La Philharmonie a son musée et ses salles d’expositions. L’installation de Goni Shifron s’est pourtant réservé un espace inédit et rien qu’à elle pour s’offrir aux regards à 360°, tel un paysage suspendu, confondant sa ligne d’horizon photographique à l’espace du foyer du deuxième étage de l’institution. Ellipse est ainsi directement rattachée à la salle de concert, prolongeant son lien fort à la musique, exprimé dans la performance musicale et dansée créée par Simona Castria (saxophone), Rachel Koblyakov (violon), Kimiko Kitamura et Goni Shifron (performeuses) lors du vernissage.
Prix Fabuleuse Signature 2022
L’expérience sensible est une constante dans l’œuvre de la plasticienne. Ses sculptures et installations de terre, de sel ou de céramique témoignent d’une sensualité brute et mettent en espace la matière première des paysages désertiques de son enfance. Ses photographies et performances questionnent les notions de territoire, de frontière et d’identité au moyen de traces tangibles, mais oubliées.
Née dans un kibboutz au nord de la Galilée en 1986, Goni Shifron arrive en France à tout juste 20 ans pour étudier les arts du cirque puis les arts plastiques. Elle intègre finalement l’École nationale supérieure des arts décoratifs, dont elle sort diplômée en scénographie. En 2022, elle est distinguée par la Fondation Signature, qui encourage son travail du Prix Fabuleuse Signature, attribué à une créatrice ayant adopté la France pour y vivre et y développer sa vocation artistique dans les domaines de la peinture, de la sculpture, de la gravure, de la photographie, de la danse ou de la musique.
Dialogue avec son père
Les douze clichés argentiques d’Ellipse font converger deux regards, séparés de quarante années, traversant l’objectif d’un même boîtier argentique : celui du père de Goni Shifron en 1983, alors jeune soldat dans le sud du Liban pendant la guerre, et celui de l’artiste, postée de l’autre côté de la frontière, en Israël, en 2023, en temps de paix. « Je marchais le long de la Old Northern Road, explique-t-elle, et photographiais la même ligne d’horizon. Je voulais dialoguer avec lui. Je cherchais la trace sensible que ces paysages avaient imprimée en lui à travers l’objectif. »
Ce dialogue d’un regard à l’autre, d’un regard dans l’autre, invite à voyager par-delà les frontières, dans un paysage à la fois naturel et recomposé, réel et imaginé. Il convoque la géologie, les archives et l’histoire, personnelle et collective. Les cinquante tuiles de céramique cousues sur feutrine qui le ponctuent lui tendent leur courbe, leur matière et leur fragilité. Comme dévoilant de l’horizon les ellipses, ces résonances invisibles pour les yeux.
Une exposition produite par la Fondation Signature, en collaboration avec la Philharmonie de Paris
Ellipse, installation exposée du 5 novembre au 3 décembre 2024, foyer du deuxième étage, accessible aux personnes munis d’un billet de concert en Grande salle Pierre Boulez
Ouvert à tous du 5 au 10 novembre, de 14h à 18h.