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Lekhfa, Love and Revenge, 47Soul : trois figures du renouveau musical du monde arabe

Publié le 04 avril 2018 — par Véronique Rieffel

© DR

Samedi 7 avril à 20h30, en écho à l’ouverture de l’exposition Al Musiqa, la Philharmonie s’offre un triple plateau célébrant les musiques urbaines venues d’Égypte, du Liban, de Jordanie et de Palestine.

Lekfha

Lekhfa (« en cachette ») désigne à la fois le collectif formé par les trois artistes phare de l’avant-garde égyptienne Maryam Saleh, Tamer Abu Ghazaleh et Maurice Louca, et le fruit de leur rencontre musicale en 2014, cultivé secrètement à Alexandrie dans un cabanon de bord de mer.

Plusieurs résidences à Amman, au Caire et à Beyrouth aboutissent ensuite à la création de cet album singulier, qui a la particularité d’être entièrement composé à partir des textes dystopiques de Mido Zoheir, poète que le trio considère comme le quatrième membre implicite du projet. Le rythme de sa prose se combine habilement avec le tempo musical, mélange de Mahragan (connu en France sous le nom d’électrochaabi), de chant traditionnel arabe, de beats électro et de musique psychédélique.

Le trio égyptien Lekhfa, dont la musique rythme par ailleurs le teaser de l’exposition Al Musiqa, sera pour l’occasion accompagné par Mahmoud Waly (basse), Khaled Yassine (batterie) et Ghassan Bouz (percussions).

Love and Revenge

Concert visuel mixant en direct des scènes des standards du cinéma égyptien et des tubes moyen-orientaux, Love and Revenge résulte d’une collaboration libanaise entre le musicien Wael Koudaih, connu sous le nom de Rayess Bek sur la scène hip-hop arabe, et Randa Mirza, vidéaste et plasticienne adepte des performances vidéo en temps réel.

Empruntant son nom au célèbre film de Youssef Wahbi de 1949 avec le duo mythique formé par Asmahan et Farid El Atrache (frère et sœur d’origine syrienne), cet objet scénique hybride propose un voyage dans l’âge d’or de la musique et du cinéma arabe, et tout particulièrement égyptien, où la comédie musicale était reine. On y retrouve un joyeux mélange de stars glamour, d’histoires romanesques, de grande liberté de mœurs sur fond de moult déhanchements, intrigues à rebondissements et mélismes vocaux.

Wael Koudaih et Randa Mirza seront accompagnés sur scène par Mehdi Haddab (oud électrique) et Julien Perraudeau (basse, clavier).

47Soul

47Soul – l’âme de 1947 – évoque un monde dans lequel les Palestiniens pouvaient circuler librement. C’est cette liberté de mouvement que défendent les quatre membres de ce groupe formé sur la toile. Tous viennent d’univers artistiques distincts : Walaa Sbeit de la danse et du théâtre, El Far3i est batteur et rappeur, Z the People est autant influencé par la musique afro-américaine que par le raï algérien, enfin El Jehaz est un guitariste et producteur issu de la scène alternative jordanienne.

47Soul s’inscrit dans un mouvement qui revisite le riche répertoire des musiques traditionnelles du Moyen-Orient à l’aide du son électro. La dabke, musique de mariage pratiquée essentiellement en Palestine et en Syrie, et popularisée en Occident par Omar Souleyman, se mélange aux synthétiseurs analogiques et à des riffs de guitare hypnotiques pour créer une musique particulièrement rythmée, véritable invitation à la danse et à la transe sur laquelle se termine chaque concert du groupe.

Véronique Rieffel