Durant la saison 2023-2024, la France organise plusieurs manifestations sportives au retentissement international, que la Philharmonie de Paris célèbre à travers une série d’événements. Athlètes, compétitions et matchs légendaires se croisent dans des propositions musicales d’une grande diversité.

Après sa première organisation de la Coupe du monde de rugby en 2007, l’Hexagone l’accueille pour la deuxième fois du 8 septembre au 28 octobre 2023. Pour la dixième édition de cette compétition créée en 1987, les débats semblent plus que jamais équilibrés entre nations de l’hémisphère sud (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Australie) et de l’Europe, Irlande et France en tête. Après avoir accédé par trois fois à la finale (un record!), cette dernière entend profiter de l’organisation sur ses terres pour une première victoire à laquelle travaille le sélectionneur Fabien Galthié depuis sa prise de fonction en 2020. Du côté des vingt équipes engagées, un premier objectif: négocier au mieux les matchs de poules afin de se qualifier pour la suite de la compétition. À la Philharmonie, chaque quart de finale est à vivre sous forme de match-concert: le match est diffusé sur grand écran et accompagné d’une bande-son éclectique jouée en direct par l’Orchestre Elektra. Pas question pour cet ensemble de 70 musiciens amateurs, qui doit son nom à un opéra de Richard Strauss, de se cantonner à des œuvres du registre classique ou contemporain puisque des thèmes de bandes originales de films, de la pop et de la chanson sont aussi retenus dans sa sélection au service du ballon ovale.

Côté ballon rond, la France a moins tergiversé. Le pays du coq s’est emparé de sa première étoile dès la première Coupe du monde de football qu’il a accueillie en 1998. Sous la houlette du sélectionneur Aimé Jacquet, les héros s’appelaient Laurent Blanc, Lilian Thuram, Bixente Lizarazu, Fabien Barthez, Didier Deschamps… et, bien sûr, Zinedine Zidane, leur meneur de jeu, qui deviendra l’un des plus grands footballeurs de l’histoire. Un génie tant technique que tactique, discret et humain. Personnage qui n’a pas attendu la fin de sa carrière pour devenir mythique, il a suscité l’admiration par-delà les frontières et la sphère du foot, comme en témoigne le film Zidane, un portrait du XXI^e siècle que lui ont consacré l’artiste plasticien Philippe Parreno et le vidéaste écossais Douglas Gordon en 2006. Ce documentaire tourné en temps réel, durant un match de championnat opposant le Real Madrid et Villarreal CF, dresse le portrait du footballeur. Suivi par dix-sept caméras haute définition, Zidane se détache tel un artiste au milieu du ballet que forment les deux équipes, délivrant humblement une passe décisive avant d’écoper d’un carton rouge en fin de match. Ces images d’une grande beauté dévoilent un sportif dans sa grandeur et sa solitude, et sont sublimées par une bande-son atmosphérique et envoûtante. Spécialement composée par le groupe post-rock écossais Mogwai, elle se fond avec les bruits du terrain, les coups de pied dans le ballon et les clameurs du stade Santiago Bernabéu. Une performance dans tous les sens du terme, pièce maîtresse de l’exposition qui emprunte son nom à ce documentaire qu’elle diffuse sur dix-sept écrans géants.

L'olympiade culturelle

En prélude à la tenue à Paris des Jeux Olympiques et Paralympiques, la Philharmonie organise du 25 mai au 30 juin l’Olympiade culturelle, une série de spectacles inédits et de performances fédératrices pour autant de ponts entre la musique et le sport. Autour du Quatuor Leonis et d’Antoinette Gomis, le spectacle Panenka rassemble musiciens, danseurs et freestylers autour du football. Des chœurs sont aussi à l’honneur. Ainsi Cantate 2024, où l’ensemble vocal Sequenza 9.3, mené par Catherine Simonpietri, s’inscrit dans une création d’Alexandros Markeas inspirée par les habitants de Seine-Saint-Denis. Par ailleurs, les chœurs EVE se réunissent pour un bilan de deux années de travail.

Autre création, le spectacle La Vie fantastique réunit deux-cent musiciens du dispositif de l’Orchestre Démos et quarante danseurs du groupe Grenade. Quant à La Victoire de Karima, de jeunes chanteurs et sportifs y rendent hommage à l’art de la boxe par la voix et le geste. Cet été 2024, riche en sport, est par ailleurs l’occasion de plusieurs expositions à la Philharmonie et à la Cité de la musique: Metal, En amour, Symfolia et la collection permanente du Musée aussi au diapason.

Enfin, la Philharmonie de Paris et l’Ensemble intercontemporain ont inauguré une résidence artistique et pédagogique. Intitulée Du terrain à la scène, elle a pour vocation de permettre à des classes de CM1, CM2, REP et REP+ de bénéficier d’une sensibilisation approfondie à la musique par le prisme du sport. Entourés de quatre compositeurs et compositrices, d’un chorégraphe et de solistes, les élèves donneront naissance à une création dont le concert est programmé le 31 mai 2024. Le sprint est lancé.