Hôte régulier de la Salle Pleyel puis de la Philharmonie, Nicholas Angelich s'était notamment illustré dans l'interprétation de Beethoven, Brahms et Liszt. Maître des équilibres, prince des fulgurances, il régnait également dans l’ordre du timbre et des couleurs.
Nicholas Angelich était chez lui à Paris. À la Salle Pleyel, puis à la Philharmonie. L’histoire de ce compagnonnage jalonné d’une quarantaine de concerts laisse un souvenir émerveillé de l’immense pianiste qu’il fut, mais également amer si l’on songe qu’à 51 ans il est trop tôt pour s’en aller. De nombreux projets nous attendaient encore, à l’image de ceux qui figurent dans la saison 2022/2023.
Nicholas Angelich avait tout ce dont un pianiste peut rêver : la puissance, le style, le rubato, les couleurs, la tendresse, l’intensité, la fougue et l’ascèse. Son jeu était plein d’une félinité digitale sans entraves, confondante de facilité. Maître des équilibres et prince des fulgurances, Nicholas régnait également dans l’ordre du timbre et des couleurs. Une grande partie de lui-même transparaissait dans le son: pureté, irradiance, clair-obscur, tranchant. Il nous laisse en concerto, en récital comme en musique de chambre, des interprétations bouleversantes de Brahms. Il pouvait tout jouer, mais dans sa constellation et dans nos cœurs resteront des visions superlatives de Beethoven, Liszt, Schumann, Rachmaninoff, Prokofiev ou Chopin.
Doux rêveur et fin penseur, doté d’une écoute qu’aucun ego n’entravait, d’une attention rare à l’autre et toujours bienveillante, Nicholas Angelich était de ces êtres que tout le monde aime. Il n’y a qu’à se remémorer cette façon si singulière d’entrer en scène, cette façon d’être et de se déplacer vers le piano. Cette présence nous manque déjà. Nicholas Angelich était chez lui à Paris. Nous saluons la mémoire d’un immense musicien.
Ses deux amis, Martha Argerich et Renaud Capuçon, lui dédieront leur concert du lundi 25 avril.