légende veut que le refrain ait été composé, en catastrophe, la nuit précédant la création de l’œuvre !
Distribution
Orchestre de Paris
Lahav Shani,
direction
Kirill Gerstein,
piano
Compositeurs - Auteurs
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Ludwig van Beethoven
À suivre