Conte-moi la musique est une série de podcasts pour les 3-8 ans.
Avec Conte-moi la musique, retrouvez des histoires fabuleuses, drôles et poétiques, imaginées à partir des instruments du Musée de la musique.
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Le Dagda possédait une harpe magique. Cette harpe, on l’avait taillée dans le bois d’un chêne sacré. Seul le roi musicien était capable d’en jouer et d’utiliser ses pouvoirs magiques. Si quelqu’un d’autre essayait, c’était tout simplement impossible. Il pouvait bien tirer de toutes ses forces sur les cordes, celles-ci ne produisaient aucun son. Seuls les doigts du Dagda savaient les faire vibrer.
Un jour, le roi s’absenta pour une longue journée de chasse. À son retour, il trouva sa cité dévastée. Des maisons avaient brûlé, des gens étaient blessés. Ses soldats, couverts de sang, lui dirent : « Ô Roi, ce sont les fomoires qui ont fait ça. Ces barbares sont descendus des collines noires, ils ont pillé la ville et surtout, ils ont volé ta harpe magique. »
Le roi leur répondit :
— Je vais la chercher. Vous, reconstruisez les maisons.
Ses hommes voulurent le retenir :
— Ô Roi, les fomoires sont grands et forts comme des géants. Il faudrait réunir tous les guerriers d’Irlande pour en venir à bout. Laisse-nous au moins t’accompagner.
D’un geste de la main, le Dagda les fit taire :
— Ma harpe n’a besoin que de moi.
Et il s’en alla en suivant les traces de pas que les fomoires avaient laissé derrière eux. Ces traces le conduisirent à travers la forêt jusqu’au flanc des collines noires. Là, il entendit des cris qui résonnaient à l’intérieur d’une caverne :
— Maudite harpe ! Comment fait-elle pour nous résister ? Nous sommes dix à tirer sur les cordes, et elles ne bougent pas d’un poil. Allons chercher ce maudit Dagda et obligeons-le à nous révéler son secret !
Le roi musicien était à cinquante pas de leur caverne, il sourit en les entendant. Puis il prit une profonde inspiration et tout en soufflant lentement, il remua délicatement ses doigts comme s’il jouait sur les cordes de la harpe. L’air vibra subtilement. Cette vibration se dirigea comme une flèche invisible jusque dans la caverne. Le Dagda sentit alors les cordes de son instrument sous ses doigts. Il pouvait maintenant les pincer à distance.
Dans la caverne, la harpe se mit à jouer toute seule. Les fomoires en étaient bouche bée. Mais quel prodige ! La mélodie que jouait le Dagda entra dans leurs oreilles et très vite leur fit tourner la tête. Les brutes se mirent à danser lourdement, en titubant, comme s'ils avaient bu des centaines de litres de vin. Ils se tamponnaient les uns les autres en riant comme des idiots. Au bout d’un moment, ils s’écroulèrent à terre et s’endormirent en ronflant comme des ours.
Alors le Dagda pénétra dans la caverne. Il prit place devant sa harpe et joua une berceuse.
— Dormez, fomoires, dormez. Dormez, fomoires, dormez. Dormez pendant cent ans.
Puis il reprit le chemin de sa cité avec sa harpe dans les bras. Quand il y arriva, les habitants en le voyant sautèrent de joie. Ils firent une immense ovation à leur roi et la fête commença. Elle dura, dit-on, plus d’un mois !