Pour un très large public amoureux de la poésie de Renaud, cette chanson aura été le catalyseur d’une certaine prise de conscience politique.
Chanson emblématique de ce premier album et incontournable du répertoire, « Hexagone » est demandée par le public à chaque tournée, même si Renaud s’interroge à chaque fois sur l’opportunité de la chanter. Tout le monde s’accorde à dire qu'elle n’a malheureusement pas pris une ride. Les thèmes abordés sont plus que jamais en résonance avec la société actuelle et une actualité toujours plus folle : les dérives du pouvoir, la répression policière, la surconsommation, la pollution, les radicalisations droitières, la peine de mort qui séduirait encore… « Si l’roi des cons perdait son trône, / Y’aurait 50 millions de prétendants. » : quarante-cinq ans plus tard, l’Hexagone compte 17 millions de prétendants en plus et les consciences semblent n’avoir guère évolué.
En 1975, voilà que Renaud dégaine douze couplets pour chacun des mois de l'année, douze balles destinées à anéantir la bêtise de ses compatriotes. Tout le monde en prend pour son grade. Il en fallait de l’audace et du courage pour balancer un tel brûlot. La chanson sera d’ailleurs interdite d’antenne sur France Inter.
La chanson engagée sert-elle à quelque chose ? C’est l’éternel débat. Mais si la chanson ne change peut-être pas le monde, « Hexagone » aura été pour un très large public, amoureux de la poésie de Renaud, le catalyseur d’une certaine prise de conscience politique, une balise, une fondation dans notre construction personnelle.