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quatuor ÉbÈne : Beethoven around the world

Publié le 18 septembre 2020 — par Le Magazine

— Quatuor Ébène : Beethoven Around the World

On a joué aux quatre coins du monde, c'était l'idée de ce tour du monde.  On voulait présenter en 2020, pour les 250 ans de Beethoven, le fruit d'une confrontation de cette musique avec des cultures aussi éloignées que possible.  On est allés en Nouvelle-Zélande, en Afrique, au Kenya, et au Brésil, notamment, mais aussi au Japon, en Chine, en Corée, aux États-Unis.  Il y a eu beaucoup de rencontres avec des jeunes publics, des enfants.  On a aussi été confrontés à des situations de grande pauvreté.  Et c'est là que, je pense, on a les réponses les plus fortes.  Nous, on a l'habitude de jouer pour un public favorisé, très éduqué.  Et puis, le quatuor est un genre très élitaire.  Parce que ce n’est pas immédiatement accrocheur comme l’orchestre, avec toute cette dynamique, ces palettes de timbres, l’opéra, les voix, le spectacle d'un soliste...  Le quatuor, il y a quelque chose de très intellectuel.  C'est comme un croquis, une esquisse d’un texte. C'est toute l'essence de l'écriture.  On dit que c'est le genre le plus élevé du point de vue de la composition.  En gros, le bon compositeur, il ne peut pas mentir.  Dans le quatuor, ça doit être imbriqué parfaitement, pour que ça sonne bien.  Quand on rencontre un public absolument vierge de toute expérience de quatuor auparavant, on lui présente Beethov et on voit bien que Beethov a réussi quelque chose.  Il a réussi, je pense, notamment, par son rythme.  C'est-à-dire, comme Pierre disait, les effets, le temps.  Il est toujours soit surprenant, soit enquiquinant, car il retient l’attention, mais il vous tient par le bout du nez. Son discours est toujours captivant.  Beethov ne répète jamais, n'est jamais prévisible. Enfin, il répète souvent, mais on ne peut pas prévoir ce qu'il dit.  Et quand on se trouve en face d'un public dans un bidonville au Kenya, à côté de Nairobi, on joue pour des enfants extrêmement pauvres, qui parfois vivent grâce à des réseaux de criminalité.  Il y a toute une mafia, c'est terrible.  En même temps, ils ont la chance de jouer d'un instrument.  Et ils entendent ça et réagissent beaucoup plus spontanément qu’un public européen ou habitué, en tout cas.  Parfois même, jusqu'au rire.  C'est ce qui s'est passé et là, on s'est dit qu’effectivement, le pouvoir caché dans cette musique va au-delà de ce qu'on pense. Et Beethoven a réussi, je pense, en tout cas, on doit le croire pour continuer à jouer avec conviction, à s'adresser à n'importe qui. 

D’avril 2019 à janvier 2020 la formation française a parcouru le monde et enregistré l'intégrale des quatuors de Beethoven. Retour sur cette aventure exaltante avec le violoniste Pierre Colombet et le violoncelliste Raphaël Merlin.

Entre mai 2019 et janvier 2020, le Quatuor Ébène a enregistré les seize quatuors à cordes de Beethoven dans le cadre d'un projet mondial sur six continents. Avec cette intégrale, les quatre musiciens célébrent leur vingtième anniversaire de carrière, poursuivant cet enregistrement par des représentations du cycle complet dans de grandes salles européennes telles que la Philharmonie de Paris ou l'Alte Oper de Francfort. Des invitations du Carnegie Hall de New York, du Festival de Verbier et du Konzerthaus de Vienne étaient également au programme.