Avant de devenir le huitième directeur musical de l’Orchestre de Paris en septembre 2022, le jeune chef finlandais occupera les fonctions de conseiller musical dès septembre prochain.
« Une telle justesse, une telle maîtrise à son âge, c’est à peine croyable ». On entend encore le compositeur finlandais Magnus Lindberg nous dire son admiration pour Klaus Mäkelä. Présent à Paris pour la création de son œuvre Shadow of the Future en juin 2019, il avait assisté au concert de l’Orchestre de Paris dirigé par son jeune compatriote, qui réunissait John Adams, Edvard Grieg et Dmitri Chostakovitch. Cette soirée marquait ses débuts avec la formation parisienne : Mäkelä était à peine âgé de vingt-trois ans ! En vérité, le jeune chef s’est déjà imposé partout, de part et d’autre de l’Atlantique. Faisant mentir l’idée selon laquelle les phalanges françaises rechignent à nommer des directeurs musicaux trop jeunes, c’est ce brillant sujet que l’Orchestre de Paris s’est choisi comme directeur musical pour succéder à Daniel Harding.
Prodige, Klaus Mäkelä, né en 1996 à Helsinki, l’est sans aucun doute. On ne se souvient pas avoir été aussi impressionné par un aussi jeune chef depuis notre premier concert avec Esa-Pekka Salonen (années 80) et Mikko Franck (années 2000), autres Finlandais formés à l’Académie Sibelius par le même Jorma Panula, et entendus eux aussi dans leur vingtaine – on sait quel chemin ils ont parcouru depuis. D’apparence classique et élégante, le garçon a un faux air d’Yves Saint-Laurent jeune (certains le voient aussi en jeune Chostakovitch). Il paraît surtout dépourvu des défauts qu’on observe parfois chez les jeunes chefs : le geste est précis, expressif, empreint d’une autorité naturelle, dépourvu de toute affectation. Suscitant avec aisance une image sonore harmonieuse et équilibrée, il dévoile une maturité artistique sans commune mesure avec l’âge de ses artères. Mais Mäkelä est aussi violoncelliste, formé par Marko Ylönen, Timo Hanhinen et Hannu Kiiski. On l’a entendu dans cet habit en mars 2020 à Radio France, partageant le Sextuor « Souvenir de Florence » de Tchaïkovski avec son aîné norvégien Truls Mørk et des musiciens du Philharmonique de Radio France. Souriant, se fondant dans le groupe en parfait chambriste, alors qu’il avait dirigé l’orchestre deux jours avant dans un programme Debussy, Salonen et Sibelius. Il chante, aussi, chose courante dans les pays du Nord. Convenez qu’un tel personnage a tout pour attiser la curiosité.
Klaus Mäkelä va tenir les rênes de l’Orchestre de Paris pour une nouvelle phase de son histoire. Dans un premier temps (de septembre 2020 à août 2022), le jeune homme occupera le poste de Conseiller musical. Car – on se le dispute, vraiment – il a aussi été nommé en 2019 Chef principal et Conseiller artistique de l’Orchestre philharmonique d’Oslo, avec prise de fonction effective en août 2020, pour une durée de sept ans (il est aussi directeur artistique du Festival de Turku, entre autres). Il ne deviendra le huitième directeur musical de l’Orchestre de Paris qu’en septembre 2022, pour une durée de cinq ans. Ce qui signifie qu’il doit dès maintenant jongler avec la programmation de deux formations au profil comparable. Ce qui ferait peur à des musiciens plus « capés » ne semble pas lui poser problème. Ce qui dénote une grande maîtrise, une capacité considérable de travail et un authentique panache. Il l’a aussi prouvé en dirigeant à Oslo une très impressionnante Neuvième de Beethoven. C’est précisément avec Beethoven (la Septième) et le Ravel du Tombeau de Couperin qu’il visite à nouveau la Philharmonie le 9 juillet pour le premier concert post-déconfinement qui marque le retour du public. La nouvelle ère est déjà une réalité tangible, riche de futurs exaltants.