Dans cette série de podcasts, Sebastião Salgado nous transporte au cœur de la forêt brésilienne et fait entendre, de l'intérieur, les voix de l'Amazonie. Le photographe partage ses souvenirs, anecdotes et expériences, fruits de sept ans de voyage et de rencontres avec les communautés indiennes.
Forêt
Aujourd'hui, la forêt pluviale de l'Amazonie bénéficie d'une image presque romantique, celle d'un « paradis vert », au patrimoine naturel hors du commun, avec l'une des plus fortes concentrations de la planète en espèces botaniques, parmi lesquelles 16 000 essences d'arbres et d'innombrables plantes aux vertus médicinales remarquables. En outre, cette densité végétale sans équivalent permet à la forêt d'absorber les gaz à effet de serre et de rejeter de l'oxygène. Elle abrite des centaines de communautés autochtones, dont certaines n'ont à ce jour aucun contact avec l'extérieur.
Les cours d'eau apportent à ces communautés les principaux aliments riches en protéines. Mais elles ont appris à se tenir à distance des zones naturelles inondables, parfois envahies sur 100 km durant la saison des hautes eaux. Issue pour l'essentiel de la fonte des neiges et de la pluie des Andes, cette eau fait enfler le réseau hydrographique dès qu'elle atteint les plaines, entre avril et juin. Les crues qui en résultent rappellent en permanence qu'autrefois, la majeure partie du bassin amazonien était sous la mer.
Rivières
L'une des curiosités les plus extraordinaires - et peut-être les moins connues - de la forêt amazonienne est un phénomène désigné communément sous le nom de « rivières volantes ». Prenant leur source au-dessus de la jungle amazonienne, ces rivières aériennes chargées de vapeur d'eau parcourent une grande partie du continent sud-américain et charrient plus d'eau que le fleuve Amazone lui-même. Chaque jour, 17 milliards de tonnes d'eau se déversent du fleuve dans l'Atlantique; des scientifiques estiment que, dans le même temps, 20 milliards de tonnes d'eau montent vers l'atmosphère depuis la jungle : un phénomène qui vaut à celle-ci le nom d'« océan vert ».
Ces « rivières volantes » sont vitales pour le bien-être de dizaines de millions de personnes, surtout au Brésil. Elles perturbent les schémas météorologiques à travers le globe et sont elles-mêmes vulnérables aux effets de la déforestation et du réchauffement climatique. Les phénomènes amazoniens constituent une variable clé. Les scientifiques estiment qu'en raison de l'accélération de la déforestation et du changement climatique, la température au sol du bassin a déjà augmenté de 1,5°C et devrait encore croître de 2°C si les tendances actuelles persistent. De même, ils redoutent une baisse des précipitations annuelles de 10 à 20 % du fait du réchauffement de la planète.
Crédits :
0:10 : Territoire indigène Yanomami. État d’Amazonas, 2018.
0:42 : État d’Amazonas, 2019.
1:39 : Région de São Gabriel da Cachoeira. État d’Amazonas, 2009.
2:26 : État d’Amazonas, 2009.
3:20 : Rivière Jaú, parc national de Jaú. État d’Amazonas, 2019.
Photographies © Sebastião Salgado
Création sonore © Jean-Michel Jarre