Depuis son adolescence, Alexandre Tharaud entretient une relation intense avec l’œuvre de Barbara. Dans cette série de concerts, il laisse volontiers s’exprimer sa passion pour cette femme d’exception.
Pour moi, Barbara est extraordinaire. Elle fait partie de ces très rares auteurs-compositeurs-interprètes dont paroles, musique et interprétation sont d’une qualité égale. Elle travaillait énormément, triturait ses textes en tous sens et faisait preuve d’une même exigence pour ses musiques. Elle a mis par exemple dix ans à achever la chanson « Gauguin ». Elle pouvait passer par plein de chemins détournés avant de livrer une chanson au public et elle continuait ensuite de l’affiner sur scène, au fil des concerts, en retravaillant les mélodies en particulier. Ses mélodies sont très sophistiquées, ce qui rend ses chansons si difficiles à chanter. Elles étaient vraiment taillées sur mesure pour sa propre voix.
À travers ses chansons, j’ai le sentiment qu’elle nous dit : « Voilà ce que j’ai vécu. Alors, faites attention : protégez-vous. » C’est quelque chose de vraiment bouleversant. Barbara était aussi unique par sa présence scénique. Je n’ai retrouvé cet éclat magnétique chez aucun(e) autre interprète.
En travaillant ces derniers mois sur les différents projets de ce week-end hommage, j’ai l’impression de me rapprocher d’elle et de m’en éloigner tout autant ou, pour dire les choses plus exactement, j’ai l’impression de me rapprocher de Barbara mais de m’éloigner de ma Barbara. Ma Barbara, c’est celle que je suis depuis l’adolescence et qui, je crois, me suit aussi – ne serait-ce que parce qu’il y a des photos d’elle dans toutes les pièces de ma maison. J’ai un lien très intime avec cette Barbara, il m’est difficile de la partager et, au fond, j’ai hâte de me retrouver avec elle.
Propos recueillis par Jérôme Provençal