Philharmonie de Paris - Page d'accueil

Saison 4 - Épisode 1 - L'enfant et le petit nuage

Publié le 04 octobre 2023 — par Blandine Iordan

C’est une histoire de vœu. Un vœu secret dans la tête de l’enfant. Cet enfant a la peau brune et le regard d’un prince indien. Entre les quatre murs de sa chambre d’hôpital, il s’ennuie. La chambre est vide, les journées sont longues.

Conte-moi la musique est une série de podcasts pour les 3-8 ans.

Avec Conte-moi la musique, retrouvez des histoires fabuleuses, drôles et poétiques, imaginées à partir des instruments du Musée de la musique.

Écoutez ce podcast sur Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts ou Spotify.


Mais ce jour-là, l’enfant saute de joie,  il y a la visite du  ! L’homme est vêtu d’un beau costume queue-de-pie, il rentre dans la chambre, fait une profonde révérence. Il soulève son chapeau et il en sort un lapin. Un lapin que l’enfant connaît bien, c’est son doudou. Voilà un beau foulard rouge.

— C’est celui de maman, je reconnais son parfum !
— Celui-là est spécialement pour toi ! c’est ton cadeau.
— Oh ! comme c’est beau !


Un petit nuage…un petit nuage bleu transparent s’envole du chapeau, joufflu, dodu, avec une petite bouche ronde.

Le petit nuage se met à flotter dans la chambre, à virevolter au-dessus du lit, il monte, il monte, il se cogne au plafond, le voilà qui retient ses larmes.

Alors l’enfant le prend dans ses bras.

— Ne pleure pas, tu as juste une drôle de bosse.

Il caresse les côtés du petit nuage, doux comme du coton.  Sous ses doigts, le ventre de petit nuage prend la forme d’un huit, avec une bosse sur le côté. Son cou s’allonge.
— Toi tu me chatouilles, s’exclame la petite bouche. Et les voilà qui rient tous les deux.

— Un nuage-guitare ! Quelle merveille !

L’enfant se met à jouer.

— Moi, je préfère être un nuage-violon ! Attrape mon archet si tu peux !

Et le petit nuage se sépare en deux, voilà un nuage-baguette, tout fin, qui zigzague dans la chambre. L’enfant monte sur son lit, il saute. « Attrapé ! »

De l’autre main il cueille la deuxième moitié de nuage par les épaules.
— Tu as vu comme j’ai maigri ? tu peux me tenir sous ta tête, comme un oreiller !
Dans les bras de l’enfant, le nuage-archet caresse le nuage-violon.
 

Le rideau se met à danser à la fenêtre, un petit vent frais entre dans la chambre.
— Allez, on va prendre l’air, je vais te présenter la famille !
L’enfant voit passer dans le ciel de gros nuages blancs.
Petit nuage se met à enfler, enfler, il grossit, il grandit, il est devenu aussi grand qu’un cheval avec des ailes. Le petit garçon monte sur son dos. Ils s’envolent ensemble dans le bleu du ciel. L’enfant rit. Il est au milieu d’un grand troupeau de nuages blancs poussés par le vent. Petit nuage prend la forme d’une roulotte, une roulotte avec un petit garçon assis à l’avant qui tient les rênes.

— Plus vite, plus haut !
La roulotte saute au-dessus d’ un nuage-mouton, un peu plus loin elle double un nuage-baleine

— Djala michto ? ça va bien ?
— So keres !

L’enfant se régale les yeux. En dessous d’eux, on voit les champs, on dirait qu’ils sont cousus les uns aux autres, verts, jaunes, marrons. L’enfant reconnaît la route, le campement, le village.

Petit nuage descend. Mais soudain il rencontre un grand nuage noir de fumée, l’odeur les saisit à la gorge, Petit nuage s’approche, on entend des cris, au feu, au feu…
De grandes flammes  sont en train de dévorer la boutique d’antiquités. Les femmes, les hommes, les enfants, tous font la chaîne pour éteindre l’incendie.

Alors l’enfant s’écrie :

— La pluie, petit nuage, la pluie !
Haut dans le ciel, tous les nuages se rassemblent. Ils se tassent, deviennent de plus en plus sombres. Petit nuage prend la forme d’un parachute et doucement, il ramène l’enfant sur la terre.

— Au revoir, petit !
La pluie tombe à verse maintenant, une lourde pluie d’été, jusqu’à éteindre le feu complètement.

— Hourra ! Tout est sauvé ! Mouillé et sauvé !, a crié l’homme en sortant de sa boutique.

— Comment te remercier, petit ? Tu es tombé du ciel !

Un instant, l’homme a disparu dans sa boutique à moitié brûlée et il en ressort une guitare à la main.

— C’est mon cadeau, petit, prends-en bien soin.
L’enfant a serré sa guitare contre lui. Il a couru, couru jusque chez lui, au campement. Tout le monde s’était inquiété, alors imaginez la joie de le retrouver !
— Je vais tout vous raconter…

L’enfant s’est assis avec sa guitare tout contre lui. Dans les rayons du soleil couchant, un grand troupeau de nuages blancs est passé.

Alors la guitare a commencé à chanter...

Blandine Iordan
  • Conte écrit et raconté par Blandine Iordan
  • Jaafar Aggiouri : clarinette, guitare
  • Blandine Iordan : violon
  • Musique : Nuages, Django Reinhardt
  • © Cité de la musique - Philharmonie de Paris