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11e Biennale de quatuors à cordes : entretien avec le Quatuor Modigliani

Publié le 17 janvier 2024

— Entretien avec le Quatuor Modigliani

Nous sommes le Quatuor Modigliani, quatuor français, et nous fêtons cette année nos 21 ans d’existence. Nous sommes issus de plusieurs coins de France et on s’est constitué au Conservatoire à Paris. Nous avons la chance d’avoir un répertoire immense qui va de Haydn aux compositions de nos jours. Nous avons récemment créé une œuvre d’Elise Bertrand jeune compositrice française. Donc on a cette chance d’avoir un répertoire infini et je pense qu’on aura jamais assez de toute une vie pour pouvoir jouer toutes les œuvres qu’on a envie de jouer en quatuor à cordes. C’est très important pour nous d’apparaître à la Biennale, car c’est un rendez vous majeur pour les quatuors à cordes français et internationaux et c’est un rendez vous qu’on ne manquerait pour rien au monde. Et jouer dans cette salle magnifique, ça reste un rêve pour tout quartettiste de pouvoir s’épanouir au niveau du son dans une acoustique parfaite. Le 19 janvier, effectivement, nous jouerons tout d’abord les trois pièces de Stravinski avec des esprits extrêmement différents qui nous amènent un tout petit peu dans les sphères, comme Stravinski sait le faire. Et justement, nous allons enchaîner sur Chostakovitch, le Quatuor n°3 qui a été composé en 1946, en mémoire de la Shoah et c’est ça aussi les cinq mouvements extrêmement variés qui décrit cette époque. Et nous finirons avec le premier quatuor de Beethoven dans les opus 59 de Razoumovski. Voilà aussi un chef d’œuvre qu’on ne présente plus lors du concert de clôture de la Biennale de Quatuors à cordes. Nous sommes très heureux de jouer pour la première fois dans la Grande salle Pierre Boulez. Nous jouerons trois pièces. Une pièce de Webern, Langsamer Satz, qui est une pièce dédiée à son amour de jeunesse. Donc nous ne sommes pas du tout dans l’atonalité. C’est un peu la fin du romantisme. Après, nous jouerons cet Octuor de Mendelssohn qui a été composé par ce génie de seize ans. Une pièce vraiment exceptionnelle que nous jouerons avec le quatuor Leonkoro. Et c’est vrai que Schumann disait de cet octuor de Mendelssohn qu’il n’avait jamais vu une pièce d’une telle maturité, d’une telle perfection composée par un jeune compositeur, et nous clôturerons par une version orchestrale avec des membres des magnifiques quatuors Barbican Chaos, Arod et bien d’autres. Ce Quatuor de Grieg, qui est un Quatuor vraiment autobiographique d’une période de sa vie où ils ne se sent peut être pas si bien que cela. Et c’est un petit clin d’œil à la prochaine sortie de notre disque où nous venons de graver le quatuor de Grieg et le Quatuor de Smetana “De ma vie”. Je crois que nous, quand on était jeune, on avait la chance d’être accompagnés par nos aînés ou des grands quatuors qui nous ont accompagnés, auxquels on a pu prendre conseil. Et aujourd’hui, c’est certainement comme cela pourrait se ressentir sur le concert de dimanche avec toute cette jeune génération. Aujourd’hui, quand on a 24-25 ans, choisir de s’engager dans la vie d’un quatuor, c’est un engagement qui pousse l’admiration. Et c’est vrai qu’on a la chance de pouvoir les accompagner au travers de plusieurs structures comme le festival Vibre ! à Bordeaux, également au sein de notre classe “Élite”, à l’Ecole normale de Paris. Il est fantastique pour le public qui vient sur un, deux, voire plusieurs concerts de cette Biennale. C’est de pouvoir se rendre compte à quel point le répertoire du quatuor à cordes est fantastique. Il est gigantesque, C’est très rare le nombre de compositeurs qui n’ont pas écrit de quatuors et c’est à chaque fois à un moment charnière de leur vie où ils veulent peut-être communiquer de la manière la plus intime, leur sentiment le plus profond. J’invite donc le public à rentrer en immersion dans ce monde des quatuors.

Le Quatuor Modigliani, qui a fêté ses vingt ans, s'est hissé au rang des plus grandes formations européennes. Il interprète des œuvres de Stravinski, Chostakovitch et Beethoven, avant de rejoindre d'autres quatuors dans un fabuleux concert de clôture.

Ils sont particulièrement renommés pour leurs interprétations des œuvres romantiques allemandes, et notamment celles de Schubert (dont ils ont récemment gravé l’intégrale des quatuors à cordes), Schumann ou Mendelssohn. Les membres du Quatuor Modigliani s’attachent pour cette Onzième Biennale de Quatuors à cordes à d’autres œuvres fondamentales du répertoire, en appariant Beethoven et Chostakovitch. Du premier, le Quatuor n° 7 op. 59 n° 1 « Razoumovski », avec lequel le compositeur renouvelle profondément le genre et définit le paradigme sur lequel s’appuieront tous les quatuors du XIXe siècle. Du second, le Quatuor n° 3, qui appartient à tout un ensemble d’œuvres associées aux thèmes de la guerre et de la violence, comme les Septième et Huitième Symphonies

Après avoir chacun donné un concert « en soliste », les quatuors Modigliani et Leonkoro joignent leurs forces dans le concert de clôture de la Biennale pour interpréter l’Octuor de Mendelssohn, chef-d’œuvre et coup de maître d’un compositeur encore adolescent.