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Les Clés du classique #4 - Winterreise de Schubert

Publié le 25 novembre 2020 — par Charlotte Landru-Chandès

Un an avant sa mort, Franz Schubert compose Winterreise (Voyage d’hiver), cycle de 24 lieder sur des poèmes de Wilhelm Müller. Dans cette odyssée crépusculaire où transparaissent solitude, gravité et pessimisme, l’âme dévastée du Voyageur est dévoilée dans sa plus tragique nudité.

La série Les Clés du classique nous fait découvrir les grandes œuvres du répertoire musical.

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Les extraits de Winterreise de Franz Schubert sont interprétés par Christoph Prégardien (ténor) et Michael Gees (piano). Ce concert a été enregistré à la  Cité de la musique, le samedi 08 juin 2013.

Retrouvez l'intégralité du concert sur Philharmonie à la demande.


Franz Schubert : Winterreise​​​​

Février 1827 : le moral de Franz Schubert est au plus bas. Gravement malade depuis plusieurs années, il connaît des périodes de dépression chronique et ne compose quasiment plus.  Ses amis s’inquiètent, à commencer par le poète Johann Mayrhofer : « la couleur rose s’était effacée de sa vie, l’hiver avait commencé pour lui ». À cette époque, Schubert découvre douze poèmes de Wilhelm Müller, publiés dans un almanach local sous le titre Winterreise - Voyage d’hi-ver. Très touché par les textes, reflets de son état d’esprit, d’une grande tristesse, Schubert décide de les mettre en musique.  

Ce n’est pas la première fois que la poésie de Müller inspire Schubert. Quatre ans plus tôt, il a composé un cycle autour de son recueil Die schöne Müllerin, La Belle Meunière. Dans Voyage d’hiver, il est aussi question d’errance et d’amour déçu, mais le climat est beaucoup plus sombre, aux accents désespérés… Le bonheur est illusoire, la joie n’est plus qu’un souvenir. Le héros est condamné à errer pour l’éternité, seul.  Quelques semaines après leur composition, Schubert présente ses douze lieder à ses amis réunis en petit comité. « Un cycle de lieder sinistres, dit-il, ils m’ont atteint bien plus profondément que ce ne fut le cas de mes autres lieder ». En entendant la voix émue du compositeur interpréter le Winterreise, ses amis sont bouleversés.   

La même année, vers la fin de l’été, Schubert découvre un volume de poèmes de Müller où Voyage d’hiver ne compte plus douze mais vingt-quatre textes. Aussitôt, il se lance dans l’écriture d’un deuxième cahier, malade, épuisé... C’est pourtant au cours de cette période de fièvre créatrice que Schubert écrira la plupart de ses chefs-d'œuvre : par exemple ses trios, sa Fantaisie pour violon et piano ou sa Symphonie en ré… Au total, compte donc vingt-quatre lieder, répartis en deux sections. La plupart des lieder sont écrits en mineur… Parmi les plus célèbres, Gute Nacht - Bonne Nuit, qui ouvre le cycle, mais aussi Einsamkeit - Solitude, point de bascule des deux parties, ou encore Der Leiermann -  Le Joueur de vielle. Le recueil offre aussi quelques lieder plus lumineux, comme Frühlingstraum - Rêve de printemps, écrit en la majeur ou Der Lindenbaum - Le Tilleul, dans la tonalité scintillante de mi majeur. Mais tous deux sont faussement porteurs d’espoirs puisque les doux souvenirs rappellent au narrateur son amour perdu… Après Voyage d’hiver, Schubert écrira encore un cycle de lieder, Schwanengesang - Le Chant du cygne. Il s’éteint le 19 novembre 1828, à l’âge 31 ans, un an seulement après l’écriture du Winterreise. Il laisse derrière lui près de 600 lieder. 

Charlotte Landru-Chandès

Charlotte Landru-Chandès  collabore à France Musique, La Lettre du Musicien et Classica. Elle conçoit des podcasts pour l'Opéra national de Paris et la Philharmonie de Paris.

Un podcast de Charlotte Landru-Chandès, réalisé par Taïssia Froidure. Une production Cité de la musique - Philharmonie de Paris.