Dans le cadre de l’exposition MMM, le photographe Martin Parr évoque sa collaboration avec Matthieu Chedid, expérience hybride, à mi-chemin entre le sonore et le visuel.
Quoi de mieux qu’un concert pour inaugurer l’exposition MMM ? Un face-à-face en chair et en os pour célébrer la rencontre de deux univers singuliers, aux origines aussi diverses qu’éloignées. Matthieu Chédid, musicien français de 44 ans. Martin Parr, photographe anglais de vingt ans son ainé. MMM pour Matthieu aime Martin. Mais aussi pour Martin aime Matthieu. La musique de l’un a rencontré les images de l’autre lors des Rencontres d’Arles en 2015. Le plus créatif des chanteurs français trouvait dans le plus décalé des photographes britanniques « un mélange d'esthétisme, de dérision, de bienveillance et de tendresse. » Une description qui colle aussi parfaitement au rock’n’roll et à la pop kaléidoscopiques et colorés de Matthieu Chédid, un monde sonore visualisable au possible et que l’intéressé lui même ne cesse de mettre en scène graphiquement.
Ensemble, leur création est logiquement à voir et à entendre. Martin Parr, brillant satiriste de la vie contemporaine et figure centrale du monde de la photographie contemporaine, monte d’abord sur scène pour raconter son travail, évoquer son processus créatif qui ne ressemble à aucun autre. Une conférence en quelque sorte mais, comme toujours lorsqu’il s’agit de Martin Parr, une conférence pas comme les autres…
Sur des arrangements sonores de son ami et collaborateur de longue date Pierre Boscheron, Matthieu Chédid, guitare au poing, vient ensuite improviser sur les centaines de photographies du Britannique projetées sur grand écran. Une projection-concert, un diaporama à entendre, un hommage aux allures d’expérience hybride, happening hors des clous pour mieux appréhender ce rendez-vous artistique entre les deux hommes. Synthétiseurs, claviers, machines, percussions et batteries, –M– déroule sa bande-son protéiforme et instrumentale qui permet d’apprécier différemment le défilé des photographies, parfois rares, piochées dans l’œuvre vaste et hétéroclite de Martin Parr.
Des images en couleur, mais aussi celles en noir et blanc de ses débuts. Photos d’hier et d’aujourd’hui. Ouvertement décalées ou naïvement poétiques. Surtout, la partition inédite interprétée ici par Chédid et Boscheron, déroule une impressionnante palette de textures, d’ambiances et de mélodies. Comme une symphonie très électrique aussi bien planante qu’inattendue, vibrante ou percussive, envoûtante ou juste poétique. Une véritable expérience sensorielle durant laquelle –M– accouche d’une vibration, d’une succession de vignettes musicales traduisant en sons les émotions provoquées par les photos. Des sons éclectiques comme le sont ses influences, de Jimi Hendrix à Pink Floyd, en passant par David Bowie et toutes sortes de musiques électroniques expérimentales. De cette union inattendue entre Matthieu Chedid et Martin Parr est née une partition à quatre mains, aussi originale que les œuvres des deux mariés.