Le Magazine
La musique de Gérard Grisey, avec en l’occurrence la découverte de sa pièce Vortex Temporum, a été l’un de mes premiers grands chocs esthétiques ! Pour moi, son œuvre a représenté, et représente encore, comme une perte totale de repères. Grisey m’a ouvert la porte d’un univers musical, d’une matière sonore, infinis ! Les Espaces acoustiques ont cette même force. Ce chef-d’œuvre fondateur explore un champ temporel absolument unique dans l’histoire de la musique. Vaste cycle de six pièces allant de l’alto solo au grand orchestre, l’œuvre propose comme un voyage en territoire lointain et inconnu. Ce parcours instrumental, articulant musiques soliste, chambriste, ensembliste et symphonique, en fait aussi la pièce idéale pour une nouvelle collaboration de notre Ensemble avec l’orchestre des étudiantes et étudiants du Conservatoire de Paris. L’occasion pour nos solistes de partager leur profonde connaissance de ce répertoire et leur passion pour la transmission avec leurs futurs collègues…
Pierre Bleuse dirige Les Espaces acoustiques de Gérard Grisey
Publié le 27 septembre 2023 — par Pierre Bleuse
Pierre Bleuse présente Les Espaces Acoustiques de Gérard Grisey
C’est la première fois que je vais diriger ce chef-d’œuvre. Là aussi, c’est un saut dans l’inconnu. C’est exactement ce que j’aime. Grisey, il se trouve, a été aussi un déclencheur dans mon adolescence, comme une découverte avec Vortex Temporum, cette pièce que j’ai beaucoup jouée à l’Opéra Garnier, pendant un mois, lorsque j’étais tout jeune avec l’ensemble Court-Circuit. Cette pièce a été un choc dans ma vie de musicien. Elle m’a complètement bouleversé. J’avais déjà eu l’occasion de diriger Partiels, dans Les Espaces acoustiques, juste cette pièce. Et donc maintenant, on va partir dans ce grand voyage qui va du solo jusqu’au très grand effectif. Ça sera un moment très fort dans la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie. Dans les projets essentiels, les projets magnifiques qui font tant sens pour moi, il y a le partage avec les étudiants du CNSM de Paris. Chaque année, il y a, de tradition, un grand concert où l’ensemble se mélange pour un programme orchestral de programmes qui permettent d’avoir de plus grandes formes orchestrales et d’avoir un moment privilégié d’échange, de partage avec les jeunes. Il se trouve que là, cet ADN de l’ensemble correspond, par le hasard, complètement au mien. Parce que j’ai, depuis toujours, construit, dès très jeune, des projets avec des plus jeunes, des projets sur la transmission. Ça a toujours été au centre de ma vie. On parle toujours de ce qu’on peut apprendre aux plus jeunes, mais c’est fou ce qu’on apprend des plus jeunes. Donc pour moi, c’est quelque chose qui correspond tellement à ce en quoi je crois, que c’est un projet essentiel. J’espère qu’on va en développer davantage autour de la jeunesse et de la transmission.
