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Comment sont placés les instruments dans l’orchestre ?

Publié le 02 novembre 2017 — par Philharmonie de Paris

— orchestre - © Charles d'Hérouville

Pourquoi devez-vous vous tortiller pour apercevoir votre ami tromboniste, assis au fond, quand vous allez l’admirer à un concert ? Et s’il était devant, que se passerait-il ?

Les instruments de l’orchestre ont une place bien définie. Les violons avec les violons, les flûtes avec les flûtes. Pas question de se mélanger. Ce n’est pas par sectarisme, mais pour la cohésion des différents pupitres, la beauté du son, l’harmonie, les oreilles des auditeurs (et des musiciens…).

Aujourd’hui, dans une même salle et avec le même orchestre, il se peut que vous ne retrouviez pas la même disposition des instruments d’un concert à l’autre. Ce n’est pas par fantaisie mais par exigence du répertoire ou volonté du chef d’orchestre.

Plus d’instruments, plus de folie

Haydn (période classique) n’écrit pas pour le même orchestre que Wagner (période romantique). Question de style et d’évolution des instruments. L’orchestre baroque type était composé de cordes (violons, altos, violoncelles et contrebasses), de cuivres (trompettes et cors), de vents (flûtes, hautbois et bassons), de percussions (timbales) et d’un clavecin. Tout ce petit monde n’était pas dirigé par un chef d’orchestre mais par le claveciniste, le premier violon ou le compositeur, installé au milieu, devant tous les musiciens.

Au fil des époques, les styles musicaux évoluent, les instruments aussi. La période classique accueille les trombones et les clarinettes. Mais c’est au romantisme que l’on doit les orchestres les plus denses avec l’enrichissement des percussions (xylophone, grosse caisse, gong, tambour…), des vents (contrebasson, piccolo, clarinette basse…), l’arrivée de la harpe, du tuba… Des instruments qui, pour la plupart, existaient déjà mais n’avaient pas encore trouvé leur place dans les orchestres.

— orchestre - © Charles d'Hérouville
— orchestre - © Charles d'Hérouville

 

Qui va où ?

De même que les orchestres ont beaucoup évolué, le placement des instruments aussi. À la période baroque, on conservait souvent le même schéma : premiers violons à gauche, deuxième violons à droite, altos au milieu sur la gauche, violoncelles au milieu sur la droite. Et à l’arrière, de gauche à droite, on trouvait : hautbois, bassons, timbales, trompettes et contrebasses (ces dernières pouvant aussi être installées à gauche, derrière les premiers violons).

— Extrait de la Symphonie n° 5 de Beethoven par Les Siècles et François-Xavier Roth. De gauche à droite : violons I, altos, violoncelles, violons II.

La période classique suit le même schéma, auquel on ajoute les cors, placés au fond à gauche, à l’opposé des trompettes (et/ou trombones), qui sont très sonores. Cela permet de créer un équilibre que l’on retrouve dans toutes les familles. On ne place pas un violon à côté d’un tuba : ce dernier couvrirait son voisin.

Dans les orchestres modernes, les chefs (et les compositeurs) prennent des libertés. On peut placer des instruments très sonores comme les timbales ou des cuivres au premier rang pour obtenir certains effets, comme par exemple dans la Deuxième Symphonie de Dutilleux.

Enfin, parmi les cordes, de nombreux schémas sont possibles. La seule chose qui ne bouge pas, ce sont les premiers violons, toujours devant à gauche. À l’opéra par exemple, on trouve parfois toutes les cordes à gauche, mais ce sont toujours les premiers violons qui sont au premier rang.

— Extrait de la Symphonie n° 5 de Beethoven par l’Orquesta Sinfónica Simón Bolívar de Venezuela et Gustavo Dudamel. De gauche à droite : violons I, violons II, violoncelles, altos.

Finalement, sauf demande précise du compositeur, aucune règle ne contraint les chefs à organiser leur orchestre d’une manière particulière. Les positions des différentes familles d’instruments sont le fruit de données historiques, esthétiques et acoustiques, mais les préférences personnelles du chef peuvent également entrer en ligne de compte. Et il ne faut pas oublier que le placement du public importe beaucoup dans la perception du son. Si l’on est derrière les percussions, il se peut que l’on ne vive pas de la même manière une symphonie de Chostakovitch que si l’on est au premier rang à gauche !