Rencontre avec Johanna Copans, David Séchan et Gérard Lo Monaco qui nous proposent un parcours initiatique en forme de paysages, entre imaginaire musical et histoires vécues.
Renaud, c'est un chanteur social. Donc, il chante la vie des gens, ce qui fait que les gens s'attachent à lui, forcément. D'un côté, il y a une famille intellectuelle. Grand-père écrivain, traducteur. Grand-père professeur à la Sorbonne. Et de l'autre côté, tout le capital populaire, social d'un autre grand-père, d’une autre famille prolétaire, mineur à 13 ans. Tout le côté populaire. Donc, c'est un peu ce lien, cette rencontre entre ces deux cultures qui explique en partie l’œuvre de Renaud à la fois si sensible, littéraire poétique et très populaire. On a voulu faire un parcours qui ressemble à aucun parcours d'exposition sur les artistes. Un parcours qui ne soit pas purement chronologique ou biographique, et pas thématique non plus. Et donc, dans l’exposition, il y a une alternance entre des moments vraiment de réalité historique, sociale et familiale très forte, et des moments beaucoup plus imaginaires liés aux fictions musicales et à son imaginaire, son univers d'artiste. On a choisi délibérément d’exclure vie privée, people, etc. Il reste le Renaud créateur, celui qu'on aime, et son œuvre. 27 ans se sont passés depuis notre première rencontre en 1994 et 27 ans après, c'est vrai que j'avais une assez bonne connaissance de l'univers de Renaud. Quand est venu le moment de réfléchir à un parcours, à une organisation de l'espace, à un cheminement pour emmener les visiteurs de l’exposition, j’ai plutôt essayé de me sentir libre. Au début, c'était plutôt une idée d'une ambiance, de faire rentrer le public dans un lieu proche des décors de fête foraine. C'est vrai qu'il y a eu quelque chose que j'ai proposé à la Philharmonie qui a été accepté, qui était pour moi presque une condition, c’est de travailler avec des décorateurs de théâtre et que chaque décor soit peint à la main et non pas en reproduction numérique. L'objet, c'est de montrer toute une vie, une vie de chansons, une histoire autour de l'univers de Renaud. On est partis d'archives qu'il nous a gentiment confiées. Enfin, gentiment, ça a été compliqué. Mais j'ai réussi à remplir le coffre de la voiture de ses archives que j'ai amenées ici. Il y a eu un gros travail des services de la Philharmonie de Julie Benêt et de Claire Gerlach, qui ont trié, qui ont vraiment fait un travail formidable. Et on a extrait beaucoup d'archives, tant des manuscrits que des cahiers de chansons, des dessins de Renaud, des lettres, des fax, enfin, bref beaucoup de documents. Ça donne beaucoup de force au parcours. Absolument. Et ça va éclairer sur l'artiste, sur son œuvre et sur sa création.