Amorcé en 1977 et achevé en 2003, Licht (Lumière) est un cycle opératique qui échappe à tous les qualificatifs : au fil de ces sept opéras, dont la durée totale est de 29 heures, Karlheinz Stockhausen façonne un univers dans lequel il rejoue le grand combat du Bien contre le Mal.
Chaque partie du cycle est dédiée à un jour de la semaine, auquel correspondent une planète et les divers attributs issus de sa mythologie. L’ambition de l’ouvrage est véritablement démiurgique : Stockhausen compare la composition à la création d’un univers.
L’une des particularités de Licht est sa dimension pluridisciplinaire : chacun des trois personnages du cycle – Michael, Ève et Lucifer – est triplement incarné par un musicien, un danseur et un chanteur. Tout est consigné dans la partition : mise en scène, chorégraphie et costumes sont notés avec autant de précision que les parties instrumentales.
Ésotérique et poétique, alliant gigantisme et précision du détail, cette œuvre d’art totale constitue pour l’auditeur une expérience intense, qui ne laisse pas indemne.
Samstag aus Licht
Placé dans l’orbite de Saturne et sous l’influence de Saint François d’Assise, Samstag (Samedi) a pour protagoniste principal Lucifer, le « porteur de lumière ». Sur scène, cela donne un véritable flamboiement musical et visuel, propice à un émerveillement constant, au fil d’un spectacle émaillé de surprises et présenté en deux parties : la première à la Cité de la musique et la seconde à l’Église Saint-Jacques-Saint-Christophe.
Karlheinz Stockhausen / Samstag aus Licht
Enregistré le 28 juin 2019
Dienstag aus Licht
Dienstag (Mardi), associé à la planète Mars, celle de la guerre, est consacré à la relation conflictuelle entre Michael et Lucifer. Le premier est associé à la joie de l’enfance et à l’amour du temps humain, tandis que le second porte en lui le chaos et perturbe l’ordre naturel. Ces deux personnages-mélodies s’opposent dans un affrontement fraternel, cosmique mais avant tout musical, avec pour armes la mélodie, le rythme, le timbre, le geste et le mouvement du son dans l’espace.
Karlheinz Stockhausen / Dienstag aus Licht
Enregistré le 24 octobre 2020 (Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie)
Donnerstag aus Licht
Jour de Jupiter, Donnerstag (Jeudi) est dédié au personnage central de Michael, figure inspirée de celle de l’archange. Premier né du cycle, composé entre 1978 et 1980, l’ouvrage retrace la jeunesse et les voyages du héros et se termine par son retour au ciel. On y devine également, en filigrane, la genèse même du cycle opératique, ainsi que ses racines profondément autobiographiques.
Enregistré le 15 novembre 2021 (Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie)
Freitag aus Licht
Freitag (vendredi) est associé à Vénus, dont les qualités spirituelles sont le savoir et la raison. L’opéra met en scène Ève et Lucifer. Pour Stockhausen, c’est l’opéra de la tentation : tentation d’Ève par Lucifer, tentation d’utiliser le corps comme un instrument, tentation de transformer un son en un autre. Le compositeur s’intéresse particulièrement aux mouvements du son dans l’espace ainsi qu’à créer des « reliefs sonores mobiles ».
Karlheinz Stockhausen / Freitag aus Licht
Enregistré le 7 novembre 2022
Sonntag aus Licht
Composé entre 1998 et 2003, créé de manière posthume en 2011, Sonntag (Dimanche) est le dernier volet achevé du cycle. Associé à la valse des planètes autour du soleil, il porte une vision cyclique du temps que l’on retrouve dans le dénouement dramaturgique du cycle, l’union d’Ève et Michaël donnant naissance à un nouveau lundi : « Ainsi il n’y a ni fin ni commencement à la semaine. C’est une spirale éternelle. »
Enregistré le 20 novembre 2023